Le haut de gamme gagnant
La réussite de la Scierie du Rupt-de-Mad est un mariage entre tradition, haute qualité et pari à l’export. Retour sur l’histoire et les défis à venir de cette PME lorraine parcourant le monde.
Sur les hauteurs de Bayonvillesur-Mad, près de Pont-à-Mousson, dure et se développe une entité économique témoin d’un riche passé et lancée vers de nouveaux challenges pour répondre aux évolutions du monde d’aujourd’hui. C’est dans cette bourgade de quelque 300 âmes que voit le jour en 1773 une scierie rudimentaire. Au début des années 1900, elle s’installe où elle est encore un siècle plus tard. Quand on pousse la porte de la Scierie du Rupt-de-Mad, une photo datée 1955 interpelle et situe la physionomie des lieux au cTmur des Trente Glorieuses. L’âge d’or de la scierie lorraine, laquelle va décliner inexorablement, les fermes fermant les unes après les autres. En 1987, Lambert Rutten, Belge à l’expérience avérée dans le secteur, reprend l’affaire en liquidation et initie des changements décisifs : investissement dans les machines, modernisation des infrastructures. Avec un nouvel axe : l’export. La société qui oeuvre dans le sciage, le séchage et le triage de chêne ( son essence forestière principale ), conclut ses premiers marchés hors frontières hexagonales aux Pays-Bas. Quand M. Rutten décide de passer le relais à la tête de l’entreprise en 2007, il se tourne naturellement vers sa fille, Sofe, et son beau-fils, Bertrand Pierrel. Le couple est lui aussi imprégné de ces valeurs portées par l’industrie artisanale du bois, noble matière. Un virage résolument tourné vers l’export la fait entrer dans une autre dimension. «Au début, je démarchais seul, puis nous avons recruté deux commerciaux qui font un travail exceptionnel.», indique Bertrand Pierrel.
Un investissement logistique majeur
De salons en contacts, d’opportunités en relations expertes, telles celles nouées avec la CCI International, la Scierie du Rupt-de-Mad ne se dépare pas de son ADN : le haut de gamme avec des grumes fournies par l’Office national des forêts et quelques privés. La clientèle qui en bénéficie est composée à 85 % de parqueteurs et à 15 % de menuisiers. Bertrand Pierrel poursuit : «En Europe, il n’y a plus que deux pays qui se situent sur notre créneau d’activité : la France et l’Allemagne. Si bien que nous sommes sur un micro marché.» En Europe, de l’Est notamment, mais aussi aux États-Unis et en Australie, plus sporadiquement en Chine, la Scierie du Rupt-de Mad a méthodiquement tissé une toile planétaire, ce qui demande beaucoup de savoir-faire, de réactivité, d’exigence pour composer avec les différentes cultures commerciales rencontrées. Il a fallu également adapter l’outil de production. Le site originel étant devenu exigu, l’entreprise a investi dans deux plateformes logistiques situées à Chambley, dédiées à la réception, au séchage, au triage, au stockage et à l’expédition du bois et dont l’exposition au vent et à l’humidité a été étudiée scrupuleusement. La première de 4 500 m² est opérationnelle depuis deux ans. La seconde, en cours de réalisation, verra le jour au printemps prochain, d’une surface de 8 000 m2 . Deux cordes supplémentaires à l’essor de la PME lorraine, forte de 18 salariés, traitant 15 000 m3 de bois par an, faisant 85 % de son chiffre d’affaires à l’export. Le futur, Bertrand Pierrel le voit avec un optimiste raisonné : «Notre objectif est de consolider ce que nous avons construit tout en allant tester d’autres marchés, les pays scandinaves ou le Japon. Un jeune commercial vient d’être embauché à cet effet.» En misant sur l’international, la Scierie du Rupt-de- Mad avance sur ce chemin d’une haute qualité de produits made in France, si appréciée aux quatre coins du globe.