Le «Made in France» ouvre les appétits étrangers
Le feuilleton du rachat de la branche énergie d’Alstom met à mal la notion même de «Made in France». Après l’entrée dans le capital du groupe PSA Peugeot Citroën du constructeur automobile chinois, Dongfeng, le mariage en béton du suisse Holcim et du français Lafarge, les rois du ciment mondial, le «Made in France» est ouvert aux appétits financiers étrangers. Quid alors du «patriotisme économique» voué par l’État (qui n’a pas dit son dernier mot dans l’affaire Alstom). Simple courant de l’histoire économique ou véritable décrochage de l’Hexagone ? Alstom chez l’oncle Sam ? À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’affaire est loin d’être bouclée sur le rachat de la branche énergie du fleuron national par nos voisins américains de chez General Electric. Le 30 avril, dans un communiqué le conseil d’administration d’Alstom «reconnaît à l’unanimité les mérites stratégiques et industriels de l’offre de General Electric» Une offre à 12,35 milliards d’euros. «Un comité d’administrateurs indépendants procédera d’ici à la fin du mois de mai, à un examen approfondi de l’offre.» Suspens, suspens… Alstom n’est pas (et ne sera pas) la dernière entreprise française à passer dans le giron de capitaux étrangers.
De PSA à Cochonou…
Tous les secteurs d’activités nationaux sont ouverts aux appétits étrangers avant focalisés sur l’industrie et les nouvelles technologies. Le 27 mars, le constructeur automobile chinois Dongfeng formalise son entrée au capital du groupe PSA Peugeot Citroën. Le 7 avril, Lafarge et Holcim proclament leur mariage pour créer un géant mondial du ciment dont le siège social sera en Suisse. En juillet dernier, les groupes de publicité Publicis et Omnicom annoncent leurs fiançailles et en mai 2013 les marques de cochonnailles françaises Justin Bridou, Aoste et Cochonou tombent dans l’escarcelle du numéro mondial du porc, le groupe chinois WH. Le dernier épisode en date d’Alstom n’est pas surprenant dans une économie mondialisée mais la France perd encore un peu plus de sa superbe. L’Hexagone a de belles entreprises mais elles passent (pour bon nombre) dans des girons étrangers avec toutes les conséquences sociales, notamment, qui vont avec. Dans la région, à Ludres dans l’unité d’Alstom qui travaille pour la filière nucléaire, les interrogations sont nombreuses…