Le fort d'Ambleteuse bientôt sauvé

Prévu par Louis XIV pour défendre l'entrée d'un port de guerre envisagé dans l'estuaire de la Slack, le fort d'Ambleteuse est le seul fort militaire en mer encore debout de Cherbourg à la frontière belge.

Jean-Yves Méreau, sur le perron, et le délégué régional de la Fondation du Patrimoine (au pied), ont présenté, le 23 mai, le chantier de restauration du fort.
Jean-Yves Méreau, sur le perron, et le délégué régional de la Fondation du Patrimoine (au pied), ont présenté, le 23 mai, le chantier de restauration du fort.

L’association propriétaire vient d’entreprendre la consolidation du rempart. Les Amis du fort d’Ambleteuse assurent la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre d’un chantier engagé par l’entreprise Ramery bâtiments. Le fort a été construit en deux temps : en 1680 (la tour) et en 1690 (le rempart en fer à cheval). Il a été utilisé par Napoléon lors du camp de Boulogne en 1804 et par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. Classé en 1965, il était à l’état de ruine lorsque le docteur lillois Jacques Méreau crée l’association des Amis du fort d’Ambleteuse pour l’acquérir au franc symbolique. Trois grandes campagnes de travaux vont permettre de le restaurer : en 1970-72, 1980-85 et 2010-12. «La quatrième campagne, qui va s’étaler jusqu’en 2020, vise à consolider le rempart”, annonce Jean-Yves Méreau qui a succédé à son père (décédé en août 2016) à la présidence de l’association.

Le rempart a été construit sur l’argile qui résiste très bien à la compression, mais qui est sensible à l’érosion par les vagues et les galets brassés. De fait, une cuvelle s’est creusée, provoquant un effondrement partiel. «Pour y pallier, explique le président, nous avons choisi une technique simple, respectueuse de l’environnement et réversible, qui consistera à combler la cuvette sur 6 mètres de large au droit du rempart, sur 70 mètres de linéaire, pour éloigner la zone érosive du pied du fort. L’enrochement, en calcaire de Marquise, sera lié au béton à prise rapide afin de pouvoir travailler entre deux marées, car la zone est immergée deux fois par jour.»

Un chantier de 178 000 euros

Si le ministère de la Culture participe à hauteur de 58 400€ et le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, à hauteur de 40 000€, le complément est apporté par l’association (30 000€) et le mécénat Total via la Fondation du patrimoine. Reste encore à trouver 300 000€ pour l’étanchéité de la terrasse sommitale, le remontage du pignon de l’écurie et la réparation du mur de fermeture.

Au total, de 1967 à 2020, ce seront 2,5 millions d’euros actuels qui auront été investis dans la restauration du fort, tous financements confondus (dont le mécénat Crédit agricole et des souscriptions publiques). «On peut estimer à la même somme le bénévolat valorisé, ajoute Jean-Yves Méreau. C’est-à-dire ce qu’il aurait fallu dépenser pour tout le travail effectué par les bénévoles.» Ce sont les bénévoles également qui assurent l’accueil de 6 000 visiteurs (groupes ou particuliers) chaque année. Cela constitue un très rare exemple de monument historique de cette importance, propriété d’une association qui assume seule le fonctionnement et les charges.

Jean-Yves Méreau (à droite sur le perron) et le délégué régional de la Fondation du patrimoine (au pied) ont présenté, le 23 mai, le chantier de restauration du fort.