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Le Département de la Somme veut favoriser le retour à l’emploi des allocataires du RSA

Le Département de la Somme se mobilise pour accompagner les allocataires du RSA vers l’emploi. Pour cela, il souhaite lever les freins qui empêchent un retour à la vie active et inciter financièrement les employeurs à recruter ce public cible.

Le nombre d’allocataire du RSA est passé de 19 443 fin 2020 à 17 631 aujourd’hui. ©Pixabay
Le nombre d’allocataire du RSA est passé de 19 443 fin 2020 à 17 631 aujourd’hui. ©Pixabay

« Aujourd’hui, le travail ne paye pas assez, il existe trop peu d’écart entre les salaires les plus faibles et le RSA », regrette Stéphane Haussoulier, président du Conseil départemental de la Somme qui souhaite favoriser le retour à l’emploi en impliquant à la fois les allocataires du RSA, mais aussi les employeurs. Le département compte aujourd’hui 17 631 allocataires du revenu de solidarité active, une charge qui représente plus de 20 millions d’euros par an pour la collectivité.

Agir en faveur de l’emploi

Le Département souhaite faire monter en puissance le Contrat initiative emploi (CIE) qui permet de prendre en charge le salaire d’un allocataire du RSA à hauteur de 47,6%, pour un salaire équivalent à un Smic. Cette aide s’applique pour un contrat hebdomadaire de 30 heures pour une durée maximum de six mois pour un CDD et d’un an pour un CDI. 

« Cette initiative est d’abord destinée aux secteurs en tension comme l’hôtellerie restauration, l’agriculture ou le bâtiment. Nous allons travailler avec les représentants des employeurs pour évaluer les besoins », explique Stéphane Haussoulier. 

Mi-juin, une première expérimentation a été lancée sur la côte picarde avec pour l’instant trois restaurateurs partenaires. Une centaine d’allocataires du RSA ont été invités à se présenter dans ces établissements qui manquent de main d’œuvre. « Il faut que les employeurs qui s’engagent dans cette démarche soient conscients qu’ils peuvent rencontrer des gens éloignés de l’emploi. Ils vont avoir besoin d’un tuteur et de temps pour se faire aux codes de l’entreprise », prévient Stéphane Haussoulier qui veut également accompagner particulièrement les jeunes suivis par l’Aide sociale à l’enfance (Ase) jusqu’à leur majorité.

« Il faut qu’ils préparent leur avenir et leur insertion professionnelle », affirme-t-il, rappelant au passage que le Département a étendu leur prise en charge jusqu’à 21 ans. Un dispositif qui doit permettre de lutter contre la grande précarité qui guette souvent les anciens enfants placés. 

Au niveau national, 40% des jeunes de moins de 25 ans à la rue sont passés par l’Ase. Le président du Conseil départemental de la Somme veut aussi porter une attention toute particulière au moins de 40 ans, allocataires du RSA depuis plus d’un an, une tranche d’âge contre laquelle a été prononcée le plus de sanctions.

Le Département veut favoriser le retour à l’emploi. ©Pixabay

Lever les freins

« Nous devons aussi travailler sur les freins à l’emploi. Pour cela, le Département va investir 6 millions d’euros sur les quatre prochaines années pour travailler avec des associations sur ce sujet », annonce Stéphane Haussoulier qui évoque par exemple la mobilité ou l’aide à la garde d’enfant. 

« Le Gouvernement a annoncé la possibilité pour les ménages les plus modestes d’accéder à une voiture électrique pour 100 euros par mois. Le Département est prêt à participer à cette initiative, assure-t-il. Quant à la garde d’enfant, il faudrait réfléchir à la possibilité de flécher des places en crèches », ajoute-t-il. 

Si des dispositifs régionaux existent sur ces deux sujets, Stéphane Haussoulier souhaite lui intervenir en amont. « Ces aides sont mobilisables si vous avez retrouvé un emploi, je pense qu’il faut intervenir avant, au moment de la recherche, pour lever tous les freins qui bloquent aujourd’hui certains allocataires », précise-t-il.

La Cour des comptes évalue pour la première fois le RSA

En janvier dernier, la Cour des comptes a publié un rapport dans lequel elle évaluait pour la première fois le Revenu de solidarité active généralisé en juin 2009 par Martin Hirsch alors Haut-Commissaire aux solidarités. 

En 2019, 2 millions de foyers touchaient le RSA. Si cette allocation de 565 euros pour une personne seule est un dispositif efficace pour lutter contre la très grande pauvreté, 65% des bénéficiaires affichent des revenus en dessous du seuil de pauvreté. Le retour à la vie active est également complexe pour les allocataires : sur les dix dernières années, seuls 34% d’entre eux ont retrouvé un emploi. Par ailleurs, 41% des allocataires reviennent au RSA après en être sortis.