Le nouveau "plan loup" décrié par les écologistes et les éleveurs

A peine dévoilé lundi par le gouvernement, le nouveau "plan loup" à horizon 2024-2029 a été jugé "inacceptable" par les défenseurs du prédateur, mais aussi...

Le gouvernement a dévoilé à Lyon les grandes lignes de son "plan loup" 2024-2029, censé assurer une meilleure protection des troupeaux © Jason Connolly
Le gouvernement a dévoilé à Lyon les grandes lignes de son "plan loup" 2024-2029, censé assurer une meilleure protection des troupeaux © Jason Connolly

A peine dévoilé lundi par le gouvernement, le nouveau "plan loup" à horizon 2024-2029 a été jugé "inacceptable" par les défenseurs du prédateur, mais aussi vivement critiqué par les éleveurs.

Censé représenter un "tournant" vers un "meilleur équilibre" entre protection des troupeaux et conservation de cette espèce menacée, ce texte doit remplacer un précédent plan arrivant à expiration à la fin de l'année.

Sa présentation par la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes aux membres du Groupe national loup (GNL), une instance consultative rassemblant représentants du monde agricole, élus, bergers, chasseurs, espaces protégés, administrations et associations de protection de la nature, s'est déroulée à huis clos à Lyon, dans un climat tendu.

Le plan, très technique et dont certains éléments restent à finaliser, prévoit notamment un volet de prévention et de gestion des attaques avec un accompagnement amélioré des éleveurs. La possibilité leur est désormais donnée d'utiliser du matériel de vision nocturne pour repérer l'animal sans avoir à l'"éclairer", comme cela était requis jusqu'ici.

Il prévoit en outre une refonte de l'actuel système de "comptage" du loup -en réalité une estimation établie par l'Office français de la biodiversité (OFB) à partir d'indices (traces, hurlements, analyses génétiques, etc.)-, jugé "très performant mais difficile à comprendre". 

Un nouveau système devra être élaboré avec pour objectif de ne publier "qu'un seul chiffre par an", contre deux actuellement. Un travail est également en cours sur le statut des chiens de protection postés dans les alpages. 

Après avoir un temps disparu en France, le loup est réapparu au début des années 1990 en traversant les Alpes depuis l'Italie, et ses rangs ont progressivement grossi, au grand dam des éleveurs qui ont déploré plus de 12.000 bêtes attaquées en 2022.

Le nombre de Canis lupus arpentant le territoire a été estimé début septembre à 1.104 individus. Jusqu'à 209 loups peuvent être abattus en France cette année, soit le quota de 19% autorisé.

Si le loup reste à ce stade strictement protégé en France, le nouveau plan "étudiera la viabilité du loup au-delà du territoire français afin d’envisager une adaptation du statut de l’espèce au niveau européen sur la base scientifique de son état de conservation".

Chèvre" et "chou

Pour les six associations de défense de l'environnement -France Nature Environnement (FNE), Ferus, Humanité et diversité, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l'Association de protection des animaux sauvages (Aspas) et le Fonds mondial pour la nature (WWF)-, le plan est tout bonnement "inacceptable".

"Nous avons annoncé notre retrait définitif du Groupe national loup", a indiqué à l'AFP Jean-David Abel, représentant de la FNE, au nom de ce collectif. "Cette instance consultative n'a plus aucun sens. Ce n'est pas nouveau que l’Etat écoute (les syndicats agricoles) FNSEA, FNO (Fédération nationale ovine, NDLR) et les chambres d’agriculture, mais à ce niveau-là de déséquilibre, on s’est dit +on sert à rien+ donc il faut que l'Etat assume ça".

"Leur départ est regrettable. La porte reste ouverte et les contacts se poursuivront. Le processus de consultation va se poursuivre", a réagi la préfecture sollicitée par l'AFP.

Côté éleveurs, pourtant censés être les principaux bénéficiaires de ce "rééquilibrage", les réactions ne sont guère plus enthousiastes.

Le plan, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier, "entérine le statu quo et la détresse des éleveur·euses pour les 5 prochaines années", s'insurge la Confédération paysanne, pour qui le "décalage est béant entre ces annonces et les attentes et besoins des éleveur·euses face à la prédation".

"L'Etat essaie de ménager la chèvre et le chou et il ne fait que des mécontents", a déclaré de son côté à l'AFP Claude Font, secrétaire général de la FNO en charge du dossier prédation.

"On s'attendait à quelque chose de plus ambitieux en faveur de l’élevage", a-t-il souligné, estimant que "la seule avancée porte sur les protocoles de tirs". 

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