Le constructeur lituanien y testera le marché français

La ZA de la Renaissance remplace Ramery par l’arrivée du puissant groupe balte Rimo et son antenne UAB Hidraulit dans le Nord. Son excellente situation géographique et son environnement d’entreprises automobiles ont décidé Rimo à y ancrer son siège français. Côté crise, on y verra plus clair en 2013…

Les reponsables Lituaniens lors de l'ouverture de l'agence française d'Hidrolit
Les reponsables Lituaniens lors de l'ouverture de l'agence française d'Hidrolit
D.R.

Les responsables lituaniens lors de l'ouverture de l'agence française d'Hidrolit.

Pour l’instant, Rimo France ce ne sont qu’un bâtiment, un garage-atelier et quelques locaux techniques à la sortie côté Aniche de la ZA de la Renaissance, sise à cheval sur Somain et Aniche. Ramery a revendu ses 5 000 m2 mais du foncier de réserve est là, tout proche, il en faudra car le groupe lituanien y fera transiter ses porte-voitures et y assurera leur maintenance. Une première brigade de techniciens baltes est à pied d’œuvre mais l’équipe et l’agence dirigées par le Français Bernard Salengue − 20 ans  de collaboration avec Rimo dans les différents pays clients, l’Est et les pays baltes − doit grossir dès 2013.

Le groupe Rimo est le 4e constructeur européen de porte-voitures qu’il vend sur  un marché en constante situation de demande de véhicules, des neufs car le parc s’use vite et la recherche galope, il faut renouveler…  Né dans la petite ville de Garliava à 10 km de la capitale Kaunas, Rimo est leader sur son marché, produisant autant de porte-voitures dans ses usines qu’il y a de jours dans l’année. Et il ne se cantonne pas au transport de voitures, même si c’est là son activité principale,  mais il crée des modèles adaptés à bien d’autres besoins.

Qu’est-ce qui a poussé le lointain groupe balte à se rapprocher du cœur de l’Europe et de notre région ? “Nous sommes largement leaders sur notre zone d’expansion balte et ex-soviétique, répond Bernard Salengue, il faut explorer d’autres marchés vers l’Europe de l’Ouest et plus spécialement la France, grande nation automobile. La concurrence est rude dans notre activité sur l’ensemble du territoire européen et la floraison d’entreprises françaises de transport de véhicules, sont autant de parts de marché que nous devions approcher un jour ou l’autre. Le choix du Nord est logique. Voilà plusieurs années, 3 ou 4, que nous avons pris cette décision de venir ici en raison bien sûr du hub routier reliant le Sud de l’Europe au Nord et ses nombreuses ramifications vers la Grande Bretagne, le Bénélux, l’Allemagne et la Scandinavie et bien sûr l’Est européen. Et en plus, toutes les grandes marques automobiles françaises et japonaises y sont déjà présentes. Mais nous avons peiné pour trouver ces 5 000 m2… Le bon foncier bien situé n’est pas légion.”

Le marché français pour l’instant, ce n’est qu’une dizaine de porte-voitures comme l’a expliqué lors de l’ouverture du site avec les élus de l’Ostrevent, le bras droit du PDG lituanien, Gintaras Bernatavicius, qui ajoute aux arguments déjà cités, celui de la proximité des plus grands ports européens à fort tonnage. Cette première implantation en France, il faut qu’elle soit réussie. On sent  à travers les propos de Bernard Salengue que les investisseurs baltes ne sont pas pressés et veulent étudier ce nouveau marché et ses débouchés qui, sait-on jamais, peuvent un jour ou l’autre déborder des frontières de notre région. Le groupe Rimo, fort de 200 employés en Lituanie, est ambitieux mais méthodique et patient, des qualités typiquement baltes. D’ailleurs, Gintaras Bernatavicius qualifie l’agence de La Renaissance, de bureau d’études ce qui en résume parfaitement l’esprit. Avant les premières embauches qui devraient démarrer en 2013 mais d’abord en fonction du marché de l’automobile dont on ne sait plus très bien ce qu’il est, il faudra former des mécanos et s’organiser côté administration.

En Lituanie, le rythme de production de 360 porte-voitures par an a un peu faibli, crise oblige.

