«Le gouvernement se moque de nous»
Gérard Claudel, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie territoriale des Vosges est le premier en Lorraine à avoir réagi suite aux annonces faites par le gouvernement concernant une nouvelle réduction des ressources des chambres. Pour lui, bon nombre de décisions prises et issues du rapport Queyranne sont des contre-vérités.
Les Tablettes Lorraines : Quelles vont être les conséquences pour la Chambre de Commerce et d’Industrie territoriale des Vosges suite à l’annonce d’une baisse de près de 20% de vos ressources ?
Gérard Claudel : Il va nous manquer entre 700 000 euros et un million pour notre prochain budget. Certaines des actions que nous devions engager n’auront certainement pas lieu, d’autres seront réduites, des CDD ne seront certainement pas renouvelés. Il va falloir encore une nouvelle fois ajuster et cette décision est tout simplement incompréhensible. Elle est surtout inacceptable car elle stigmatise et discrédite les CCIT en les considérant comme inutiles et mal gérées. C’est un manque de respect pour les chefs d’entreprise, élus par leurs pairs, qui siègent bénévolement dans les Chambres et c’est un manque de respect pour les salariés qualifiés et compétents qui y travaillent.
La confiance est donc aujourd’hui rompue entre le réseau consulaire et l’État ?
Le contrat d’objectifs et de performance que les CCIT ont signé avec le Premier ministre le 28 mai, nous le considérons comme suspendu. Le gouvernement a perdu la confiance du réseau des Chambres de Commerce. D’un côté, le gouvernement nous demande d’être le relais de sa politique économique et de l’autre il supprime nos moyens et réduit de 20 % nos ressources fiscales. Ce gouvernement se moque de nous.
Vous affirmez que le rapport Queyranne, dont émanent ces décisions, possède bon nombre de contre-vérités. Lesquelles ?
Le nombre d’erreurs contenues dans ce rapport sont nombreuses. Par exemple, il est mentionné que les CCIT bénéficient d’un financement accordé par le ministère de l’Économie. C’est faux, ce n’est pas un financement, c’est une taxe affectée aux CCIT. D’autre part, les données présentent l’évolution des taxes affectées aux CCIT mais ne tiennent pas compte de l’inflation et omettent d’indiquer que cette évolution a été globalement inférieure à celle des ressources fiscales des collectivités locales. Ainsi, la part relative des ressources fiscales affectées aux CCIT diminue chaque année par rapport aux taxes affectées aux administrations publiques locales. Ce qui est grave, c’est que ces décisions vont impacter durablement notre économie et elles sont prises sur des bases erronées.
Quelles sont vos alternatives ?
Pour ma part, je pense que tout est acté et qu’il va être difficile de revenir en arrière. La prochaine université du réseau des Chambres de Commerce devrait naturellement aborder le sujet. Une chose apparaît certaine aujourd’hui, nous ne savons vraiment pas où nous allons.