Le mariage de 2017 se présente sous les meilleurs auspices
La Caisse d’épargne Nord France Europe a réalisé un excellent exercice sur l’année 2015, qui la met en situation quasi idéale pour s’engager plus avant dans le processus de fusion avec la Caisse d’épargne Picardie et devenir la deuxième Caisse de France.
Les uns fusionnent quand les affaires vont mal, d’autres quand elles vont bien. Les Caisses d’épargne Nord France Europe et de Picardie sont dans cette dernière configuration. Toutes deux réunissaient, le 21 avril 2016, leur avant-dernière assemblée générale séparément avant qu’elles ne deviennent celle qui incarnera les Hauts-de-France. Toutes deux ont pu présenter d’excellentes performances. À l’instar d’un Philippe Lamblin, président du conseil d’orientation et de surveillances (COS) de la CENFE, évoquant “une année record. Historique, inédit. Une Caisse en extrême bonne situation au moment où on va marier les deux entités”.
Des chiffres éloquents. De fait, Alain Denizot, président du directoire, a détaillé “le meilleur résultat enregistré par la CENFE, y compris en reconstituant celui des trois Caisses fondatrices d’avant-2007” et “sa capacité à créer des revenus”. En chiffres : un résultat net en normes IFRS consolidées à 115 M€, +6,3% ; un produit net bancaire au-dessus des 500 M€ à 500,7 M€, +3% ; un coefficient d’exploitation à 59,3%, “parmi les trois meilleures performances du groupe”, avec des charges maîtrisées quoiqu’en hausse de 3,9%, du fait notamment d’investissements conséquents en formation et montée en compétences dans le cadre du programme “transformation relation client” ; un coût des risques à 28 M€ contre 35 M€ en 2014 ; des fonds propres renforcés à 2,232 Mds€, + 6,65%, tout comme la solvabilité avec un ratio Tier One à 23,5%. Autant d’indicateurs “forts pour aborder l’avenir”.Ces bons chiffres sont la résultante d’une activité commerciale “très active”. “Dans tous les scénarios, il n’y a que le développement qui permette de porter la poursuite de l’activité… Ainsi dans l’immobilier, on a une position d’acteur gagnant, voire presque de prédateur. Ces 500 M € de PNB sont probablement à un niveau un peu record, mais avoir acquis des encours de crédit, savoir maîtriser les risques… nous positionnent, dans un environnement difficile, mieux que d’autres”, analyse Alain Denizot. Ici aussi quelques chiffres : gain de plus de 40 000 nouveaux clients, production de nouveaux crédits en progression de 42% à 3,5 Mds€, dont plus de 2 Mds€ de crédits immobiliers (+69,7%) et 1,2 Md€ accordés aux marchés de la Banque des décideurs en région, augmentation des encours de crédit de 5%, stabilisation des encours de collecte à 23,7 Mds€… À l’actif encore de l’exercice 2015, l’alliance conclue avec le Groupe Hainaut immobilier (cf. La Gazette n° 8768), le développement des filiales Immobilière Nord de France et Caisse d’épargne Nord France investissement avec deux premières opérations, celui de l’activité en Belgique avec plus de 100 M€de financements accordés… “Dans un environnement qui change et se durcit, la CENFE, très implantée territorialement, a choisi d’apporter le meilleur des deux mondes, humain et digital, avec les atouts de la réassurance qu’apporte la proximité, et de l’apport des services bancaires sans distance et….. le handicap du coût des structures et des fonctions supports à mieux maîtriser par le rassemblement de Caisses, explicite Alain Denizot. Notre stratégie, c’est un réseau qui s’exprime à deux niveaux : un réseau physique riche de ses implantations et un réseau virtuel numérique et digital à distance.” Adhésion forte des collaborateurs. Évoquant le rapprochement Nord de France/Picardie, Alain Denizot y voit le double intérêt d’une présence plus forte sur l’ensemble des Hauts-de-France et d’une mutualisation des fonctions supports à même de créer une entité de taille critique plus élevée et dotée de davantage de moyens pour investir, notamment dans le digital, tout en permettant des économies d’échelle. “Nous ne sommes pas dans l’urgence de la mutualisation des ressources en termes de coût économique”, explique-t-il en précisant que “la contrepartie au contrat social de maintien de l’emploi, c’est la mobilité professionnelle de métiers”. Il estime de 200 à 300 le nombre de salariés qui devront changer de métier. Reconnaissant que “tout projet de rapprochement est toujours anxiogène”, il explique que “ce projet rassure collectivement, même si individuellement il questionne”, quand François Codet, membre du directoire en charge du pôle Finances, précise qu’il y a “une adhésion forte des collaborateurs à ce projet de fusion. Personne ne le remet en cause, même si, après, il y a le sujet de l’exécution”. La signature fin juin du protocole de rapprochement doit acter Lille comme siège social de la nouvelle entité. Alain Denizot a été désigné vendredi 22 avril dernier chef de projet du rapprochement des deux Caisses, sa nomination sera effective à compter du 17 mai prochain. Laurent Roubin, 46 ans, président du directoire de la Caisse d’Epargne Picardie depuis le 1er mars 2011, a lui été nommé membre du directoire du Groupe BPCE et directeur général en charge du pôle Banque commerciale et Assurance. Viendra ensuite le temps de la construction de la future organisation et de la consultation des instances représentatives du personnel pour, en avril 2017, une fusion juridique rétroactive au 1er janvier 2017 et une fusion informatique en octobre. Du pain sur la planche !
Jean-Luc DECAESTECKER