Le Havre: Greenpeace tente en vain d'empêcher l'arrivée du terminal méthanier
Des militants de Greenpeace ont tenté en vain lundi matin d'empêcher l'installation d'un terminal méthanier flottant au Havre, un projet porté par le groupe pétro-gazier TotalEnergies et voulu par le gouvernement pour sécuriser l'approvisionnement...
Des militants de Greenpeace ont tenté en vain lundi matin d'empêcher l'installation d'un terminal méthanier flottant au Havre, un projet porté par le groupe pétro-gazier TotalEnergies et voulu par le gouvernement pour sécuriser l'approvisionnement en gaz du pays, a constaté l'AFP.
Trois bateaux semi-rigides de Greenpeace ont rejoint en baie de Seine le méthanier Cape Ann. Ayant échoué à monter à bord, des militants ont alors peint sur sa coque "gas kills" ("le gaz tue") en grandes lettres blanches.
Puis, en rade du Havre, deux plongeurs se sont mis à l'eau pour gêner la progression du méthanier, qui est entré dans le port peu avant 12h00.
"TotalEnergies respecte pleinement le droit de manifester et la liberté d’expression", a commenté sa direction auprès de l'AFP, mais sa "priorité" est la "sécurité des personnes, notamment des marins et des militants" ainsi que "la sûreté de (ses) opérations".
Pour le gouvernement, ce projet va créer un nouveau point d'entrée de gaz naturel liquéfié (GNL) en France pour renforcer la sécurité d'approvisionnement en gaz, soumise à de vives tensions en 2022 après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
La France s’approvisionne déjà en GNL dans ses quatre terminaux portuaires d’importation : un à Dunkerque (Nord), un autre Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) et les deux derniers à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).
Ce gaz, transporté à l'état liquide par bateau et regazéifié avant d'être injecté dans le réseau terrestre, est devenu une source d'énergie cruciale pour l'Europe, dépendante à 40% du gaz russe avant le conflit en Ukraine.
Le gouvernement avait autorisé en juillet ce projet de terminal méthanier flottant de TotalEnergies au Havre, « par mesure de précaution », pour une durée de 5 ans, selon le ministère de la Transition énergétique.
Le Cape Ann a une capacité de regazéification maximale 5 milliards de mètres cubes par an, soit 10% de la demande française.
Pour Jérôme Frignet, directeur des programmes de Greenpeace, le pays "n'a pas besoin de ces nouvelles capacités". Il demande que "ce terminal ne soit pas raccordé au réseau ».
"Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la France a réussi à diminuer de 15% sa consommation de gaz, et on voit qu'en 2023 la tendance est également à la réduction (...) et on a déjà des stocks (de gaz) archi-pleins en vue de l'hiver", dit-il.
Pour le ministère de la Transition énergétique, "la responsabilité du gouvernement est d’anticiper tous les scénarios possibles afin de répondre aux besoins des Français: "hiver très long et froid", "défaut d'approvisionnement" ou "panne sur une infrastructure existante".
M. Frignet dénonce en outre une "hypocrisie" : ce terminal sera "principalement approvisionné par les Etats-Unis et en particulier par du gaz de schiste produit par fracturation hydraulique, une technique interdite en France".
Du côté du ministère, on indique que "cette installation temporaire ne remet évidemment pas en cause notre trajectoire de sobriété énergétique" ni "la détermination du gouvernement à sortir des énergies fossiles, et notamment du gaz naturel, pour accélérer encore la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre (-2,7% en 2022 ; -4,2% au premier semestre 2023)".
Plusieurs élus et organisations écologistes avaient contesté en justice l'arrivée du terminal méthanier, y voyant comme Greenpeace un maintien de la dépendance aux énergies fossiles, responsables du réchauffement climatique. Tous leurs recours ont été rejetés.
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