Le réseau "Bouge ta Boîte" prend de l'ampleur à Roubaix
Le réseau national de femmes dirigeantes "Bouge ta Boîte" s'est lancé dans un tour de France début mai. Sa directrice s'est arrêtée dans la région pour rencontrer les membres du cercle de Roubaix. L'occasion de revenir sur l'intérêt de cet entraide entre femmes entrepreneures, notamment en ces temps de crise.
C'était la troisième étape
d'un tour de France composé de 11 arrêts. Julie Bodin, directrice
du réseau de business féminin «Bouge ta Boîte», s'est rendue à
Roubaix le 25 mai dernier. L'objectif : sillonner les routes
après la crise sanitaire «car nous sommes convaincues que la
relance sera plus efficace si elle est paritaire».
Le choix de s'arrêter à
Roubaix relève à la fois de la stratégie et du clin d’œil :
«Le cercle de Roubaix-Tourcoing a été créé juste après notre
dernier Tour de France, alors que nous passions à Lille en 2019.
Cette année, nous avons fait le choix de ne plus nous arrêter dans les
grandes métropoles mais à côté, là où il y a aussi de l'activité
économique», informe la directrice.
Un échange d'énergies
et de bons conseils
«Bouge ta Boîte» rassemble 1 700
dirigeantes en France, dans plus de 85 villes via 110 cercles. Celui
de Roubaix rassemble pour le moment une dizaine d'indépendantes.
Mais les rangs devraient bientôt s'agrandir tant les candidatures
fusent. «Le cercle est une manière de mettre tout le monde sur
le même pied d'égalité et de symboliser la réciprocité dans les
services rendus entre nous», introduit Julie Bodin.
Les activités de chaque membre sont
diverses, allant des métiers du BTP au digital, en passant par le
bien-être. Tout comme les profils, allant de 32 à 61 ans, avec
beaucoup de femmes en reconversion qui ont eu «une, deux, voire
trois vies avant de se lancer dans l'entrepreneuriat». «Il
n'y a pas de critère à l'entrée, hormis la motivation et l'énergie
que l'on peut s'offrir l'une l'autre», complète Aurélie
Berlemont, thérapeute et boosteuse du cercle local.
Vu de l'extérieur, l'objectif de «Bouge
ta Boîte» est de promouvoir la place des femmes dans l'économie «On
veut leur donner de la visibilité et montrer que les femmes, elles
aussi, peuvent être à la tête d'entreprises qui créent de
l'emploi, rappelle Julie Baudin. L'enjeu est aussi de donner
des modèles. Seul 1% des patrons sont des femmes médiatisées en
France. Or nos entrepreneures ont besoin de s'identifier», non
pas seulement à des dirigeantes de multinationales, mais aussi à
des femmes telles que Mélissa
Laurent,
Angélique
Lecanu
et Aurélie
Berlemont,
les trois «bougeuses» roubaisiennes qui étaient présentes pour
l'occasion.
Mais une fois à l'intérieur, les
cercles sont principalement un lieu d'entraide entre femmes
entrepreneures. Tous les vendredis midis, les bougeuses roubaisiennes
se retrouvent pour faire le point sur leur activité, se remotiver
entre elles et répéter leurs pitchs.
«Quand on est seule, le nez dans nos problèmes, on ne voit pas les possibilités autour. Le cercle permet de nous donner un regard extérieur, souvent plus positif», témoigne Aurélie Berlemont.
Les membres peuvent partager leurs
problématiques, profiter des compétences de chaque membre, et ce, même à l'échelle nationale, grâce au réseau social interne de
l'association : «le workplace ».
Parmi les difficultés auxquelles ces
entrepreneures sont confrontées se trouvent des freins mentaux : «Les
femmes ont l'impression de devoir toujours donner plus d'énergie que
les hommes pour s'imposer, et d'être plus opportunistes». Mais
aussi financiers : «Seuls 50% des femmes entrepreneures osent
demander un crédit, et seuls 12% d'entre elles en obtiennent,
cite Julie Bodin. Les autres
financent leurs projets en fonds propres, ce qui explique qu'elle
créent un projet en fonction d'un budget et pas l'inverse. Nous
voulons les inciter à voir grand, et les aider à aller
chercher les aides financières là où elles sont, auprès
d’institutions par exemple...»
Ce qui mène souvent au succès : «Etre là pour se soutenir quand il y a des larmes de tristesse, c'est important. Mais être là pour les larmes de joie, ça l'est aussi», sourit Aurélie Berlemont.