Le coût des postes de travail augmente
Les entreprises ont dépensé, en 2023, plus de 11 000 euros par poste pour l’environnement de travail. Dans un contexte marqué par l’hybridation croissante des modes de travail, une pression économique persistante et la transition énergétique, l’Idet, qui représente la filière des environnements de travail, révèle que les entreprises ont dû s’adapter et repenser les espaces professionnels.
Plus 4 % par rapport à 2022. C’est ce qu’ont dépensé les entreprises pour les environnements de travail des salariés en 2023. Une hausse qui reste néanmoins en deçà de l’inflation de 4,9 % sur la même année. Toutes catégories de dépenses confondues, les entreprises ont ainsi engagé 11 051 euros par poste, selon le baromètre "Buzzy Ratios" 2024 de l’IDET, dévoilé début décembre 2024. L’association représentant la filière des environnements de travail dresse une photographie des coûts et pratiques liés aux environnements professionnels. Le résultat de l’étude souligne les efforts d’optimisation et d’adaptation des directeurs des environnements de travail pour contenir le montant de ces factures dans un contexte « réglementaire, écologique et économique », tendu pour les entreprises.
Loyers et assurances en tête
« Les entreprises montrent une capacité remarquable à concilier maîtrise des coûts et transformation des environnements professionnels. Elles répondent ainsi aux attentes croissantes des salariés en termes de bien-être et d’attractivité des lieux de travail, tout en s’adaptant aux difficultés économiques et à l’hybridation croissante des modes de travail », constate Séverine Pilverdier, présidente de l’IDET.
Le poste de dépenses le plus important des environnements de travail ? L’immobilier avec les loyers et les assurances (61 %), en hausse de 4% par rapport à 2022, soit 7 708 euros par poste de travail. Un poids qui s’explique par la forte augmentation des indices de revalorisation des loyers et la hausse de la fiscalité, particulièrement dans les grandes agglomérations. Heureusement, dans le même temps, les entreprises ont réussi à stabiliser ces dépenses en adoptant « des modèles flexibles, comme le flex-office », permettant d’optimiser leur usage et d’investir dans de nouveaux services aux collaborateurs et de réduire les coûts immobiliers et de restauration, avec la fin du rattrapage post-pandémique.
Exploitation technique et fonctionnelle
Viennent ensuite les dépenses pour l’exploitation technique et fonctionnelle des bâtiments (19 %), soit 2 047 euros par poste de travail. L’ évolution du coût est estimée +3% par rapport à 2022, due à l’inflation, et notamment à la hausse des prix de l’énergie, la poursuite de la reprise des coûts d’entretien des bâtiments pour rattraper les travaux différés pendant la pandémie et à l’aménagement des espaces pour les collaborateurs.
Dernier poste de dépenses, les services aux collaborateurs (10 %, +3% par rapport à 2022, soit 1 093 euros par poste de travail). Les résultats de l’étude montrent un renforcement des prestations d’accueil et d’animation des espaces de travail, avec l’émergence de « l’hospitality management » et des prestations ayant vocation d’améliorer le bien-être, l'expérience utilisateur et d’encourager un retour au bureau. « Le rôle des services aux collaborateurs est de plus en plus stratégique pour maintenir l’engagement des salariés et donner envie aux salariés de revenir au bureau », note l’Idet.
A contrario, les coûts de la restauration ont légèrement reculé en raison d’une moindre fréquentation des cantines du fait du télétravail et d'un changement dans les attentes des employés, qui privilégient une offre alimentaire plus variée et durable. « Face à la concurrence pour les talents, les environnements de travail jouent aujourd’hui un rôle stratégique. Les entreprises doivent investir dans des espaces attractifs et innovants, tout en respectant des contraintes budgétaires », soutient Hubert Labouche, secrétaire général adjoint en charge des études et de la prospective au sein de l’IDET.
De même, les dépenses annexes (voyages, flotte automobile, courrier, fournitures…), qui s’élèvent à 3 070 euros par poste de travail, ont augmenté moins vite (-4% versus 2022) que l’inflation, en 2023. Ce, alors même que la facture de gestion de la flotte automobile a grimpé de 16 % par rapport à 2022 (925 euros par poste de travail), impactée par certains coûts qui continuent de croître (prix des véhicules notamment électriques, prix de l’énergie, sinistralité assurances automobiles, etc.).
*Etude réalisée auprès des entreprises adhérentes de l’IDET d’avril à novembre 2024, auprès d’un panel représentant près de 105 000 postes de travail, 2,2 millions de mètres carrés et 126 000 collaborateurs (dont 54% hors Ile-de-France).
Charlotte DE SAINTIGNON