Le cycle Hautes Etudes régionales (HER) centré sur l’Europe cette année

La 5e promotion du cycle d’études HER à Sciences-Po Lille se prépare à se rendre en septembre à Vilnius (Lituanie) dans le cadre du voyage d’étude qui clôt cette formation «qualifiante» d’un an, destinée aux cadres du secteur privé, public et des milieux associatifs.

Le cycle Hautes Etudes régionales (HER) centré sur l’Europe cette année
D.R.

Thibault Tellier.

Départ à Bruxelles, arrivée à Vilnius ! Si l’année académique 2013-2014 du cycle d’études HER devait être comparée à un marathon, le plan de parcours serait l’Europe. En octobre dernier, c’est dans la capitale européenne que s’est tenu le séminaire d’ouverture du cycle annuel des Hautes Etudes régionales. «Le séminaire avait porté sur le thème des lobbies, indique Thibault Tellier, adjoint au maire de Roncq chargé de l’action éducative, enseignant-chercheur et directeur des Hautes Etudes régionales depuis cette année. Beaucoup ignorent comment fonctionne le lobbying au sein de l’Union européenne. Le programme, très riche, nous a amenés à rencontrer certains lobbyistes ainsi que les responsables de l’ambassade France auprès de l’UE.» Et c’est la capitale lituanienne qui a été retenue pour le voyage d’étude devant valider la formation de la 5e promotion. «Vilnius, parce qu’il nous a semblé que cette ville est un symbole de l’ouverture européenne», indique Thibault Tellier. Interviendra ensuite le traditionnel grand oral d’évaluation en octobre. Puis, remise du certificat d’études politiques à la vingtaine d’auditeurs de cette promotion. «Auditeurs», c’est ainsi que s’appellent les participants à ce cycle annuel. «Car ce ne sont pas à proprement parler des étudiants mais des gens qui sont déjà dans la vie professionnelle.» Des hommes et des femmes appartenant pour la plupart aux catégories socioprofessionnelles intermédiaires et supérieures : élus, dirigeants et cadres d’entreprises publiques ou privées, fonctionnaires d’Etat ou des collectivités territoriales, représentants d’organisations professionnelles, responsables d’associations, syndicalistes, etc. Le Conseil régional et Sciences-Po Lille, en créant le cycle des Hautes Etudes régionales en 2010, affirmaient vouloir «fournir les principales clés de compréhension des dynamiques économiques, sociales, environnementales et de gouvernance» à ces acteurs du secteur public, privé et des milieux associatifs. «Le but c’est vraiment de qualifier des acteurs professionnels à un moment de leur parcours», ajoute Thibault Tellier. Le cycle comprend des séminaires thématiques «qui mettent en perspective les enjeux fondamentaux du développement territorial de la région Nord-Pas-de-Calais».

 

Six grands axes. Les séminaires s’articulent autour de six grands axes : ouverture à l’Europe et au monde ; fractures et disparités territoriales ; mécanismes et leviers du développement économique ; environnement et cadre de vie ; société de la connaissance et de la communication ; gouvernance régionale et citoyenneté. Le cursus s’enracine dans les problématiques de développement de la région. C’est d’ailleurs cette caractéristique du cycle qui a décidé une auditrice de la première promotion à l’intégrer en 2010. «Je voulais avoir des repères sur les grands enjeux de la région et les intégrer dans mon activité à la mairie», affirmait Claire Arnault, alors chargée de coordination du développement social à la mairie de Tourcoing et qui venait d’arriver dans le Nord. «Moi qui suis journaliste au service régions de La Voix du Nord, la formation m’a permis d’avoir une connaissance plus globale de la région dans des domaines variés», affirme Pierre-Laurent Flamen. Et Henri Hoyez (voir encadré) d’ajouter : «La formation met bien en lumière les aspects innovants de la politique de la région Nord-Pas-de-Calais.»

 

Thème prochain, «les mobilités». Comme dans bien des grandes écoles, chaque promotion a son parrain. Celui de la 1re n’était autre que Pierre Mauroy. La 5e a le sien et c’est Rudy Demotte, homme politique belge, européen convaincu. Bruxelles, Vilnius, Rudy Demotte, etc., des symboles pour marquer le thème central commun aux six modules du cycle 2013-2014 : l’ouverture européenne. Hormis le séminaire sur le lobbying en Europe, le programme d’enseignement qui se déroule à Sciences-Po Lille a porté également sur le mécanisme des fonds FEDER, la mission de réduction des disparités régionales du Comité des régions, une institution européenne méconnue, etc. L’année académique n’est pas complètement achevée que déjà le thème de 2014-2015 est déjà connu : les mobilités. Comme parrain de la 6e promotion, on annonce Frédéric Cuvillier, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche. Les inscriptions se poursuivent jusqu’en septembre. Le séminaire d’intégration de l’année académique 2014-2015 aura lieu à Boulogne-sur-Mer les 16 et 17 octobre.

 

Interview à la suite

«Un nouveau monde s’ouvrait à nous…»

Suzie Balcerek (2e promotion), assistante de l’adjointe à la culture à la mairie de Lille.

D.R.

Suzie Balcerek.

 

La Gazette. Qu’est-ce qui vous avait motivée à participer à cette formation en 2011-2012 ?

Suzie Balcerek. Je cherchais à m’enrichir humainement et professionnellement parce que j’avais arrêté mes études. J’avais fait une licence de lettres modernes et j’ai commencé à travailler très tôt comme assistante à l’adjointe à la culture. J’ai intégré HER parce que j’avais envie de continuer à apprendre, de sortir un peu de mon cadre professionnel.

