La Gazettescope
Le plaisir de lire... simplement
C’est une bonne nouvelle. Depuis la crise pandémique, le nombre de librairies en France a doublé. Un phénomène qui concerne les cœurs de villes moyennes et les territoires ruraux. La Gazettescope se laisse inspirer cette semaine par cette unique sensation d'ouvrir un livre papier et d'en tourner les pages...
Souvenons-nous. C’était il y a trois ans. Dans la sidération et l’apeurement étatique, collectif et individuel face au choc de la pandémie qui nous tombait dessus tel un couperet, la vie économique du pays s’arrêtait, nos rues se désertaient et nombre de commerces de proximité tiraient rideau. Par une expression bien inélégante, beaucoup étaient répertoriés «commerces non essentiels». C’était oublier dans l’urgence du moment ce qu’ils apportent en termes d’interaction sociale et de services aux populations sur les territoires. Parmi «les sacrifiés», les librairies indépendantes. C’est ici une activité qui, contre toute attente, a tenu le coup mieux que prévu durant la crise sanitaire, poussée par la vente en ligne.
Un secteur dynamique
Selon les Syndicat de la librairie française (SLF), les ventes en ligne sont passées de 2 à 3 % du chiffre d’affaires du libraire à 6 et 7 %. Alors, trois ans après, on saura heureux d’apprendre cette bonne nouvelle en cet avant printemps. Déjà, parce que c’est une bonne nouvelle, et que dans le climat moribond actuel et les incertitudes économiques, ce n’est pas du luxe. Elle émane du Centre national du livre (CNL). Le métier de libraire attire de plus en plus d’entrepreneurs. En 2022, 142 librairies ont été créées en France. Un record. Dans le même temps, le nombre de fermetures n’a pas augmenté et reste limité. Le solde ouvertures fermetures est de 115 créations nettes. En moyenne, depuis 2017, le rapport est de 3,3 ouvertures pour une fermeture. Au dernier recensement, on compte quelque 3 500 établissements de ce type en France, dont 141 en Grand Est et 19 en Moselle (12 à Metz, 2 à Thionville, 1 à Ars-sur-Moselle, 1 à Château-Salins, 1 à Sarrebourg, 1 à Bouzonville et 1 à Sarreguemines).
Un lieu repère
Depuis six ans, une ouverture sur deux l’a été dans une commune de moins de 15 000 habitants et une sur quatre dans une de moins de 5 000 habitants. Les nouveaux libraires affichent un intérêt pour s’installer dans certaines zones rurales et dans des communes limitrophes de métropoles. Au niveau législatif, une loi adoptée il y a deux ans tend à réduire la concurrence sur les frais de port avec les géants de l’e-commerce, en fixant un prix plancher. Concrètement, cela signifie que les frais d’envoi par les libraires n’iront pas au-delà de 3 €. Un envoi par La Poste revient au minimum à 7 € quand Amazon arrive à proposer des livraisons pour seulement 0,01 centimes d’euro, grâce à ses partenariats logistiques. La librairie indépendante reste ancrée dans nos traditions. Alors, on préférera aisément les conseils de libraires à ceux d’un algorithme : c’est leur métier et leur passion. Une manière aussi de favoriser l’économie locale, de prendre soin de l’environnement en achetant dans un commerce de proximité - un achat en ligne a une empreinte carbone non négligeable -. Et, surtout, c’est l’argument numéro un. Pour se faire plaisir, car les librairies de quartier demeurent un endroit unique au monde quand on aime les livres. Pourquoi s’en priver ?