Le gouvernement déploie des aides spécifiques pour les jeunes
Les jeunes diplômés comme les jeunes plus éloignés de l’emploi font l’objet d’aides ciblées de la part du gouvernement. Focus sur les mesures mises en place pour les soutenir.
«Il faut éviter que les jeunes entrants sur le marché du travail ne soient une génération sacrifiée» mettait en avant Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’emploi et de l’insertion, lors de son audition au Sénat sur le projet de loi de Finances pour 2021, le 18 novembre dernier. Selon l’Observatoire des inégalités, la pauvreté augmente chez les plus jeunes. Alors qu’ils représentent déjà environ la moitié des personnes vivant sous le seuil de pauvreté, ils risquent d’être les premières victimes économiques de la crise de la Covid-19. Pour le Premier ministre Jean Castex, «la crise économique pénalise l’insertion des jeunes sur le marché du travail», constatait-il lors sa conférence de presse le 26 novembre. Ces derniers constituent donc la deuxième priorité du ministère du Travail après «le bouclier anti-licenciements destiné à sauvegarder et développer les emplois», a affirmé Elisabeth Borne au cours de son audition au Sénat : «veiller à donner à tous les jeunes, quelle que soit leur situation, des solutions d’insertion dans l’emploi. Le ministère du Travail pilote ainsi la plus grande partie des 6,7 milliards d’euros du plan 1 jeune, 1 solution, soit 5,7 milliards d’euros dont 3,6 milliards en 2021.»
50 000 places de plus en «Garantie jeunes»
Face à la crise économique, le gouvernement a mis les bouchées doubles. Il a d’abord renforcé le Plan «1 jeune 1 solution» lancé en juillet dernier. Le dispositif prend la forme d’une plateforme, lancée le 19 novembre, qui recense plus de 21 000 offres d’emploi hors apprentissage et d’aides à l’embauche pour les entreprises. Pour rappel, jusqu’au 28 février 2021, ces dernières peuvent recevoir 4 000 euros pour l’embauche de jeunes en CDI ou CDD de plus de trois mois ou 5 000 euros pour une embauche en alternance d’un mineur et 8 000 euros pour un alternant majeur.
Le Premier ministre a également annoncé le doublement, en 2021, du nombre de bénéficiaires de la «Garantie jeunes». L’État financera ainsi 100 000 places supplémentaires, au lieu des 50 000 initialement prévues. Au total «200 000 jeunes en bénéficieront l’an prochain, dont des jeunes très exclus», a précisé Jean Castex. Ce dispositif permet d’accompagner les jeunes de 16 à 25 ans de manière intensive vers l’emploi et à leur octroyer une allocation financière d’un montant maximal de 484 euros par mois. Pour en bénéficier, ils doivent se rapprocher de leur mission locale – 437 agences de service public dédiées à l’insertion sociale et professionnelle de ces jeunes. Ces dernières proposent, notamment, des Parcours d’accompagnement contractualisés vers l’emploi et l’autonomie (PACEA). En 2021, 80 000 seront financés, en plus des 340 000 initialement prévus.
Aide jusqu’à 500 euros pour les jeunes diplômés en recherche d’emploi
Un «revenu mensuel minimum pour les travailleurs précaires». : c’est ce qu’avait annoncé Elisabeth Borne aux Echos le 26 novembre,confirmé par la suite par Jean Castex. Versé par Pôle Emploi, ce revenu serait d’un montant minimum de 900 euros par mois, sur quatre mois. Celui-ci devrait concerner 300 000 bénéficiaires – qui auraient travaillé au moins 60% du temps en 2019, mais qui ont été empêchés de cotiser suffisamment en 2020 pour continuer de bénéficier de prestations chômage –, dont 70 000 jeunes.
Les jeunes diplômés sans ressource qui peinent dans leur recherche d’un premier emploi peuvent recevoir également jusqu’à 500 euros par mois d’aide financière. L’objectif, confiait Elisabeth Borne aux Echos, est que «tout jeune qui s’engage dans un accompagnement renforcé, une formation ou un parcours vers l’emploi doit pouvoir bénéficier d’une rémunération s’il en a besoin.» Le profil type pour recevoir cette allocation : être un jeune diplômé que les parents ne peuvent aider financièrement ; ne plus pouvoir financer ses études ou sa recherche d’emploi par un job étudiant ; et être accompagné par un conseiller de Pôle emploi ou de l’Apec (selon le niveau de formation), dans sa recherche de premier emploi. La ministre a invité les jeunes «qui se reconnaissent dans cette situation à se rendre à Pôle emploi ou à l’Apec».
Si l’Etat a enregistré des bilans chiffrés plutôt positifs –près d’un million de jeunes ont été recrutés en CDD de plus de 3 mois ou en CDI, soit un niveau équivalent à 2019–, les difficultés risquent néanmoins de s’accentuer dans les mois à venir avec l’aggravation de la crise économique. «Espérons que notre économie rebondisse après la crise, comme elle l’a fait au troisième trimestre», confiait Elisabeth Borne aux sénateurs.
Eviter le décrochage scolaire
Enfin, pour pallier d’éventuels décrochages scolaires, le gouvernement a annoncé la mise en place, avec l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), d’un dispositif spécifique pour les 16-18 ans. «Il s’agit d’un accompagnement de 35 000 décrocheurs – dont une première promotion de 1 000 jeunes d’ici quelques jours – dans lequel ces jeunes, qui n’ont pas encore bâti un projet professionnel, pourront découvrir différents métiers pendant quatre mois. Ils pourront ensuite s’orienter vers l’apprentissage ou vers un autre dispositif qui complétera leur qualification», a expliqué la ministre. Par ailleurs, le gouvernement a signalé la création, par le biais des Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires), de 20 000 jobs à destination des étudiants, sous la forme de contrats courts de 10 heures par semaine, pendant quatre mois.