Le président de la République a salué le monde social

Le secteur social et médico-social est sans doute le plus gros employeur de France. Il est composé d’une multitude de structures associatives dont 25 000 sont réunies dans l’UNIOPS.

De gauche à droite, Patrick Kanner, président du Conseil général du Nord, Dominique Balmary, président de l'Uriopss et Françis Calcoen, président de l'Uniopss Nord-Pas de Calais.
De gauche à droite, Patrick Kanner, président du Conseil général du Nord, Dominique Balmary, président de l'Uriopss et Françis Calcoen, président de l'Uniopss Nord-Pas de Calais.
D.R.

De gauche à droite, Patrick Kanner, président du conseil général du Nord, Dominique Balmary, président de l'Uriopss, et Francis Calcoen, président de l'Uniopss Nord-Pas-de-Calais.

Depuis que l’Uniopss − Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux − existe (c’est-à-dire depuis 1947) et qu’elle tient congrès tous les trois ans, ce n’était jamais arrivé. Les congressistes ont donc été particulièrement touchés par le geste de François Hollande venu clôturer leurs trois journées de travail à Lille Grand Palais. Lille, confirmant ainsi leur importance dans la vision de la politique sociale de l’Etat.

Le monde associatif est, en effet, un des acteurs majeurs de la politique sociale et médico-sociale. L’Uniopss réunit dans 23 fédérations régionales des Uriopss, une centaine de fédérations qui regroupent 25 000 établissements et emploient 750 000 salariés. C’est dire l’importance économique de ce secteur qui réunit des établissements de soins, de santé ou à vocation sociale, aussi variés que des maisons de retraite ou Ehpad, des instituts médico-éducatifs, des instituts d’éducation motrice par exemple.

 

Un monde multiforme. Ces établissements interviennent auprès des personnes âgées, des jeunes, des exclus, bref dans tous les champs du secteur social et médico-social. Ce sont 1 400 congressistes qui ont participé aux travaux lillois de ce 31e congrès. Entre les plénières, 13 ateliers ont permis d’explorer divers champs de réflexion ou de se pencher sur les préoccupations de terrain. Ainsi a-t-on parlé du handicap, des personnes âgées, de l’enfance, de la jeunesse, des exclusions, de l’Europe, de la vie associative, du droit du travail, de l’emploi et des relations humaines, du travail social, de la coopération, mais aussi, évidemment, des finances et de la tarification. Car si tous les organismes fédérés sont sans but lucratif, si le bénévolat est de règle dans leur fonctionnement, il est évident que le personnel soignant ou éducatif est salarié et que les services ont un coût supporté par le patient ou les financeurs. Le monde de l’entreprise rejoint forcément celui du social qui est une donnée économique à part entière, à la fois parce qu’il a un coût mais aussi parce qu’il fournit de l’emploi.

 

Coconstruction. A Lille, le congrès de l’Uniopss a trouvé un partenaire de choix dans le conseil général du Nord et son président Patrick Kanner, un spécialiste de la politique sociale, auteur de L’Ecrit d’alerte, un livre consacré au sujet, paru en avril dernier et toujours d’actualité.

Pour Dominique Balmary, le président national, «ce congrès est un moment de réflexion, de témoignage et de partage quand le tissu social se déchire face au problème du chômage, des soins et de la santé des jeunes. La cohésion sociale se délite.» Ces réflexions furent donc au centre des travaux du congrès où des chercheurs et des décideurs ont aidé à identifier les enjeux. Le président de la République, accompagné de quatre ministres, est donc venu à la rencontre de ce cénacle d’associations, d’universités et de collectivités.

Francis Calcoen, le président nordiste, a souligné combien les enjeux généraux se retrouvent «dans le Nord-Pas-de-Calais, touché de plein fouet par les transformations économiques et sociales. L’action sociale a une dimension territoriale très forte qui oblige à avancer avec les partenaires. Entre les ARS et les conseils généraux, le monde associatif est directement impliqué. Nous ne sommes pas des opérateurs mais des coacteurs.»

Patrick Kanner va encore plus loin en parlant «de coconstructeurs». Pour le président du Conseil général, «ces thématiques sont essentielles dans la période charnière de la décentralisation. Les nouvelles compétences peuvent sembler intéressantes mais ne seront rien sans le partenariat. Le secteur associatif n’est pas l’exécutant mais doit participer à la réflexion. Il faut des conventions d’objectif entre les Uriopss et les conseils généraux. Les Uriopss sont une parole essentielle dans la construction des politiques publiques. Il faut une logique nationale car personne ne peut le faire au plan local. Il faut une humilité par rapport à la charge».

 

Etude de l’opinion. Le congrès de l’Uniopss a été aussi l’occasion de présenter un sondage réalisé par CSA pour la Macif, partenaire de l’Uniopss. La question était de connaître la vision qu’ont les Français de la solidarité dans le contexte, de savoir si elle était toujours une valeur essentielle. Subsidiairement, les enquêteurs ont voulu savoir si la solidarité publique devait toujours être développée et quels sont les acteurs auxquels les Français font confiance.

Cela ne surprendra pas d’apprendre que la solidarité est une valeur en baisse dans un contexte d’angoisse générale, trois Français sur quatre pensant qu’un de leurs proches peut tomber en situation de précarité, tandis que la notion d’Etat-providence s’estompe. Cette crise de confiance bénéficie aux associations qui recueillent 67% d’indice de confiance, tout juste devant les initiatives individuelles (61%). Ce qui n’empêche pas une majorité de Français de considérer  que les dispositifs de protection sociale pour les plus démunis restent une priorité des pouvoirs publics.

Division des opinions en revanche quand il s’agit de savoir si la solidarité doit être organisée collectivement ou laissée à l’initiative de chacun. Ainsi, 46% souhaitent que la solidarité soit avant tout une contribution de l’ensemble de la population organisée par les pouvoirs publics alors que 42% estiment que la solidarité doit être une contribution individuelle laissée à l’initiative de chacun.

M. Balmary commente en constatant que la baisse de la notion de solidarité tient plus à la baisse de confiance dans les institutions, tandis que les 16 millions de bénévoles du secteur montrent la notion de proximité. Le sondage montre aussi que les Français ne veulent plus du discours sur l’assistanat. Tout le monde a été d’accord à ce congrès pour dire qu’il faut une loi de programmation, une loi globale sur le social car les problèmes sociaux dépassent la pauvreté et l’exclusion pour inclure une quantité de problématiques comme le handicap ou les personnes âgées. Et Patrick Kanner de conclure que le financement des allocations universelles est insuffisant et qu’il faut trouver une solution pérenne. 

 

 

L’Ecrit d’alerte de Patrick Kanner − Editions Territorial, 130 pages, 30 € − librairie.territorial.fr