Le Medef veut «un territoire business friendly»
«Enjeux de développement et propositions», c'est le titre de l'opuscule de 16 pages que les Medef Nord-Pas-de-Calais et Picardie ont adressé début novembre aux candidats aux prochaines élections régionales, soit une contribution de 50 propositions de priorités économiques qu'ils jugent à même de pouvoir accroître la richesse produite dans la région ainsi que la création d'emploi.
«Associez-nous, nous les membres de l’entreprise. On aime notre région, nos entreprises, nos salariés. Votre job, c’est de nous créer un environnement favorable. Qui mieux que nous peut vous aider, vous apporter des idées, des préconisations ? (…) On veut une gouvernance partenariale. Nous sommes convaincus que la solution passera par l’emploi.» C’est en quelques mots le «message fort» que le Mouvement des entreprises de France, dans ses composantes Nord-Pas-de-Calais et Picardie (en attente de regroupement à l’horizon 2016), vient d’adresser aux candidats aux élections régionales des 6 et 13 décembre 2015. Un Medef bien conscient que «le Conseil régional n’est pas la solution à tout, mais (que) c’est un des acteurs qui peut donner le ‘la’ pour créer un territoire business friendly».
S’il est certes ouvert à recevoir tous les candidats sous un format identique − il a ainsi reçu Xavier Bertrand le 3 novembre et s’apprête à faire de même avec Pierre de Saintignon le 16 novembre −, il regrette, à un mois de l’échéance, de ne pas avoir «de nouvelles des autres» et de leur programme. C’est que le Medef entend que son diagnostic soit partagé sur l’indispensable compétitivité, sur le fait que c’est l’entreprise qui crée l’emploi, sur l’effet néfaste du choc fiscal, mais aussi sur les éléments structurels plus difficiles dans le grande Région comme le taux de chômage ou des entreprises moins innovantes, moins capitalisées, moins exportantes…
50 propositions. La loi NOTRe ayant donné à la Région un poids plus important dans le domaine économique, le Medef veut «être présent en apportant (sa) vision et (ses) préconisations». Des préconisations listées autour de cinq enjeux : gouvernance régionale et fiscalité ; aménagement du territoire, développement durable et transition énergétique ; recherche et développement ; innovation et compétitivité ; compétence et formation professionnelle.
Sans grande surprise, le syndicat patronal recommande ainsi, compte tenu de marges de manœuvre amoindries du fait de l’endettement important, de «bien prioriser les choix, d’améliorer la gestion (…), d’arrêter la croissance des dépenses, d’afficher une stagnation, voire une baisse de la fiscalité, destructrice d’emplois». «Il est impératif que toutes les délibérations soient faites à l’aune de la création d’emploi et de la richesse générée», insiste Frédéric Motte.
Au-delà du regret que la Région n’ait pas été fléchée comme chef de file systématique des politiques d’infrastructures, le Medef liste, sans surprise, son soutien au canal Seine-Nord, « outil absolument structurant pour irriguer le territoire», mais aussi le désengorgement de l’agglomération de Lille ou encore la réalisation du barreau Picardie-Roissy, la liaison Lille-Amiens, mais sans versement transport additionnel ou nouvelle taxe poids lourds. Développement durable, transition énergétique, innovation et R&D, le Medef ne manque pas d’ambitions entre nécessité de renforcement des pôles de compétitivité et soutien au numérique.
La thématique de la formation n’a pas été oubliée, une formation que le Medef ne veut pas voir uniquement orientée sur les demandeurs d’emploi, mais aussi sur l’employabilité des salariés, avec la mise en exergue des passerelles écoles/entreprises et de l’apprentissage avec un objectif de 50 000 apprentis contre 36 000 aujourd’hui pour la grande Région.
Des valeurs à défendre. «Ce qui est bon pour les entreprises est bon pour les salariés, est bon pour les territoires, insistent de concert Frédéric Motte et Jacques Vincent. Comme organisation patronale, nous ne sommes pas là comme soutien de tel ou tel parti. Notre souci par rapport à nos adhérents, c’est de défendre les valeurs qui sont les nôtres. Celui qui sortira des urnes peut ne pas nous convenir, mais la démocratie fait que, quel que soit le candidat qui l’emportera, nous serons amené à travailler avec lui. Est-ce qu’il voudra travailler avec nous, c’est une autre question…»