Le marché musical français, bon élève mais peut mieux faire

"Tout n'est pas si facile", comme rappait NTM: avec 968 millions d'euros de chiffre d'affaires, le marché français de la musique enregistrée progresse de 5,1% en 2023, soit une 7e année consécutive de hausse, mais le streaming par...

Le marché français de la musique enregistrée progresse de 5,1% en 2023, soit une 7e année consécutive de hausse, mais le streaming par abonnement se traîne © JONATHAN NACKSTRAND
Le marché français de la musique enregistrée progresse de 5,1% en 2023, soit une 7e année consécutive de hausse, mais le streaming par abonnement se traîne © JONATHAN NACKSTRAND

"Tout n'est pas si facile", comme rappait NTM: avec 968 millions d'euros de chiffre d'affaires, le marché français de la musique enregistrée progresse de 5,1% en 2023, soit une 7e année consécutive de hausse, mais le streaming par abonnement se traîne, selon les chiffres dévoilés mardi.

Le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep), dans un communiqué, dresse un "constat satisfaisant" mais relativise avec "un revenu qui atteint tout juste 53% du niveau historique de 2002".

Sur ces 968 millions d'euros, 620 millions, soit les trois quarts, proviennent du numérique (streaming) contre 195 pour le physique (CD, vinyle), le reste relevant de la synchronisation (films, séries, publicités, jeux vidéos, etc.) et des droits voisins.

C'est là que le Snep pointe "de nouveaux challenges". Au premier plan, la "croissance numérique" est "en retard en France, comparée au Top 10 des marchés mondiaux". La progression "de 10% des revenus du streaming par abonnement" reste "trop faible pour nourrir pleinement le développement du marché", alors "que c'est la première source de création de valeur", développe le syndicat.

La France recense ainsi "12 millions d'abonnements", avec tout "juste un million d'unités (de plus) chaque année depuis trois ans". 

Soit un taux de pénétration de 16% pour l'abonnement payant, "un des plus faibles" parmi les principaux marchés dans le monde. Par comparaison, ce taux est de 17,5% en Allemagne, 26,5% au Royaume-Uni et 30,1% aux Etats-Unis.

TikTok, la menace

La croissance des revenus de ces abonnements "se tasse ici, alors que notre marché est loin d'être parvenu à maturité", déplore le Snep.

Le streaming par abonnement est "un enjeu de pédagogie, notamment dans les zones rurales", a insisté Marie-Anne Robert, à la tête de Sony Music France, lors de la conférence de presse de présentation des résultats à Paris.

"Le marché du streaming payant est en retard, la dernière chose à faire était de la taxer", a pour sa part commenté Alexandre Lasch, responsable du Snep. Son syndicat a toujours été opposé à la taxe streaming entérinée par le gouvernement français. 

Spotify France envisage d'ailleurs une augmentation de son abonnement. La plateforme se justifie par les coûts supplémentaires "imposés" par cette taxe.

Antoine Monin, responsable de Spotify France (et d'une partie de l'Europe), appelle dans un communiqué mardi "les pouvoirs publics à accélérer l'adoption du streaming, et à élargir le champ d'application de la taxe sur le streaming à d'autres formats de distribution".

Le Snep, lui, relève que les abonnements aux services musicaux "sont en concurrence frontale avec les offres cinéma, audiovisuel et le sport".

Il met aussi en avant "une bataille à gagner" face à "des usages de plus en plus volatiles, de plus en plus concentrés sur les formules de vidéos courtes telles que TikTok". 

Aya Nakamura, "soft power

Le syndicat rappelle que la popularité de cette dernière plateforme "s'appuie sur la musique, qui nourrit 85% de ses contenus, sans pour autant la rémunérer à la hauteur de cette contribution".

Et de décrire des "vidéos courtes qui avaient au départ créé une nouvelle source de visibilité et de découverte pour les nouveautés" mais qui "captent et détournent désormais l'attention des fans des services de streaming audio".

Un constat qui résonne avec le conflit actuel entre le géant américain de l'industrie musicale Universal Music Group (UMG) et TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, au sujet de la rémunération des artistes. 

Enfin, Alexandre Lasch a rendu hommage à Aya Nakamura, star franco-malienne stigmatisée par l'extrême droite française, hérissée à l'idée qu'elle puisse chanter en ouverture des Jeux olympiques (ce qui n'est pas officiel pour l'heure). 

"Aya Nakamura est dans le top des ventes de 46 pays, c'est un instrument du +soft power+ français et les polémiques indignes n'y changeront rien", a lancé le responsable, sous les applaudissements de 200 représentants de la filière musicale française. 

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