Le crowdfunding, une alternative aux banques pour financer facilement des projets

Le crowdfunding, ou "financement participatif", existe depuis plus de 200 ans mais revient sur le devant de la scène avec la crise économique et la frilosité des banques à financer de nouveaux projets de création et de développement. Rencontre avec le créateur de la plate-forme Cowfunding dont les locaux sont basés à Lille.

Le site Cowfunding est très simple de fonctionnement, il donne les grandes clés pour réussir un projet de financement participatif. 25 % des projets soutenus sur le site sont made in Nord-Pas-De-Calais.
Le site Cowfunding est très simple de fonctionnement, il donne les grandes clés pour réussir un projet de financement participatif. 25 % des projets soutenus sur le site sont made in Nord-Pas-De-Calais.
D.R.

Christophe Masson sera présent sur le salon Créer avec son associée Natasa Bogovac. Ils animeront plusieurs ateliers et expliqueront les fondements du financement participatif.

Le financement participatif est plus que d’actualité en ce début septembre avec le lancement d’une campagne de financement participatif des salariés du quotidien régional Nice-Matin pour présenter leur offre de reprise devant le tribunal de commerce. Après quelques semaines, les salariés ont réussi à lever 300 000 euros et peuvent dorénavant convaincre d’autres investisseurs.
L’exemple de Nice-Matin prouve que le financement participatif fonctionne pour sauver des entreprises en difficulté. Cependant, il est beaucoup plus utilisé pour permettre à des porteurs de projet de lever des fonds ou encore à des entreprises d’innover et se développer.
Comme le rappelle Christophe Masson, créateur de la plate-forme de financement participatif Cowfunding, «le financement participatif est une manière de récolter de l’argent en ligne, il fait appel à une dimension affective du contributeur par rapport au projet qu’il soutient. Il devient de plus en plus un complément aux financements classiques».
Le crowdfunding n’est pourtant pas nouveau (il existe depuis plus de 200 ans), mais il s’est redéveloppé avec l’essor des réseaux sociaux Tweeter et Facebook notamment. (Ndlr : Les réseaux sociaux sont indispensables pour la propagation d’une campagne de financement, ils permettent de toucher des gens qui ne se connaissent pas forcément, afin de les solliciter pour financer un ou plusieurs projets.)
«Cette nouvelle approche via Internet s’impose aujourd’hui comme étant la manière la plus simple de récupérer de l’argent pour financer des projets portés par des associations, des particuliers ou bien encore des entreprises», poursuit-il.

Des avantages. La manière la plus courante de fonctionner est le don contre don : «Des personnes soutiennent un projet et reçoivent en échange une contrepartie liée à la nature du projet, avec une gradation en fonction de l’argent investi.» C’est totalement différent du financement participatif par investissement, dit «Equity», qui permet à des personnes de prendre des parts, des actions dans une PME.
Une campagne de crowdfunding peut permettre de lever des fonds et servir ensuite de levier auprès de banques pour obtenir des crédits plus importants et développer une activité. Un autre domaine auquel on ne pense pas forcément est celui de l’étude de marché ou de la prévente. «Lorsqu’on a un produit en phase de prototypage, cela permet de faire de la prévente, de s’adresser à des entreprises et prévendre le produit avant de passer en production», explique-t-il. Cela permet de supprimer les coûts initiaux et de démarrer la production en ayant des clients et des commandes fermes.
Enfin, le financement participatif offre également un levier important en termes de communication. «C’est un outil de marketing qui permet à la fois de récolter des fonds pour un projet et, en parallèle, de faire parler de soi et donner un coup de projecteur sur l’objet du projet.»
Cependant, le financement participatif n’est pas une méthode miracle. En effet, «impossible de récolter des fonds en ligne sans être a minima présent sur la Toile. Il est important d’avoir une stratégie digitale sur les réseaux sociaux». La dynamique d’une campagne dépend du porteur et de sa capacité à faire connaître son projet et à le diffuser.

D.R.

Le site Cowfunding, simple de fonctionnement, donne les clés pour réussir un projet de financement participatif. 25% des projets soutenus sur le site sont made in Nord-Pas-de-Calais.

Une dynamique en région. Le siège de la plate-forme Cowfunding est basé en métropole lilloise, le site internet attire donc logiquement une grosse proportion de projets régionaux. «Il existe un peu plus de 80 plates-formes de financement participatif en France, elles sont en grosse majorité basée en région parisienne.» Le fait d’être installé à Lille permet à Cowfunding de «s’appuyer sur un réseau d’acteurs locaux et de toucher un maximum de personnes».
La plate-forme affiche ainsi sa volonté de soutenir des projets locaux, régionaux, autour de thématiques spécifiques que sont l’économie sociale et solidaire, le handicap ou encore le développement durable. Ce positionnement a permis à Christophe Masson et son associée Natasa Bogovac de nouer des contacts privilégiés avec des acteurs de la troisième révolution industrielle ou encore «de travailler avec des acteurs privés ou publics qui s’intéressent de près au financement participatif».
Créé il y a tout juste un an, Cowfunding attire chaque jour de nouveaux projets et nouveaux contributeurs. Il a d’ailleurs passé la barrière symbolique des 100 000 euros récoltés en juin dernier. «Aujourd’hui, Cowfunding c’est 104 654 euros levés en dix mois, 52 projets lancés, 60 euros de contribution moyenne et un peu plus de 2 500 utilisateurs.»
Parmi ces projets, certains sont arrageois, dunkerquois, lillois ou encore béthunois. Sur Cowfunding, 60% des projets sont associatifs, 40% pour des entreprises. «Le premier projet que nous avons financé est béthunois, il s’agit d’un café bus baptisé ‘le Caféméléon’ et porté par une association. Objectif : se rendre dans les différents quartiers de l’agglomération béthunoise et proposer des activités (manuelles, musicales, scientifiques, etc.) aux enfants.»
Aujourd’hui ,Christophe Masson et son associée savent que le développement de beaucoup de projets passera par le financement participatif. Ils seront d’ailleurs présents sur le salon Créer pour présenter leur plate-forme, mais pas seulement. «Nous allons également animer une conférence sur le financement participatif. Notre objectif est de donner toutes les clés aux porteurs de projet et de leur permettre d’utiliser au mieux les services de crowdfunding.»