Le financement de la reprise d’une entreprise

Lorsque vous rencontrez un professionnel de la transmission et que vous êtes à la recherche d’une entreprise à reprendre, la question relative à votre niveau d’apport personnel vous est systématiquement posée. Question bien légitime, quand on connaît la réalité du marché et les “exigences” des futurs financeurs de l’acquisition (notamment le réseau bancaire). Bien qu’il n’existe pas véritablement de norme, en pratique et à ce jour, une banque suivra difficilement un projet pour lequel votre apport personnel serait inférieur à environ 1/3 de la valeur de l’entreprise. On peut toujours trouver des exemples de reprise d’entreprise avec un ratio apport/valeur de rachat inférieur, mais il s’agit bien souvent d’une conjonction de paramètres extrêmement favorables. L’apport personnel est donc un élément important, voire déterminant dans tout projet de reprise. Complété par d’autres sources de financement, il servira de base à la définition de votre projet de reprise.

Le financement de la reprise d’une entreprise

Définir son apport personnel pour la phase de recherche d’une cible à reprendre

La première étape quand vous êtes à la recherche d’une entreprise est de définir ce que vous êtes prêt à investir dans la reprise à titre personnel et sur le plan financier. En d’autres termes, voir quel montant de votre épargne personnelle vous souhaitez utiliser pour le rachat. Les comptes épargne “classiques” peuvent être mobilisés (livret A, PEE, PEL, PEA, PEP, …). La Loi pour l’Initiative Economique permet aujourd’hui de sortir des sommes “bloquées” sans frottement fiscal dans le cadre d’une création ou reprise d’entreprise.

On y retrouve également le montant de la prime de licenciement pour les repreneurs demandeurs d’emploi (dans les cas d’un licenciement économique ou d’un départ négocié). Pour ce même public, Pôle Emploi accompagne l’allocataire dans son projet de reprise (ou de création). Si le demandeur d’emploi perçoit l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), deux possibilités s’offrent à lui :

• l’aide à la reprise ou à la création d’entreprise versée en deux fois (le premier versement à la date de début d’activité, le second, six mois après) et correspondant à 45% des allocations qui restent à l’allocataire à la date où il débute son activité,

• le maintien partiel de ses allocations pendant la phase de démarrage de l’activité. Communément appelé “love money” ou “friends & family”, l’argent investi par vos proches dans votre projet de reprise peut être un plus non négligeable au moment de définir votre apport personnel. Outre le fait qu’il augmentera votre apport personnel, il est également un bon indicateur de la confiance de votre entourage envers vous et votre projet, ainsiqu’une source possible de conseils.

La définition de votre apport personnel vous apportera ainsi une indication sur le niveau maximal de valorisation d’entreprise que vous pouvez cibler dans le cadre de votre recherche. En fonction des dossiers présentés, vous ne mobiliserez cependant pas forcément les mêmes sommes. Les intermédiaires en reprise/transmission en ont conscience et pour cette raison, ils vous préconisent d’indiquer votre apport personnel maximal. Partant du principe : “qui peut le plus peut le moins”, un dossier de cession qui se situe dans la “fourchette basse” de votre ciblage vous sera tout de même présenté s’il correspond à votre profil et à vos domaines de compétences. Enfin, l’apport personnel annoncé doit être sincère et mobilisable à court terme. L’exemple d’un bien immobilier entrant dans cet apport est à prendre avec précaution, tant les paramètres sont fluctuants (durée de mise en vente du bien, prix de vente, …).

Compléter son apport personnel en vue du financement bancaire

Vous avez trouvé l’entreprise que vous désirez reprendre et les négociations sur la valeur de rachat ont abouti. Une étape importante a été franchie. Reste maintenant à financer l’acquisition et pour cela il faut si nécessaire compléter son apport personnel et convaincre une ou plusieurs banques de vous suivre dans cette aventure. Les prêts d’honneur Un prêt d’honneur est un prêt à taux zéro, sans garantie, mais comme son nom l’indique, cela reste un prêt et donc un endettement (qui peut être à titre personnel). Il existe ainsi des prêts d’honneurs proposés soit par des plateformes d’initiatives locales (16 PFIL en Nord Pas de Calais), soit des réseaux spécialisés dans l’entrepreneuriat comme par exemple le Réseau Entreprendre (39 associations à ce jour en France, dont 4 dans la région Nord Pas de Calais) ou encore des structures privées (groupes industriels, …).

Les montants diffèrent d’un interlocuteur à un autre (sur des opérations de reprise où de nombreux emplois sont en jeu, les prêts d’honneur peuvent s’élever jusqu’à 50 000 euros) mais les conditions d’octroi sont souvent similaires. Bien plus qu’un simple financement, la structure qui octroie le prêt propose également un accompagnement personnalisé.

Son rôle est ainsi de faire effet de levier et de vous faciliter l’accès aux prêts bancaires.

