Le renouveau d'Arpège formation face à la crise
La dispense de formations continues n'a pas été épargnée par la crise que traversent tous les secteurs d'activité cette année. Axelle Merlot, directrice générale d'Arpège formation, témoigne de son adaptation face à la situation.
Voilà
plus de 30 ans qu'Arpège formation apporte son expertise aux
stagiaires de gros groupes en France. Née à Hazebrouck, cette
entreprise est à présent à basée à Lille. Et jusqu'à récemment,
sa centaine de formateurs sillonnait la France pour aller à la
rencontre de stagiaires.
A
l'arrivée d'Axelle Merlot à la tête d'Arpège il y a trois ans, ce
fonctionnement a dû être aménagé. «Ces trois dernières
années n'ont pas été faciles,
avoue-t-elle. Tout a commencé en 2018 lorsque nous avons
subi la réforme de la formation : il y a eu une sorte de creux
juridique en 2019, nos clients attendaient d'en savoir plus sur le
remboursement des frais avant d'investir dans la formation de leurs
salariés. Puis a eu lieu la crise des cheminots, qui a impacté nos
formateurs puisque nous devions nous déplacer chez nos clients, et
qu'à l'époque nous ne faisions que du présentiel...» C'est
donc dès 2019 que la directrice a compris qu'il fallait se lancer
dans le blended learning. Une manière d'anticiper la chute du dernier
couperet : celui de la Covid-19 et de ses diverses restrictions
sanitaires.
Passage à 95% en
e-learning
«Nous
avons mis du temps à digitaliser nos formations, mais il faut dire
que nos clients n'ont pas adhéré tout de suite au concept.
Il a fallu faire preuve de pédagogie pour les convertir à leur tour
aux avantages du numérique.»
D'autant
que les enseignements d'Arpège ne sont pas toujours adaptables à
distance. Les clients de l'organisme sont des acteurs de l'économie
sociale et solidaire, tels que des mutuelles, des bailleurs sociaux ou encore des professionnels du monde médico-social et de la santé.
«Aujourd'hui, 95% de notre
offre est adaptée à distance, mais nos formations sur le
toucher-massage ou sur l'entretien ménager pour les gardiens
d'immeuble ne sont pas du tout envisageables de cette manière»,
témoigne la directrice.
Gestion du stress, posture… les
formations ne font pas seulement appel à un savoir-faire
pratico-pratique mais touchent aussi au management et au développement
personnel : une approche assez atypique qu'Axelle Merlot cherche
à cultiver. «Tout est fait pour que l'apprentissage soit
agréable : nous préférons proposer des demi-journées
d'atelier à la carte, adaptées à chaque collaborateur, avec des diagnostics personnalisés, plutôt que des journées entières de
formation. Nous travaillons aussi sur le dynamisme, la mise en
situation...»
Cette réorganisation a été inspirée
par la propre expérience de la dirigeante : «Avant
d'arriver à la tête d'Arpège, j'ai d'abord été cliente du centre
de formation en tant que directrice de la Mutualité française
Pas-de-Calais. J'ai été de l'autre côté, je sais donc ce que nos
stagiaires recherchent.»
L'année
dernière, 2 500 personnes ont été formées par Arpège. Depuis le 6
avril, les formations interentreprises ont été initiées pour
toucher encore plus de monde : «C'était important de se
lancer. Nous formons par exemple des référents 'harcèlement moral',
mais nous savons qu'il n'y en a souvent qu'un par entreprise. Il est donc intéressant de tous les rassembler pour dispenser nos
modules.»
Pour aller plus loin dans sa démarche de formation, Arpège envisage l'organisation des webinaires et de "Facebook Live" qui viendront compléter des newsletters déjà existantes. L'objectif : avoir une continuité dans le suivi des stagiaires et créer une communauté d'apprenants.