Le Jeu de l’amour et du hasard en région
Après avoir beaucoup monté Molière et Musset, Benoît Lambert s’attaque à Marivaux qu’il considère comme le trait d’union entre les deux auteurs. D’autant que, à l’instar de Tartuffe ou de Fantasio, Le Jeu de l’amour et du hasard est une comédie autour du mariage arrangé, motif cardinal du patrimoine théâtral français. Si l’enjeu est limpide – Orgon arrange le mariage de sa fille Silvia avec Dorante, le fils d’un ami, mais lui laisse la décision finale, selon que ce prétendant lui plaise ou non –, l’intrigue est volontiers retorse avec les promis endossant les rôles des domestiques et ces derniers prenant leur place. Soit un cruel jeu de dupes comme révélateur des sentiments amoureux mais aussi des rapports de domination. Redoutable observateur de ses contemporains, Marivaux suggère ici que l’amour se heurte aux lois intraitables de la société de classes… Dans un décor partagé entre cabinet de curiosités et jardin d’hiver, le metteur en scène dirige au cordeau un jeune quatuor virevoltant et deux baroudeurs des (hauts) plateaux pour une comédie ros(s)e teintée d’amertume. Avec ce brillant marivaudage métamorphosé en lutte des classes et des sexes, Benoît Lambert creuse avec brio le sillon défriché par son mentor Jean-Pierre Vincent.
Représentations
du 6 au 8 mars au Bateau Feu, place du Général-De-Gaulle à Dunkerque.
Renseignements et réservations au 03 28 51 40 40 ou sur www.lebateaufeu.com
Puis
du 26 au 29 mars aux Nymphéas à Aulnoy-les-Valenciennes. Renseignements et
réservations au 03 27 32 32 32 ou sur www.lephenix.fr