Qu’avez-vous apprécié le plus ?

Cette formation à Sciences-Po, c’était un nouveau monde qui s’ouvrait à nous. Je n’avais absolument pas connaissance de problématiques dans des domaines que je ne connaissais pas, tels que l’énergie, l’entreprise… J’ai aimé le côté décloisonnement des pratiques, le fait d’être enrichie à la fois par les intervenants et par les collègues apprenants qui sont d’horizons différents.

Dans quelle mesure la formation a-t-elle pu être utile dans votre parcours professionnel ?

J’avais un profil assez atypique. J’étais la plus jeune, j’étais la seule à être l’assistante d’une élue, alors que dans la promotion, il y avait, par exemple, quelqu’un comme Akim Oural qui est lui-même un élu. La formation m’a donc apporté beaucoup de choses. J’ai compris que pour avancer professionnellement, c’est aussi du côté personnel que je devais le faire. Et donc j’ai décidé de créer mon association en janvier 2013. Elle s’appelle Mine de culture. C’est d’abord un site internet, une plate-forme d’échange sur l’actualité culturelle du bassin minier. Elle sert de passerelle et contribue à rapprocher des gens qui travaillent aujourd’hui ensemble. Je remercie vraiment la Ville de Lille qui m’a permis de bénéficier de cette formation.

 

Interview à la suite

«Rencontrer des personnes de même niveau de responsabilité»               

François Delhaye (5e promotion), architecte, chargé de mission à l’Association régionale pour l’habitat à Lille.  

D.R.

François Delhaye.

 

La Gazette. Pourquoi avez-vous décidé de suivre ce cursus ?

François Delhaye. C’était pour rencontrer d’autres personnes qui avaient le même niveau de responsabilité en région, mais dans des domaines que je ne connais pas.

Est-ce que  cela a été le cas ?

Tout à fait… Le groupe était homogène au regard du niveau de qualification et de responsabilité. Chacun avait sa spécialité. Et nous avons pu échanger sur nos domaines.

Qu’avez-vous pensé de «l’ouverture à l’Europe», thème central cette année ?

C’était important pour nous. Non seulement parce que c’est une année charnière pour l’Europe mais aussi parce que nous nous sommes rendu compte que nos connaissances sur l’Europe étaient bien moyennes. En particulier sur le fonctionnement institutionnel. Et ce, bien que nous soyons quelques-uns à monter des projets dans le cadre du FEDER. C’est grâce à ce volet «Europe» que nous avons eu le séminaire à Bruxelles, des séances décentralisées à Tournai, Courtrai… Que nous avons rencontré des responsables de l’Eurométropole, de la région wallonne…

 

                                                

Encadré 1 :

D.R.

Henri Hoyez.

 

Une association fédère les anciens auditeurs de HER

Elle s’appelle POST-HER et son siège se trouve dans les locaux de Sciences-Po Lille. L’association des anciens «élèves» des Hautes Etudes régionales, créée par la première promotion en 2011, compte une quarantaine de membres. Soit environ 40% du total des anciens auditeurs. La structure permet de prolonger le volet «réseau» mais aussi «d’entretenir un certain pétillement intellectuel», selon le mot de son président Henri Hoyez, DGS de la mairie de Méricourt, lui-même issu de la 1re promotion.

La vie de l’association est rythmée par des visites de lieux ou d’équipements «un peu inaccessibles» au grand public. En juin dernier, les membres ont visité le temple maçonnique du Grand Orient à Lille. Des visites inédites qui ont permis aux membres de découvrir, par exemple, le PC de conduite du métro de Lille, la cristallerie d’Arques, etc. Une visite est programmée pour cette rentrée mais le lieu n’est pas encore défini. «J’aimerais bien que ce soit Eurotunnel», dit Henri Hoyez.

 

Encadré 2 :

Projet d’un mini-mémoire de fin d’étude : l’avis de quelques auditeurs

Pour évaluer et valider les connaissances et compétences acquises, l’équipe pédagogique de HER envisage d’associer au traditionnel grand oral un mini-mémoire à réaliser par les auditeurs. L’idée est diversement accueillie :

Henri Hoyez (1re promotion) : «Le grand oral est une préparation individuelle. C’est quand même la marque de Science-Po. Le mini-mémoire s’il est présenté en petits groupes peut être la possibilité d’initier un travail d’équipe.»

Suzie Balcerek (2e promotion) : «C’est une bonne idée. Je trouve que l’oral c’est bien mais un peu de contenu écrit n’est pas mal aussi. Ça permet d’aller plus loin, notamment pour certaines personnes. Certains, comme les politiques, qui ont de l’aisance orale arrivent à mettre beaucoup de contenu dans l’oral. Je sais que moi j’en mets beaucoup plus dans l’écrit. Cela facilitera le rapport de certaines personnes avec cette évaluation. Elles ne joueront pas tout sur l’oral où elles auraient quelque difficulté à s’exprimer mais elles auraient du temps pour réfléchir à côté. Une évaluation hybride avec un oral et de l’écrit serait vraiment bien.»

François Delhaye (5e promotion) : «Il est vrai qu’un écrit ne serait peut-être pas mal. Aux niveaux où en sont les apprenants, je me demande si l’expression ne pourrait pas d’une part se réaliser à travers un PowerPoint ou toute autre présentation qui permet de synthétiser (ce que ne savent pas forcément faire les intervenants), et d’autre part s’étayer par le discours.»

Pierre-Laurent Flamen (1re promotion) : «Le mini-mémoire est une bonne idée. Mais je pense que je n’aurais pas pu le faire parce que j’ai énormément de travail dans ma vie professionnelle de journaliste.»