Le Pays de Sarrebourg mise sur l’économie circulaire

«Favoriser les projets de collaboration inter-entreprises en vue de limiter l’utilisation des ressources de matières premières, valoriser les déchets et soutenir les recrutements», c’est l’ambition de départ de la communauté de communes Sarrebourg Moselle Sud. Marqué par le savoir-faire historique lié au textile, ce territoire souhaite relancer et moderniser sa culture industrielle. Alors, en 2021, quand Mephisto fait connaitre son envie de travailler sur les chutes de cuir condamnées à l’incinération, la dynamique d’économie circulaire déjà engagée s’accélère. L’enjeu était alors d’inventer un système pour récupérer, valoriser et transformer ces déchets. À terme, ce sont 4,5 tonnes par mois qui seront valorisées. «On avait alors ce rêve de créer une activité nouvelle et de vendre les produits conçus», explique Sabrina Roitel, en charge de la démarche d’écologie industrielle et territoriale de Moselle Sud. Au printemps 2022, un bureau d’études a été missionné pour un état des lieux. Les partenaires ont décidé d’élargir la mission en valorisant également les chutes de tissus de Steelcase et en mettant en place des groupes de travail autour des différentes étapes de ce projet d’économie circulaire ambitieux et innovant : production, commercialisation et formation.

Réunion de restitution avec l’ensemble des partenaires impliqués. © CCSMS

Formation, recherche et pédagogie en ligne de mire

Dans ce dossier, la collectivité s’est rapprochée d’une société d’insertion pour intégrer des personnes éloignées de l’emploi et les former au métier de la couture industrielle. L’organisme Entraide emploi Industrie a rejoint l’aventure. La quatrième apprentie vient d’ailleurs d’être recrutée pour intégrer le cursus de 24 mois de formation. En parallèle, une encadrante technique a été recrutée. «On est en phase de structuration. À l’heure où le Pays de Sarrebourg connait le plein emploi, il est de plus en plus difficile de recruter. Les personnes vont donc gagner en compétences avec la possibilité de faire évoluer les pièces du catalogue : passer d’objets simples comme des porte-clefs fabriqués à base de chutes de matières premières à d’autres objets plus élaborés», confie Andy Kimenau-Fetter, chargé de mission économie circulaire au sein de l’intercommunalité. Achats durables, réemplois mais pas seulement. Une nouvelle interrogation se pose autour des chutes ultimes. Le projet s’appuie désormais sur la recherche et l’innovation autour du développement d’une nouvelle matière avec un adjuvant biosourcé menées en partenariat avec une start-up allemande et la recyclerie de Nancy. Subventionnée par l’Ademe, cette recherche est portée en 2024 par le Centre d’essais textile Lorrain (Cetelor) basé à Épinal. «Notre souhait est que cette matière soit réintégrée aux panneaux dans l’ameublement. L’initiative vise clairement à recréer des emplois non délocalisables», affirme Sabrina Roitel. Dernier volet, la dimension pédagogique avec un partenariat signé avec la mini-entreprise du collège de la vallée de la Bièvre d’Hartzviller afin de sensibiliser les jeunes à l’économie circulaire. «Avec ce projet innovant et pionnier, nous montrons que la collectivité peut être un moteur et un acteur qui fédère», se réjouit Roland Klein, le président de l’intercommunalité. Si 2024 est une année de structuration, tous espèrent que cette association laissera place dès 2025 à une véritable société : ultime étape visée.

A.M

Échantillon réalisé par le Centre d’essais textile Lorrain à Épinal en 2023. © CCSMS