Le nouveau président du directoiredéfinit ses objectifs
Trois mois après son arrivée à la tête de la Caisse d’Epargne Nord France Europe, Alain Denizot se montre d’ores et déjà très précis quant à ses objectifs : continuer à réveiller le fonds de commerce dormant que constituent les titulaires d’un seul livret A. Mais aussi mieux exploiter les relais de croissance qu’offrent la gestion de patrimoine et la clientèle des entreprises.
Tirer profit du socle constitué en octobre 2007 par la fusion des trois caisses d’épargne de la région en un établissement unique pour amplifier le développement de ce dernier. C’est l’objectif que s’assigne Alain Denizot, président, depuis un petit peu plus de trois mois, du directoire de la Caisse d’Epargne Nord France Europe ( CENFE ), ainsi qu’il vient de nous le confier lors d’un entretien.
Des trois mois passés à faire connaissance avec l’établissement, l’intéressé retire la conviction que celui-ci dispose de nombreux atouts pour se poser en rival des plus grandes banques régionales. A commencer par sa puissance. Un réseau de 258 agences, plus de 2.200 collaborateurs, 2,25 milliards d’euros de fonds propres et 20 milliards de total de bilan, énumère-t-il. Ces données font de la CENFE la 5e caisse du groupe par ordre d’importance, un établissement deux fois plus important que la Caisse d’Epargne de Picardie, qu’Alain Denizot dirigeait auparavant, et lui confère les moyens de se rendre incontournable dans la région où il exerce son activité.
Pour concrétiser ce potentiel, le nouveau patron de la CENFE entend d’abord persévérer dans le réveil du fonds de commerce dormant que constituent encore les 1,5 clients de la banque seulement titulaires d’un livret A. Pour ce faire, il a décidé de prolonger le “plan rouge” lancé par le groupe lors de la banalisation de cette forme d’épargne. Des collaborateurs de la caisse appellent les titulaires d’un seul livret A, pour récréer une communication avec eux, et ont le plaisir de se voir très rarement mal accueillis. Objectif : augmenter d’au moins 10.000 unités par an le stock des 500.000 clients déjà bancarisés de l’établissement, de 30 à 40.000 en jouant sur l’intégralité des produits qu’il diffuse.
Outre ce renforcement de la clientèle de particuliers, Michel Denizot entend également mieux exploiter certains relais de croissance. La gestion patrimoniale tout d’abord, en formant des chargés d’affaires spécialisés en la matière, qui pourront s’appuyer dans leur mission sur l’image de confiance que la banque donne à ses clients, sa proximité avec eux ainsi que sur les compétences de la banque privée du groupe, la Compagnie 1818.
Mais le relais que le dirigeant bancaire semble le plus décidé à exploiter, c’est celui de la clientèle des entreprises, de la PME grand groupe. Pour ce faire, il est en train de bâtir une “task force” sous forme de groupes de cinq à six personnes, rattachés à un patron unique et installés à différents endroits de la région, qui auront pour mission de conforter le portefeuille clients de la banque dans ce domaine. A échéance de cinq ans, son objectif est de porter de 500 à 1.000 le nombre de clients réalisant au moins 1,5 million d’euros de chiffre d’affaire annuel. “La crise offre une opportunité, explique Alain Denizot, celle de prendre la place d’établissements qui se sont quelque peu dégagés de ce marché, comme cela est le cas en Picardie.”
Pour atteindre ces objectifs, le président du directoire de la CENFE veut d’abord s’appuyer sur ses collaborateurs. Par conviction : “Je crois beaucoup en l’intelligence et au bon sens des gens”, indique-t-il. Mais aussi par raisonnement : “Dans la banque, comme dans toutes les activités de service, c’est l’engagement des individus qui fait la différence.”
C’est pourquoi, Alain Denizot veut développer l’esprit d’initiative de ses collaborateurs. En leur donnant un peu plus d’autonomie dans le cadre des règles qui régissent leurs activités. Mais aussi en simplifiant l’exercice de leur métier. Grâce à une fluidification des procédures auxquelles ils sont soumis. Grâce également au développement des relations entre membres du personnel à l’échelle de structures d’exploitation à taille humaine, de manière à permettre à l’un d’eux, en butte à une difficulté, de trouver l’expert qui l’aidera à la résoudre.
Une telle ambition ne va pas sans un effort de formation accru malgré une politique déjà très active en la matière ( cinq fois le minimum requis ). C’est ainsi qu’Alain Denizot prévoit de former sur trois ans 300 à 350 responsables d’équipes pour leur permettre d’améliorer leurs capacités à manager les hommes. Avec une politique de ressources humaines offrant au plus grand nombre, notamment aux femmes, des possibilités d’évolution et de promotion, c’est, à ses yeux, le prix à payer pour attirer les talents et les retenir dans l’entreprise.