Le mouvement HLM réclame des aides pour le neuf
En réaction au plan de relance national annoncé par le Gouvernement, l'Union régionale pour l'habitat Hauts-de-France s'est réunie afin d'élaborer une liste de propositions censées sauver les entreprises du BTP et venir en aide aux populations défavorisées. Selon l'organisation, les réhabilitations de logements sociaux sont certes nécessaires, mais insuffisantes. Le création de lots neufs serait la solution la plus efficace pour relancer l'économie dans le secteur du bâtiment.
A la satisfaction des bailleurs, la rénovation des logements sociaux est inscrite au plan de relance national présenté le 3 septembre dernier par Jean Castex : 500 millions d’euros seront consacrés à la réhabilitation du parc social.
En région, le besoin est particulièrement important puisque 26% de logements sociaux ont une étiquette E,F, voire G, contre 20% en France métropolitaine. «La crise sanitaire a démontré l’importance du foyer. Imaginez ce qu’ont vécu les mal-logés alors qu’on nous demandait de rester cloîtrés chez nous (…). Les inégalités sanitaires ont été mises en lumière», souligne José Gulino, représentant de l’URIOPSS (Union régionale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux).
Demandes de logement sans réponse
L’Union régionale pour l’habitat Hauts-de-France regrette cependant qu’aucune mesure ne soit prise pour aider la production de logements sociaux neufs.
Bien que les Hauts-de-France soient la deuxième région la plus pourvue en logements sociaux (580 000) après l’Île-de-France, 181 500 demandes de logement étaient encore en attente, fin 2019, dans la région (42% étaient déjà des locataires HLM).
Pour pallier ce désagrément, le mouvement HLM, qui regroupe une trentaine d’acteurs économiques et associatifs du secteur, a annoncé huit propositions, déclinées en 53 actions, pour remédier à trois urgences : écologique et sociale donc, mais aussi économiques.
Huit propositions, 53 actions, 8 milliards d’euros
«Accélérer de 20% les réhabilitations thermiques et de 20% la production de logements ou hébergements en PLAI (prêt locatif aidé d’intégration)», «simplifier les conditions de justifications de ressources pour les sans-abri et sortants d’hébergement», «privilégier le dialogue local et la confiance entre partenaires pour faire avancer les projets bloqués»… Si l’ensemble de ces mesures sont appliquées, elles pourraient injecter jusqu’à 8 milliards d’euros sur trois ans dans la filière du BTP de la région (au lieu de 1,4 milliards d’euros par an en rythme de croisière, hors ANRU, ERBM et autres programmes spécifiques).
De l’emploi à sauver
«Les bailleurs sociaux sont des partenaires essentiels de la relance économique sur le territoire ; 20 000 emplois directs et indirects sont générés en région dans la filière du bâtiment chaque année. Ce qui porte le secteur dans le top 5 des employeurs en Hauts-de-France», appuie Jean-Louis Cottigny, président de l’Union régionale pour l’habitat Hauts-de-France. Le rôle d’amortisseur social et économique lui tient particulièrement à cœur. «Nous ne devons pas faire d’économies, mais plutôt investir dans le logement social pour dessiner l’avenir», continue-t-il. «A force de ne plus délivrer de permis de construire, les financeurs et collectivités réduisent le nombre de chantiers, ce qui se traduit par la suppression d’emplois et fait tomber des entreprises entières. La MEL et le sud de l’Oise ne répondent plus aux demandes des plus fragiles alors qu’elles sont toujours plus nombreuses», complète Philippe Depasse, président de la Fédération des promoteurs immobiliers. En 2020, 2 500 logements ont été créés dans le SCOT de Lille. Soit 1 500 de moins qu’en 2019, ce qui représente 3 000 emplois perdus pour la filière BTP. L’Union régionale pour l’habitat appelle alors une fois de plus les collectivités à se joindre à une réflexion sur l’avenir de leurs habitants et l’économie de leurs territoires.