Le plus grand squat de France, au sud de Paris, évacué, avant les JO

A 100 jours des Jeux olympiques, le plus grand squat de France - qui a abrité jusqu'à 450 migrants, en situation régulière pour la plupart selon les associations - a été évacué mercredi...

Des forces de l'ordre font évacuer aux migrants le squat de Vitry-sur-Seine, le 17 avril 2024 dans le Val-de-Marne © EMMANUEL DUNAND
Des forces de l'ordre font évacuer aux migrants le squat de Vitry-sur-Seine, le 17 avril 2024 dans le Val-de-Marne © EMMANUEL DUNAND

A 100 jours des Jeux olympiques, le plus grand squat de France - qui a abrité jusqu'à 450 migrants, en situation régulière pour la plupart selon les associations - a été évacué mercredi matin dans la banlieue sud de Paris.

Dès 08H00 quelque 250 membres des forces de l'ordre, selon la préfecture du Val-de-Marne, ont été déployés sur les lieux pour procéder à l'évacuation de ce squat occupé depuis mai 2021. L'opération qui s'est déroulée dans le calme s'est achevée vers 14H00. 

Prévenus que leur expulsion était imminente, une partie des sans-abris qui avaient trouvé refuge dans cette entreprise désaffectée de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) avaient quitté les lieux les jours précédents. 

Ils étaient encore 300 mercredi matin rassemblés dans la cour, une valise à la main pour transporter les effets de toute leur vie en France.

Parmi eux, une majorité d'hommes seuls, mais aussi des femmes accompagnées d'enfants. 

Ils ont expliqué vivre depuis plusieurs années pour certains dans ces locaux insalubres, faute de trouver un logement dans le parc privé ou parce qu'ils sont en attente d'un logement social. 

Mercredi, il se sont vu proposer par les autorités des relogements provisoires en Ile-de-France ou en région, comme à Bordeaux ou Orléans, à l'issue d'un rapide diagnostic de leur situation familiale et administrative. 

La députée LFI Mathilde Panot était sur place.

Selon l'association United migrants, qui leur apporte régulièrement son aide, 80% d'entre eux sont en situation régulière en France.

Des expulsions depuis un an

A Vitry-sur-Seine, derrière les vitres miroir du bâtiment de plusieurs étages, les occupants avaient installé des lits et des matelas par terre jusque sous les escaliers et dans les couloirs faute de place. 

Le long de murs décrépis pendent des fils électriques, tandis que des douches rudimentaires fonctionnent à l'eau froide.

"Ce n'est pas que je suis content d'être là, mais je vais aller où ?", s'interroge Mohammed Sayed, qui y vivait depuis trois ans. Cet Erythréen, qui a le statut de réfugié et travaille dans la maintenance électrique à Eiffage en CDI, n'arrive pas à trouver un logement.

Selon Paul Alauzy, qui travaille pour Médecins du monde, cette nouvelle évacuation est liée aux Jeux olympiques (26 juillet - 11 août). "Cela fait un an qu'on assiste à des expulsions et les squats évacués restent toujours vides", dit-il à l'AFP. 

A cent jours des JO, "on expulse (des squats: ndlr) des Tchadiens, des Soudanais, des Erythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers: des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d'appartements. La seule solution reste le squat" puisque ces personnes travaillent en Ile-de-France, ajoute-t-il.

Autrefois siège d'une entreprise d'autobus, le bâtiment de Vitry-sur Seine a été progressivement investi par des personnes délogées d'autres squats d'Ile-de-France. 

Il y a un an, les autorités avaient évacué l'ancien siège désaffecté d'Unibéton sur L'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à proximité du futur village des athlètes de JO de Paris où vivaient 500 migrants. 

En juillet, 150 autres personnes qui avaient trouvé refuge dans une maison de retraite abandonnée à Thiais (Val-de-Marne) avaient également été expulsées.

Ali, homme de ménage à Disneyland, avait raconté, lors de son expulsion d'un précédent squat, en Seine-Saint-Denis, avoir été envoyé par les autorités en car près de Toulouse par erreur. Ce réfugié soudanais était revenu quelques jours plus tard en région parisienne, pour poser ses valises au squat de Vitry-sur-Seine, faute de mieux, afin de pouvoir continuer son travail.

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