Le Made in France, gagnant de la crise sanitaire ?
Après la confection de masques pendant la quarantaine due à la Covid-19, qui lui a permis de traverser les dernières semaines avec davantage de sérénité, le groupe Vanderschooten a repris son activité de confection de linge de maison. Il a recruté trois couturières dans son atelier de Nieppe, afin d’augmenter ses capacités de production et répondre à l’engouement croissant pour le linge de maison Made in France.
Fort d’un savoir-faire reconnu depuis 1947 et sa création par Joseph Vanderschooten, le groupe éponyme possède aujourd’hui six marques (parmi lesquelles Essix, Alexandre Turpault et Coucke) et deux licences (Designers Guild et Nina Ricci Maison) en linge de lit, de bain et de table produit en France et en Europe, durable et éthique. Dirigée depuis 1983 par Bernard Vanderschooten, petit-fils du fondateur, l’entreprise emploie 180 personnes à Paris et Nieppe, dont 40 au sein de l’atelier de confection nordiste où sont fabriqués chaque année un million de produits distribués dans plus de 50 pays à travers le monde.
Une bouffée d’oxygène !
Comme d’autres acteurs de l’industrie textile française, le groupe Vanderschooten s’est mobilisé face à la crise sanitaire. Entre mars et juin, les masques de protection ont ainsi remplacé les housses de couette et les taies d’oreiller dans le planning de production de l’atelier, sous l’impulsion de Norlinge, entité du groupe dédiée aux clients professionnels, hôtels, EHPAD et établissements publics. «Le 16 mars, j’ai reçu un appel d’un client gérant une vingtaine de résidences seniors pour lui fournir des masques lavables, explique Nicolas Six, directeur commercial de Norlinge. En moins d’une heure, nous avons créé un prototype et l’après-midi une première commande de 2 000 pièces était validée. C’était vraiment une action sociale, nos clients étaient contraints de fermer et nous avions envie de participer à ‘l’effort de guerre’. Nous avons donc adapté notre fabrication pour pallier la pénurie de masques pour les professionnels en contact avec le public, puis pour le grand public, et combler une carence dans la disponibilité de masques filtrants.»
Le masque développé par l’atelier Vanderschooten est l’un des premiers en France à être évalué par la Direction générale de l’armement et certifié 30 lavages. Rapidement, d’autres clients se manifestent. «Les deux mois de confinement ont été deux mois de travail acharné… Les premiers jours, nous produisions 500 masques par jour pour atteindre une production de 200 à 300 000 pièces par semaine ! La demande était telle que nous avons confié une partie de la production à nos partenaires historiques en France et en Europe.» Une bouffée d’oxygène pour supporter la crise face à l’effondrement de la demande de linge de maison. «L’année est sauvée», confie d’ailleurs Nicolas Six.
Regain d’intérêt pour le Made in France
Depuis la reprise de son métier originel – la confection du linge de lit et de table –, au début du mois de juin, le groupe Vanderschooten a eu l’agréable surprise de constater un engouement des professionnels et particuliers pour son savoir-faire Made in France. Une tendance encouragée depuis longtemps par la société de Nieppe à travers ses marques, notamment “A demain le linge français”, dont l’intégralité de la chaîne de production et de distribution est établie dans le Nord et l’Hexagone. «Ces produits sont inspirés du territoire français, confie Clément Pointin, responsable communication du Groupe. Créé il y a 18 mois, A demain le linge français est le laboratoire du groupe, c’est un projet d’entreprise.»
Et d’ajouter : «La crise a changé le regard des consommateurs et des acheteurs sur le Made in France. Le regain d’intérêt pour le Made in France est une tendance que nous constatons dans les ventes post-Covid et que nous encourageons déjà depuis longtemps avec notre marque.» Cela se traduit aujourd’hui par un besoin en recrutement du Groupe afin de renforcer ses capacités de production. Trois couturières et un apprenti ont ainsi intégré l’atelier durant la période de confinement, et trois embauches supplémentaires devraient suivre au cours des prochaines semaines. Des personnes qualifiées qu’il n’est pas forcément aisé de trouver actuellement pour les acteurs de l’industrie textile. «Nous avons l’espoir qu’il y ait une vraie prise de conscience pour investir durablement dans le Made in France… Nous avons les machines, ne manquent que les couturiers(ères).»