Le Medef se veut rassurant à propos des capacités du territoire
Malgré un chômage globalement en baisse, le contexte économique sur la Côte d’Opale est plutôt à la peur qu’à l’espoir. C’est dans ces conditions qu’Alexandre Sobot, vice-président du Medef, s'est déplacé pour une visite entre Coquelles et Saint-Omer, histoire de rassurer les troupes...
Un nouveau président élu, une situation tendue à Arc international – malgré une enveloppe de 35 millions d’euros pour relancer l’activité –, un dossier qui s’éternise à Arjowiggins, la fermeture de Tioxide : autant de dossiers à commenter ce 23 mai pour le vice-président du Medef, venu au pied levé remplacer Pierre Gattaz, en rendez-vous à l’Elysée pour échanger avec Emmanuel Macron et les syndicats. Ainsi, Alexandre Sobot, accompagné des responsables des sections locales du Medef du secteur, a tenu un discours rassurant lorsque a été évoquée la question de la désindustrialisation potentielle du territoire. «Notre enjeu n’est pas d’assurer la croissance de toutes les entreprises, affirme l’intéressé, mais bien de s’assurer qu’il y ait plus d’entreprises en croissance que d’entreprises stables ou en difficulté pour qu’à la fin, le solde soit positif, que le chômage recule. L’enjeu est, au-delà des difficultés de tels territoires et globalement des difficultés de la France, qu’il ne faut pas méconnaître, de se dire que nos voisins ont réussi, avec les mêmes volontés, les mêmes réformes que nous, à vaincre le chômage et remettre le pays sur les rails. Il n’y a donc pas de raisons que nous n’en soyons pas capables.»
Des points positifs à souligner. Le président du Medef de la Côte d’Opale, Jean-François Didier, le met en avant : le territoire a des atouts indéniables sur lesquels il faut à tout prix s’appuyer. «L’industrie est plus que présente sur la côte et est un atout considérable, avance Jean-François Didier, mettant en avant les embauches dans le secteur. D’autre part, il y a le littoral marin, avec ses trois ports humides et un port sec [Eurotunnel, ndlr]. Avec l’arrivée d’Eurotunnel, non seulement le port de Calais n’a pas diminué en volume, mais il a augmenté, alors que le tunnel sous la Manche a aujourd’hui la même activité que le port de Calais. L’industrie de la pêche à Boulogne, quant à elle, doit surmonter la problématique des quotas. Il faut repenser à la valeur ajoutée de la transformation des produits de la mer à Boulogne.» En ce qui concerne Saint-Omer, Thibaut Delepoulle, président du Medef Flandre-Audomarois, met en avant la dynamique instaurée par François Decoster, président de la CAPSO avec la MDé. «La Maison du développement économique réunit en son sein le politique avec la CAPSO, la CCI, la Chambre des métiers, l’agence de développement Sofie et le Medef.» Ce qui permet, selon Thibaut Delepoulle, une plus grande synergie entre les forces en présence.
Combattre le malthusianisme. Le vice-président du Medef en charge des affaires sociales s’est vivement défendu des attaques venant de sa gauche. «Il y avait une formidable angoisse à la création d’Eurotunnel. On se disait qu’il n’y aurait plus rien à faire à côté une fois le chantier terminé. Et on a vu comme toujours que lorsqu’on apporte une nouvelle solution, il y a un développement considérable des échanges qui accompagne cette évolution. C’est démontré avec les travaux sur le port et les investissements d’Eurotunnel, il y a largement du travail pour tout le monde. Comme d’habitude, ce malthusianisme initial, très français, a été battu en brèche par cette idée que quand on est capable de rapprocher les gens, ça ne se passe jamais à ensemble constant. Le travail ne se partage pas, il se crée et se développe.» Et Alexandre Sobot d’enchérir, à propos de la mécanisation et de la transformation des métiers : «Il ne s’agit pas de dire que ce qui existait avant était mal. La crise de 2009, la mondialisation, entraînent des transformations. Il est de bonne politique économique qu’on accompagne ces transformations imposées par les différentes révolutions économiques et technologiques, pour qu’on soit capables de créer les emplois dont on a besoin. Tous les pays qui, au lieu d’accompagner ces transformations, ont voulu s’y opposer, ont fini la fin de ces périodes plus pauvres que celles qui avaient fait le choix inverse.» Parlant de la mécanisation, le vice-président du Medef est clair : «A la fin, on se retrouve avec des métiers plus valorisants et qui sont plus rémunérateurs. L’idée que le robot est l’ennemi de l’emploi désespère tous les chefs d’entreprise.»