Le président de la FFB, Olivier Tommasini, se fait plus pressant

A maintes reprises, Olivier Tommasini, président de la Fédération française du bâtiment Nord-Pas-de-Calais, a prévenu : une baisse de l’activité sur fond de crise, des taxations supplémentaires pénalisant les PME du BTP et donc l’emploi auraient des conséquences désastreuses. Alors que le 19 juin cette mise en garde est réitérée mais cette fois avec une extrême fermeté, le conseil général du Nord annonce qu’il va sélectionner une vingtaine de grands projets dans la construction et les travaux publics.

La concurrence étrangère est déjà très active dans la maison individuelle, ici dans le Hainaut français.
La concurrence étrangère est déjà très active dans la maison individuelle, ici dans le Hainaut français.

 

La concurrence étrangère est déjà très active dans la maison individuelle, ici dans le Hainaut français.

La concurrence étrangère est déjà très active dans la maison individuelle, ici dans le Hainaut français.

Dans sa déclaration d’intentions, le nouveau président de la FFB avait privilégié un dialogue franc et concret avec les élus. Il se trouve que Patrick Kanner avait lui aussi, en juin 2011, clairement affiché ses intentions : faire de l’habitat et du logement une priorité. S’il y a aujourd’hui sur la forme convergence d’attitudes dans le dialogue, sur le fond Olivier Tommasini reste pessimiste sur la voie empruntée par le nouveau gouvernement et ses effets sur le monde du bâtiment. Et, c’est nouveau, il durcit le ton…

Innovation sociale dans l’habitat. Voilà exactement un an, le conseil général du Nord s’est donc fixé des objectifs en matière de construction au nom de “l’équité des territoires, la mise en place d’actions spécifiques en zones rurales, et la mise à disposition de logements accessibles socialement et physiquement à tous”. Il lance donc le même jour que la énième mise en garde du président de la FFB Nord-Pas-de-Calais une vaste opération en deux temps. D’abord un appel à projets puis l’élaboration d’un plan départemental de l’habitat qui doit être adopté à la rentrée 2013.
Les projets qui sont sollicités sont une vingtaine au nom de “l’innovation sociale dans l’habitat pour le Nord”. Ils sont, en cas d’acceptation, financés par le Département. Sont visés les communes et EPCI, les organismes HLM, les opérateurs immobiliers et les associations sur cette thématique. Il s’agit de “créer une dynamique autour de ces projets dans les communes de moins de 3 500 habitants, faire émerger de nouvelles pratiques et savoir-faire en matière d’habitat et assurer une cohérence des politiques publiques”. Que ce soit dans le neuf ou l’existant, trois directions sont indiquées aux acteurs de terrain : construction ou remise en état dans le logement à vocation sociale ou de mixité (public ou privé) en milieu rural ou en priorité dans les communes de moins de 3 500 habitants ; innovation forte toujours dans le neuf ou en réhabilitation, en matière de développement durable, surtout vers les personnes en difficulté ; réhabilitation et utilisation des bâtiments existants, notamment communaux et agricoles.

Des décisions gouvernementales inquiétantes. Le résultat des élections législatives à peine proclamé, Olivier Tommasini a ressorti son bâton de pèlerin pour demander au gouvernement et au Parlement de bien peser le poids de leurs décisions prochaines, surtout en matière fiscale et sociale. Dans l’un des plateaux de la balance, le président met les 70 000 emplois du BTP régional et ses 13 000 entreprises. Sur un fonds d’activité “sans lisibilité depuis 2008” en matière de développement, de trésoreries parfois exsangues, de réduction des délais de paiement “qui ne profitent qu’aux fournisseurs” alors que “ni les clients ni les donneurs d’ordre public ne les appliquent”, les dépôts de bilans s’accélèrent tandis que les banques et les assurances ne prennent plus part aux opérations jugées “risquées”. “Aujourd’hui, estime le président, il n’est plus possible à la FFB d’en faire plus pour maintenir l’emploi et l’activité. (…) Il ne nous reste plus d’autre choix que de réduire les effectifs afin d’adapter l’outil de production à la taille du marché !” Il pointe du doigt les intentions du gouvernement avec le coup de pouce au Smic alors que les prix sont déjà bas dans le bâtiment, les 27 milliards de plus qui seraient prélevés sur les entreprises via les hausses de cotisations retraite, sécurisation des parcours professionnels, précarité, pénibilité etc., et qui feront encore chuter les marges.

De multiples pressions. Mais il nomme aussi d’autres facteurs négatifs. “Le gouvernement et les politiques locaux, éloignés du monde de l’entreprise, semblent n’avoir aucune conscience de la réalité du terrain vécue au quotidien par les entrepreneurs.” Sans oublier “les pressions sur les prix audelà de toute raison, des exigences qualitatives maximales, des délais d’exécution déraisonnables et surtout l’absence de respect pour les efforts constants et parfois pour les prouesses réalisées”. La pression sur les prix serait telle que “certains maîtres d’ouvrage nous condamnent à disparaître faute de pouvoir équilibrer nos comptes !”. Le danger se résume à des délocalisations, l’effondrement de la formation et la disparition de l’outil de production, puis par une pression de la concurrence étrangère “à main-d’oeuvre à bas coût qui posera bientôt des éléments préfabriqués réalisés loin d’ici”. Olivier Tommasini dénonce aussi des maîtres d’ouvrage toujours plus âpres au gain, des entreprises contraintes dorénavant “à l’emploi low cost pour des travaux payés à vil prix”.
Il demande donc un vaste plan de relance de la construction correspondant à l’engagement de François Hollande sur 500 000 logements par an durant son mandat. Il appelle aussi à une politique volontariste en matière de réhabilitation et à une autre attitude des maîtres d’ouvrage, c’est-à-dire qu’ils privilégient le mieux-disant pour aider les entreprises régionales à encore investir, former et recruter. Et conseille à ses adhérents d’agir pout tout mettre en oeuvre pour leur sauvegarde.