Le port de Boulogne-sur-Mer en vitrine à Agadir

Premier port de pêche français en tonnage de poisson débarqué, Boulogne-sur-Mer a exposé le savoir-faire de ses entreprises, de ses collectivités et de ses organismes de formation, à Agadir, à l'occasion la 3e édition d’Halieutis, du 17 au 20 février.

Pêcheurs boulonnais et lorientais à la découverte des ports d'Agadir et d'Essaouira.
Pêcheurs boulonnais et lorientais à la découverte des ports d'Agadir et d'Essaouira.
Pêcheurs boulonnais et lorientais à la découverte des ports d'Agadir et d'Essaouira.

Pêcheurs boulonnais et lorientais à la découverte des ports d'Agadir et d'Essaouira.

Le lieu n’est pas neutre. La région Souss Massa Dra à laquelle appartient Agadir est considérée comme le plus grand pôle industriel de valorisation des produits de la mer au Maroc. Premier pays producteur et exportateur du continent africain, le Royaume pêche 1,24 million de tonnes de poisson : essentiellement des espèces pélagiques (sardine, anchois, maquereau, 980 000 tonnes), puisque les eaux abritent 80 % du stock mondial de sardines, mais aussi du poisson blanc (80 000 tonnes) et des céphalopodes (40 000 tonnes). Le secteur, qui compte 170 000 emplois directs, représente environ 3 % du PIB marocain et 10 % des exports. La consommation par habitant de produits de la mer s’élève à 12 kg par an. Le Maroc compte 397 entreprises de transformation, dont 84 à Agadir : 47 conserveries, 34 semi-conserveries, 183 unités de congélation, 58 unités pour le poisson frais, 15 usines de farine de poisson et 60 autres industries. L’Office national des pêches a vu ses attributions élargies en août 2014. C’est cet opérateur global qui organise la commercialisation des produits, le développement de la pêche côtière et artisanale, ainsi que la gestion opérationnelle des différentes activités des ports de pêche.

Accompagné du député-maire de Boulogne Frédéric Cuvillier, qui a mis son carnet d’adresses ministériel à la disposition de la délégation, les 15 Boulonnais réunis à l’initiative de la Mission Capécure 2020 ont fait leur marché sur le stand commun ou dans les travées du Salon.

Président du pôle de compétitivité Aquimer, l’ancien armateur boulonnais Jean-Baptiste Delpierre connaît bien Agadir : le pôle français a signé un partenariat en 2012 avec son homologue marocain Agadir Haliopole. “Notre partenaire a identifié trois thématiques prioritaires : la valorisation des produits, les biotechnologies et la modernisation de la flotte, explique-t-il. Concrètement, nous devons être retenus prochainement, dans le cadre d’un appel d’offres, pour une mission de valorisation de leurs pélagiques.”

Boulogne est aussi intéressée par les souhaits des Marocains de mieux valoriser leurs coproduits de poisson. Le gisement des déchets valorisables en alimentation humaine et non exploités est estimé à 280 000 tonnes. Jusqu’à présent, le centre de valorisation des produits de la mer de l’Institut national de recherche halieutique n’a commencé à travailler que sur la méthanisation des jus de cuisson de sardine, l’extraction de collagène natif et de la chitine des écailles ou la désacidification d’oméga 3.

De même, Vincent Coatanéa, directeur du Centre de formation des produits de la mer et de la terre (CFPMT), et Alain Caillier, directeur du service pêche à la CCI Côte d’Opale, proposent leurs expertises.

Business et visites de terrain. Directeur adjoint du lycée maritime de Boulogne-Le Portel, Olivier Specque, qui a rencontré le responsable marocain des formations maritimes, a noué des contacts Nord-Sud dans l’optique du futur lycée maritime international prévu sur le port de Boulogne mais aussi de “l’année climat”. Anne-Claire Laurent (Socarenam) vante la construction navale boulonnaise, aussi bien chez les professionnels de la pêche qu’auprès de la Marine royale. Thierry Sartorius (Hydrelis) diffuse son process d’économie d’eau aux entreprises de transformation, fortes consommatrices, tandis que Stéphane Hénard (responsable de l’aquariologie à Nausicaà) pioche des idées en vue de l’extension en 2018 du grand Nausicaà. Enfin, Florent Delepierre recherche du sourcing en poisson pélagique pour alimenter la conserverie Delpierre Mer et Tradition à Hesdin-l’Abbé.

D.R.

Agadir, l'un des principaux ports de pêche du continent africain.

Pendant que le business se poursuit sur les stands du Salon, les artisans pêcheurs partent à la découverte des ports de pêche d’Agadir et d’Essaouira, des criées, des villages de pêche côtière et des points de débarquement aménagés par l’Office marocain des pêches. Ainsi, le jeune Etaplois Richard Caloin, qui s’apprête à tester la senne sur le “chalutier du futur” du programme ARPEGE, est attentif, tout comme ses collègues du port de Lorient, à toutes les évolutions techniques. Pêcheurs de tous pays savent s’unir.