Le Nord-Pas-de-Calais sorti du transmanche
La cour suprême britannique, plus haute juridiction du Royaume, a suivi l'autorité de la concurrence (CMA - Competition Market Authority) en confirmant l'interdiction faite à Eurotunnel de faire naviguer ses bateaux. Après la fin de l'aventure de MyFerryLink en juillet dernier et la location des Berlioz et Rodin au concurrent DFDS Seaway, les marins de la coopérative SeaFrance espéraient pourtant garder le fréteur Nord-Pas-de-Calais et sauvegarder ainsi 130 emplois. La douche est froide...
C’était inéluctable malgré le faible espoir qu’entretenaient les anciens salariés de la SCOP SeaFrance qui avaient accepté l’arrêt du blocage des navires d’Eurotunnel l’été dernier contre une sortie de crise sauvegardant leurs salaires et requalifications, notamment dans le cadre d’une nouvelle société exploitant le Nord-Pas-de-Calais. Tout est tombé à l’eau avec la décision de la Cour suprême britannique qui a suivi les multiples décisions de la Competition Commission qui barrait la route à Eurotunnel depuis plus de deux ans. C’est donc la fin de l’aventure maritime d’Eurotunnel qui aura finalement baissé pavillon. Jacques Gounon l’avait dit lors d’une assemblée générale du groupe : “Le monde maritime est un milieu fermé. Personne ne nous y a invité…” Il restait pourtant un peu d’espoir le 15 mai dernier, quand la cour d’appel avait déjugé la CMA, cette dernière soutenant le scénario selon lequel Eurotunnel cédait ses actifs à DFDS… C’est la SCOP des ex-marins de SeaFrance qui avait obtenu ce jugement en continuant le combat juridique. Mais la direction d’Eurotunnel avait préféré suivre la piste DFDS, ce même concurrent que l’opérateur ferroviaire avait coiffé au poteau, au printemps 2012, pour la reprise des navires de SeaFrance le Rodin, le Berlioz et le fréteur Nord-Pas-de-Calais.
“MyFerryLink avait prouvé sa capacité à offrir un service concurrentiel“. Le 2 juillet dernier, DFDS et Eurotunnel signaient le contrat de location alors que les marins et sédentaires de la SCOP bloquaient les Rodin et Berlioz. L’occupation allait durer plus de deux mois avant que gouvernement, salariés de la SCOP, élus locaux, direction d’Eurotunnel et DFDS (qui disait vouloir reprendre un peu plus de 200 personnes) se mettent d’accord. Le Nord-Pas-de-Calais avait été dérouté vers Dunkerque afin de se mettre à l’abri. Les ports de Dunkerque et Calais ainsi que le tunnel avaient connu quelques perturbations durant l’été. Le Nord-Pas-de-Calais était alors resté entre les mains d’Eurotunnel qui espérait pouvoir l’exploiter avec 130 salariés issus de la SCOP. Las ! Groupe Eurotunnel (GET) “regrette vivement cette décision, car MyFerryLink avait prouvé sa capacité à offrir un service concurrentiel (prenant notamment plus de 10% du marché fret et passagers en moins de trois ans). Groupe EuroTunnel met en vente son dernier navire“. Pourtant, celui-ci approche les 30 ans d’âge et ne semble pas constituer une bonne affaire. Dans les multiples négociations qui avaient ponctué l’été 2015, il avait été proposé de le céder aux salariés pour l’euro symbolique…