Si Bernard Salengue reste très discret sur la question et le CA prévisionnel 2013 en France, et on le comprend, il est clair que dès le début de la crise en 2008/2009, les dirigeants lituaniens avaient compris qu’il leur fallait augmenter leurs parts de marché hors de leur jardin mais sans trop s’engager. L’automobile est une aventure bien incertaine en ce moment, mais Bernard Salengue remarque quand-même que son marché vient à lui et non le contraire, il faut bien entretenir et remplacer les porte-voitures avec régularité…

Seule chose déplaisante, il reste les formalités  administratives européenne et française (via la RTI) à terminer, l’exploitation totale du site ne pourra vraiment démarrer qu’après, mais quand ? Si Hidraulit a reçu un accueil enthousiaste et compétent de Cœur d’Ostrevent via son président Jean-Jacques Candelier et Bruno Lamiaux le directeur du service de Développement économique1, la partie administrative et donc l’agrément d’exploitation passeront d’abord par Bruxelles puis par Paris (et Lille).

 

 

1. SDE : 03 27 71 37 51


Encadré

 

Quelle place pour Rimo sur le marché français ?

 

C’est toute la question et même si Bernard Salengue avance des contacts déjà avancés avec quelques donneurs d’ordres, sur  un marché qui se veut national à partir d’une base arrière nordiste, le groupe estonien se montre très prudent et s’en tient à l’attitude réservée de l’échéphile qui observe en avançant prudemment ses pions…

Le marché européen des porte-voitures est très peu connu contrairement à celui de la voiture particulière. Il compte à peine quelques constructeurs : l’Italien Rolfo, l’autrichien Kässbohrer et le Français Lohr. Le second cité sillonne assez peu la France car assez cher et surtout n’ayant aucun réparateur agréé sur notre sol, un rude handicap au contraire de Rimo qui prévoit avant même toute activité marchande significative, la maintenance. Cela dit, la firme de Kaunas va devoir se battre pour débloquer les agréments EU et France le plus vite possible.

Les autres marques travaillant en Europe sont peu nombreuses et opèrent en général sur leur sol national et en périphérie. C’était le cas de Rimo jusqu’à ce qu’il prenne aujourd’hui une dimension nouvelle en Europe de l’Ouest avec cette implantation à Aniche-Somain. Dans les milieux professionnels, Kässbohrer est fréquemment cité en positif mais la qualité estonienne et sa longue tradition industrielle vont très probablement changer la donne et les équilibres anciens. Une chose est certaine pour l’instant toutes les marques en présence sont fiables, il faut donc une valeur ajoutée quelque part, ce qui les distinguera peut-être ce sera le prix (1) , les utilisateurs apprécieront. Aujourd’hui, le Français Lohr se distingue par le sens de l’innovation, on lui doit notamment l’Eurolohr sur les remorques à flancs autoporteurs, les seuls à équiper les flèches de remorques d’un stabilisateur. Très apprécié des chauffeurs qui chargent les véhicules.

Une activité méconnue.

Deux sortes de porte-voitures existent : les «traditionnels» avec généralement un porteur de 19 tonnes et une remorque 2 essieux. Puis les «Eurolohr» (qui ne sont pas forcément du vrai Lohr) composés d’un tracteur de 4 x 2 avec sellette à l’arrière du châssis pour accrocher le porte-voitures ou une  grande remorque à 2 ou 3 essieux.

L’acheteur doit choisir entre les «traditionnels» plus polyvalents côté distances de livraisons que les autres et un type Eurolohr favorisant plutôt les longues distances mais s’accommodant très bien des livraisons courtes. Ces derniers modèles permettent aussi la dépose du système de carrosserie ; intéressant pour les rotations  interusines via des navettes déjà chargées. Toujours côté technique, il y a les partisans des hautes roues ou roues petites qui conditionnent le type et le nombre de véhicules à transporter.

La clientèle est très diversifiée en France et en Europe qu’il s’agisse des VN (véhicules neufs) ou VO (véhicules d’occasion). Dans les premiers, le marché compte quelques sociétés spécialisées travaillant directement pour les constructeurs (Gefco, Cat, Stva, Walon, etc) qui ensuite utilisent leur flotte ou affrètent des transporteurs. Pour le VO, l’éventail des clients est plus large car à tous ceux cités plus haut, il faut ajouter les loueurs, les sociétés de financement et de ventes aux enchères, les déménageurs bien sûr, les particuliers, les collectionneurs, garagistes et concessionnaires, les casseurs et les structures de recyclage, etc.

Enfin, il y a aussi une grande variété dans les véhicules embarqués : de la petite voiture au 3,5 tonnes de 20 m3. Une belle diversité, il y a donc  de la place pour tout le monde mais encore faut-il anticiper sur l’avenir du marché automobile et surtout à quel horizon temporel?

 

1 Prix moyen d’un porte-voitures Rimo sur catalogue Internet,  dans les 30 000 euros.

Contact :

Hidraulit– 03 27 86 61 24.