Le Grand Nausicaá ouvrira ses portes en 2018
Dès 2018, le Centre national de la mer sera le plus grand aquarium d’Europe. Les premiers coups de pioche de ce vaste chantier d’extension de Nausicaá ont été donnés.
Le Grand Nausicaá ouvrira ses portes pour l’été 2018. Le premier équipement touristique de la région des Hauts-de-France vise un objectif de plus d’un million de visiteurs par an. Avec un panier moyen de 50 € par visiteur et par jour dépensé dans l’agglomération (restauration, hébergement…), les retombées doivent permettre de dynamiser l’économie résidentielle et d’irriguer tout le bassin du Boulonnais. Les visites plus longues généreront davantage de nuitées et donc davantage de retombées économiques : 50 millions d’euros chaque année ! Pour répondre à l’ambition de l’agglomération, il ne s’agit donc pas de proposer une simple extension du Centre national de la mer, mais bien d’un changement d’échelle. Le financement de la tranche ferme (57,7 millions d’euros) est d’ores et déjà assuré : 21,8 millions pour la communauté d’agglomération du Boulonnais, 28,1 millions pour le Conseil régional, 5,8 millions pour le conseil départemental du Pas-de-Calais, 2 millions d’euros pour l’Etat. Avec les 15 millions d’euros attendus de l’Europe, sera envisagée la tranche conditionnelle (28 millions d’euros), pour porter l’enveloppe globale à 85,8 millions d’euros. Après la phase administrative (permis de construire, autorisations diverses et purge d’éventuels recours…), les travaux de construction de la tranche ferme ont débuté en avril 2016 ; ils dureront 27 mois ; ceux de la tranche conditionnelle, 19 mois supplémentaires. Le chantier sera mené de façon à ne pas entraver l’ouverture du Centre aux visiteurs.
Un grand chantier pour l’économie locale. Les entreprises locales sont les premières à bénéficier de cet énorme chantier, car le groupement retenu s’engage à confier aux PME de la région une partie des prestations d’études et de travaux : Sogea Caroni, Roger Delattre, François Delannoy, Santerne fluides, Cegelec, Satelec…. De même, la CAB a mis en place une clause spécifique d’accompagnement dans la gestion des clauses d’insertion. Dans cette perspective, le groupe Vinci a créé une nouvelle filiale qui propose une offre globale d’insertion, le but recherché étant de créer des emplois pérennes, notamment auprès des demandeurs d’emploi, des bénéficiaires des minima sociaux, des travailleurs handicapés, des jeunes ayant un faible niveau de formation ou sans expérience… Pour cette opération, il sera réalisé 87 000 heures d’insertion, soit mille heures par million d’euros d’investissements, ce qui concernera environ 60 personnes en équivalent temps plein. Le projet comporte notamment un grand bassin de 9 500 m3, le plus grand d’Europe, qui offrira un voyage de haute mer (9 mètres de profondeur) et un amphithéâtre aux fonctions multiples offrant une vue spectaculaire via une baie de 20 mètres sur 5. Les voyageurs du large, requins-marteaux, baleines, thons, entraîneront le visiteur dans sa traversée océanique. Le Grand Nausicaá offrira de nouvelles sensations, renforcées par l’utilisation des dernières technologies de l’image et des dispositifs interactifs. “Il fallait, pour le député-maire Frédéric Cuvillier et le président de la CAB Jean-Loup Lesaffre, un objet architectural fort dont la ville puisse s’emparer.” Le bâtiment en forme de raie manta qu’a imaginé Jacques Rougerie répond en tout point à cette attente. “Il y a plusieurs façons d’aborder un tel projet, explique l’architecte, déjà en charge du premier Nausicaà, il y a plus de 25 ans. La facilité aurait commandé de tout raser et de repartir d’une page blanche. Avec le recul, le premier Centre de la mer manquait peut-être un peu d’audace. Si cela nous engageait à aller plus loin, nous n’avons pas voulu pour autant commettre de gâchis en effaçant une architecture déjà marquante. Nous avons préféré conserver le cœur de l’existant que les nouvelles carapaces vont venir habiller. Cela permet d’inscrire un esprit dans le temps.” En tranche conditionnelle, une boucle de visite sera consacrée aux aurores polaires, permettant au public de découvrir des morses, mammifères emblématiques d’Alaska, et d’offrir aux manchots du Cap un espace beaucoup plus spacieux et en partie visible de l’extérieur. Dans le cas des deux tranches, le besoin de recrutement au sein de la société d’économie mixte est estimé à plus de 85 personnes.
Un phare pour le port de Boulogne. Bien plus qu’un aquarium, le Grand Nausicaá souhaite être le fer de lance du cluster maritime boulonnais, qui comprend aussi le Campus de la mer, l’Ifremer, Aquimer, la plate-forme d’innovations Nouvelles Vagues, et l’une des principales filières européennes dans les produits de la mer. Pour son président, l’ancien ministre Guy Lengagne, “il s’agit aussi de positionner Nausicaá comme un acteur majeur dans la préservation de la diversité”. Le nouveau Nausicaá sera également “le phare de l’axe Liane”, avec le réaménagement urbain du quai Gambetta, du quai des Paquebots et des jardins de Nausicaà, mais aussi avec Les Terrasses de la Falaise et son parking de plus de mille places, ainsi que la création du nouvel espace RépubliqueEperon.
Une vaste opération d’urbanisme. L’extension de Nausicaá va profondément modifier la physionomie de l’estuaire de la Liane et transformer le paysage. C’est l’occasion de prolonger la promenade Jean-Muselet du quai Gambetta et de poursuivre les aménagements réalisés au bord de l’eau. Il s’agit de connecter entre eux tous les centres d’intérêt de l’axe Liane. Aujourd’hui, cet axe regroupe déjà bon nombre de “spots” touristiques de l’agglomération : Nausicaá et son parc, la plage, les trois bassins du port de plaisance, le casino, les étals à poissons. Demain s’y ajouteront un bowling, un auditorium, une serre à papillons, des espaces de restauration… L’offre ne cesse de s’enrichir, de façon à faire de ce lieu une véritable destination de loisirs et de culture. Un grand jardin avec vue sur mer va être créé. Si une partie de l’actuel jardin de Nausicaà va être occupée par le Grand Nausicaá, il n’est pas question de réduire sa surface. Il va donc être complètement repensé et redéployé du côté du quai des Paquebots. Des terrasses engazonnées en espaliers vont créer en front de mer un espace de promenade et de détente, depuis l’Ifremer jusqu’à la jetée du phare rouge. Orientant Nausicaá sur la ville, un parvis sera ouvert sur le parc. Les travaux de cette promenade (pour un coût de 7,3 millions d’euros) s’étaleront d’avril 2016 au printemps 2018, de la promenade Jean-Musel et jusqu’au phare rouge.
Benoît LOBEZ