L’ouverture du capital à un tiers :

Il s’agit très clairement d’un choix personnel du repreneur, car c’est accepter de partager son capital et de laisser un tiers s’ “immiscer” dans la gestion de l’entreprise. D’un autre côté, c’est la possibilité de se positionner sur des entreprises plus importantes (taille, volume d’affaires, valorisation …) qui auraient été inaccessibles pour une personne seule et de bénéficier de conseils de professionnels. Deux types d’acteurs viennent à l’esprit : les Business Angels et les sociétés de capital investissement (ou capital risque) :

• Les Business Angels sont des particuliers qui investissent une part de leur patrimoine dans des start-ups à fort potentiel en échange d’une participation dans l’entreprise. Ils apportent aussi leur expertise en gestion d’entreprise et ouvrent leur réseau de contacts personnels. Ils jouent un rôle crucial en participant financièrement et en apport de compétence, en amorçage/ création et / ou dans les différentes étapes de développement du cycle de vie des entreprises (dont la reprise). L’intervention du Business Angel est à long terme, active, et peut prendre diverses formes. Le montant moyen investi par individu en Europe est de 80.000 € à 250.000 €, selon le type d’affaires et la région. Ces montants peuvent augmenter lorsque le business angel co-investit avec d’autres investisseurs ou par l’intermédiaire d’un fonds de co-investissement. Dans la région Nord Pasde- Calais, La Plateforme transfrontalière d’Investissements privés Nord de France – Wallonie est animée par deux associations : les Business Angels Nord de France et WABAN, qui mutualisent leurs forces pour favoriser le développement économique du Nord-Pas de Calais et de la Wallonie par le biais d’investissements privés. Les deux associations sensibilisent d’une part les entrepreneurs sur l’intérêt d’ouvrir le capital de leur entreprise. D’autre part, elles informent les Business Angels sur les potentiels d’investissement (www.i-prives.com).

• Les capitaux investisseurs sont segmentés en fonction de leur zone géographique d’intervention, de leur type de financement (capital risque, capital développement, capital transmission, capital retournement, …), du niveau de participation (majoritaire ou minoritaire) et du montant de l’investissement. Finorpa (www.finorpa. fr), Croissance Nord Pas de Calais (www.irdnpdc.fr), Nord Capital Investissement et Siparex sont des exemples d’acteurs du capital-développement sur le Nord Pas de Calais.

L’intervention d’OSEO

Un autre acteur incontournable lorsqu’on aborde le financement de la reprise d’entreprise est OSEO (www.oseo.fr). Les outils mis à la disposition des repreneurs sont :

• le Prêt à la Création d’Entreprise (PCE – Prêt sans garantie ni caution personnelle de 2 000 à 7 000 €, d’une durée de 5 ans avec 6 mois de différé d’amortissement du capital et de paiement des intérêts accordé aux repreneurs et créateurs. Il est accompagné systématiquement d’un concours bancaire (financement du matériel, véhicule…) de plus de 2 ans et d’un montant au moins équivalent au double de celui-ci),

• le Contrat de Développement Transmission (prêt sans garantie ni caution personnelle, de 40 000 à 400 000 €, d’une durée de 7 ans maximum avec un allègement du remboursement les 2 premières années. Il accompagne systématiquement un prêt bancaire d’une durée minimum de 5 ans qui peut bénéficier d’une garantie OSEO. Il représente au maximum 40 % de l’ensemble des prêts mis en place),

• la Garantie du Financement de la Transmission (garantie d’au moins 50% du concours bancaire).

Le crédit-vendeur

Reste votre propre cédant qui peut-être un acteur du financement de la reprise de l’entreprise via le “crédit-vendeur”. Selon le contexte, la confiance établie avec le cédant et sa situation patrimoniale, il est possible de trouver un accord par le vendeur du paiement différé dans le temps d’une partie du montant de la transaction. Ce crédit est pour le repreneur une source de financement qui viendra se substituer à une partie du crédit bancaire. Dans les temps actuels, le crédit-vendeur se retrouve dans un nombre croissant d’opérations de reprise.

Entre fonds propres, emprunts, prêts d’honneur, dettes et ouverture du capital, les solutions qui s’offrent aux repreneurs sont nombreuses. Commencez à réfléchir bien en amont de la finalisation de la négociation à ces différentes possibilités car une fois la lettre d’intention puis le protocole signés, le temps pour finaliser votre financement vous sera souvent compté. 

*) Le Bureau de rapprochement des entreprises (BRE), service de la Chambre de commerce et d’industrie de région Nord de France, est spécialisé dans l’accompagnement et la mise en relation entre cédants et repreneurs de PME-PMI. Pour plus d’informations et obtenir un rendez-vous avec un conseiller en cession/acquisition de PME-PMI, veuillez contacter Claudette ADAMSKI au 03 20 63 79 71 – c.adamski@norddefrance.cci.fr – 2, Palais de la Bourse – 59000 LILLE.