Tendances

Le coworking, entre marché et fondamentaux

Tendances hier avec un boom en plein cœur de la crise sanitaire, le coworking (bureau partagé) s’affirme aujourd’hui comme un véritable produit pour les professionnels de la pierre entrepreneuriale, histoire notamment de rentabiliser les mètres carrés disponibles. Une vision bien loin de l’essence même du concept. Cette donne a poussé trois coworkers nancéiens à créer leur coworking associatif au cœur de Nancy. Nom de code : Charlie coworking.

© : Charlie Coworking Histoire de trouver coworking à leurs pieds, trois utilisateurs de coworking nancéien viennent de créer leur coworking associatif, Charlie coworking. Une approche où les fondamentaux même du concept s’imposent.
© : Charlie Coworking Histoire de trouver coworking à leurs pieds, trois utilisateurs de coworking nancéien viennent de créer leur coworking associatif, Charlie coworking. Une approche où les fondamentaux même du concept s’imposent.

Le coworking, ils le pratiquent depuis plus de dix ans, bien avant que le concept devienne tendance et ne soit aujourd’hui présent au catalogue de vente des professionnels de la pierre entrepreneuriale. Iscia Chehaïbou, formatrice en développement personnel et gérante d’Izi Training, Valéry Febvre, développeur informatique pour l’entreprise du numérique libre Easter Eggs et Philippe Bohlinger, journaliste indépendant sont passés par presque tous les espaces de coworking de la place nancéienne. Certains, à l’image de la Poudrière, n’ont pas survécu à la crise sanitaire. Face à la difficulté de trouver des locaux adéquats, et à des justes tarifs, le trio a décidé de monter son propre coworking associatif. Nom de code : Charlie coworking du côté du 48 de la rue Charles Keller. «Les besoins et les moyens des utilisateurs de coworking, nous les connaissons ! Les espaces de coworking proposés aujourd’hui sont issus de la mouvance qui s’est accélérée depuis la crise sanitaire. Les professionnels de l’immobilier d’entreprise l’ont bien compris, il n’y a pas plus rentable que de louer du m² en coworking», constate Valéry Febvre. «Tous propose l’ensemble des services nécessaires mais c’est souvent du coworking artificiel, c’est de la belle vitrine mais il n’y a pas vraiment d’âme.» Charlie coworking s’affiche comme «un coworking associatif et autogéré par une communauté d’entrepreneurs. Cela va au-delà de la simple mise à disposition de m² et de services communs. C’est un véritable lieu d’échange, d’ouverture d’esprit et d’éclosion d’idées», explique Philippe Bohlinger.

Un intérêt certain

Cet espace de travail partagé est géré dans l’esprit de l’Économie sociale et solidaire (ESS) bien loin de l’actuel développement mis en œuvre par les professionnels de l’immobilier tertiaire classique mais également par les entreprises elles-mêmes. «Avec des prises à bail de ces surfaces plus flexibles et plus petites à moindre coût, certaines entreprises ont vu dans ces offres de coworking, la possibilité d’assurer leur survie et éventuellement sauver une partie de leur salariés pendant la crise sanitaire, le poste immobilier étant la deuxième source de dépense d’une entreprise», constate un promoteur régional. Dans la mouvance actuelle de la volonté d’évoluer dans un espace collaboratif doublé d’un cadre motivant, convivial et chaleureux et histoire de briser le fameux isolement du travailleur indépendant et du chef d’entreprise, le coworking a suscité l’intérêt des professionnels de la pierre. «Et c’est une grande majorité de coworkers qui sont pénalisés car les loyers affichent pour la grande majorité des tarifs prohibitifs. Au sein de notre coworking associatif, nous ciblons des travailleurs indépendants, des télétravailleurs et des entrepreneurs qui possèdent un petit budget», continue le trio de Charlie coworking. Le coworking s’affichait il y a encore quelques années comme une façon d’entreprendre, une passerelle au démarrage d’activité voire même une philosophie associative (un homme, une voix), il se mue littéralement en marché aujourd’hui. Un marché qui pourrait s’avérer fructueux.

Marché en devenir

Coworking, un marché est-il né ? À cette question, la réponse est aujourd’hui affirmative. Reste que dans l’univers des professionnels de l’immobilier tertiaire, les avis sont plus ou moins tranchés. Certains y voient juste une tendance née de la crise sanitaire. «Aujourd’hui cela ne représente que 3 % du marché», assure une professionnelle nancéienne. Au niveau national, certains baromètres affirment que ce secteur pourrait représenter à terme jusqu’à 8 % du marché de bureaux. En France, en 2019 environ 1 700 lieux de coworking étaient répertoriés contre près de 3 500 à la fin 2022.