Le gouvernement propose un pacte aux artisans
Dans le prolongement du Pacte de compétitivité, le gouvernement annonce des orientations spécifiques pour l’artisanat. Une trentaine de mesures sont prévues pour pallier ses faiblesses, dont, en particulier, la difficulté à transmettre ces entreprises.
Rendre les activités plus attractives, répondre aux besoins spécifiques de financement… Le 23 janvier, à Bercy, Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, a annoncé le lancement d’un «Pacte pour l’artisanat», composé de 33 mesures. Certaines d’entre elles existent déjà, d’autres devront être mises en place. Mais l’ensemble tente de composer un cadre général, pour l’activité de ces professionnels qui représentent plus de 30 % des entreprises en France, 10 % de la population active, soit quelque 3 millions de personnes, et 10 % du PIB. Un secteur numériquement important, mais qui souffre de plusieurs faiblesses, d’après Bercy. En particulier, «de nombreux métiers sont en tension. Ils connaissent une pénurie de main d’oeuvre, alors qu’un jeune sur quatre est au chômage», pointe Sylvia Pinel. Favoriser l’emploi dans l’artisanat représente donc l’un des enjeux identifiés par le plan. Plusieurs secteurs sont particulièrement concernés : les chantiers liés à la transition énergétique et à l’aéronautique, ainsi que la restauration. En fil rouge, émerge la nécessité de redonner du lustre au métier et au statut d’artisan, tout particulièrement auprès des nouvelles générations, manifestement insuffisamment séduites par cette perspective. «L’objectif prioritaire est de favoriser le renouvellement des générations», explique Sylvia Pinel qui annonce 50 000 postes à pourvoir. Le «Pacte pour l’artisanat» prévoit donc un ensemble de mesures en direction des jeunes, pour les inciter à s’orienter vers ces métiers. Au programme, par exemple : des actions de sensibilisation et d’information sur la filière de l’artisanat, mais aussi une évolution des compétences, qui devraient rendre ces métiers plus attractifs, en intégrant un apprentissage des technologies dans les CFA (Centre de formation d’apprentis).
Reprendre l’atelier
Autre priorité identifiée : favoriser la reprise des entreprises existantes. «De nombreuses entreprises rentables ne trouvent pas de repreneur», regrette la ministre. Chaque année, ce sont environ 30 000 artisans qui partent à la retraite. Et 63 % d’entre eux ne transmettent pas leur entreprise, d’après Bercy. Mauvaise préparation de ce passage de la part de l’artisan, rencontre ratée entre une offre et une demande, manque d’appétence ou de capacité des nouveaux venus dans le secteur… Bercy prévoit plusieurs mesures pour pallier ces difficultés. Par exemple, un kit d’information sur la transmission d’entreprise sera diffusé à tous les entrepreneurs de plus de 57 ans, via le régime social des indépendants (RSI). La formation en apprentissage sera tenue d’inclure une formation à l’entreprenariat. Et un service devra être mis en place au niveau national pour faciliter la mise en relation entre entrepreneurs et repreneurs potentiels.
Financement et export
L’amélioration du financement des artisans, particulièrement fragiles sur le plan de la trésorerie, par rapport aux autres actifs, constitue un autre enjeu identifié par Bercy. Déjà, est prévu leur accès au dispositif de soutien de 500 millions d’euros de crédit bancaire destiné aux PME et TPE, dans le cadre du fond de garantie. En sus, Sylvia Pinel attend de la Banque publique d’investissement (BPI), qu’elle mette sur pied une offre spécifiquement adaptée aux TPE. Pour pallier aux éventuelles relations commerciales susceptibles de mettre en danger la trésorerie des artisans, comme des retards de paiement, «le rôle de la médiation inter-entreprises est renforcé», rappelle Sylvia Pinel, qui promet par ailleurs une lutte accrue contre le travail illégal, notamment dans les sous-traitances en cascade. Plusieurs autres mesures, destinées à encourager l’innovation et à protéger les savoirfaire, devraient encourager les artisans à aller vers l’export, espère Bercy. Ainsi, la BPI sera sollicitée sur ce point, les VIE (volontaires internationaux en entreprise), préconisés aux artisans, et dans chaque chambre des métiers et de l’artisanat, un référent sera nommé pour soutenir ces entreprises à l’export. Pour l’instant, les artisans représentent 10 % de l’ensemble des exportations, à hauteur de 4 milliards d’euros.