Le communiste Fabien Roussel joue sur sa popularité pour se détacher de la Nupes

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel entend bien continuer à cultiver sa singularité, de plus en plus détachée de la coalition Nupes, et être candidat à la prochaine présidentielle. Mais il doit convertir cette popularité dans les urnes, lui...

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, s'exprime lors de l'université d'été du parti, à Strasbourg, le 26 août 2023 © Frederick FLORIN
Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, s'exprime lors de l'université d'été du parti, à Strasbourg, le 26 août 2023 © Frederick FLORIN

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel entend bien continuer à cultiver sa singularité, de plus en plus détachée de la coalition Nupes, et être candidat à la prochaine présidentielle. Mais il doit convertir cette popularité dans les urnes, lui qui n'a fait que 2,28% en 2022.

A 54 ans, Fabien Roussel surfe sur une vague nouvelle: selon un sondage Ifop de septembre 2023, il peut se targuer de 44% de popularité (comme François Hollande), loin devant l'insoumis Jean-Luc Mélenchon (34%).

Pour le communiste, qui multiplie les phrases choc, c'est la preuve que sa stratégie fonctionne: "Je comprends, à travers ce que me disent les gens quand je les croise, que s'ils m'aiment bien, c'est à travers les messages que j'ai fait passer, les coups de gueule".

Parmi eux, sa défense des barbecues face à l'écologiste Sandrine Rousseau, ou sa critique de la "France des allocs", qui ont fait réagir ses alliés à gauche et suscité l'assentiment d'une partie de la droite. 

"La +gauche du travail+ à la Fête de l'Huma 2022, ça a marqué les esprits", se souvient Fabien Roussel, qui a réédité le buzz cette année, en appelant cette fois à "envahir" les préfectures, les grandes surfaces et les stations-services, de manière "pacifique", pour que le gouvernement agisse face à la hausse des prix. 

Lors de son discours, très applaudi, samedi à la fête de l'Huma, il a réitéré son appel. "Il faudrait que je m’excuse d’appeler à des mobilisations devant les préfectures" alors qu'"il y a aujourd’hui un tremblement de terre social dans notre pays?", a-t-il lancé.

Une initiative loin de convaincre ses partenaires de la Nupes, et notamment Jean-Luc Mélenchon, qui s'est dit opposé "à un tel niveau de violence". 

Qu'importe pour l'élu communiste, qui voit de plus en plus cette coalition comme "un carcan", voire "un boulet" et veut incarner "un espoir nouveau à gauche" en 2027. 

"Le nombre de gens qui m'ont arrêté pendant les émeutes pour me dire +Ouf, quelqu'un de gauche parle comme nous+... Ça m'encourage !", a-t-il expliqué à la presse vendredi.

Il a aussi proposé samedi de "participer personnellement à une opération Robin des bois" pour passer en heures creuses la fourniture d’électricité "d’une maternité, d’un hôpital, d’une école, ou d’un HLM". "Qu’il viennent m’arrêter!", s'est-t-il écrié.

Surenchère

Ses sorties détonantes pourraient, selon lui, lui permettre in fine de l'emporter en cas d'un hypothétique second tour face à Marine Le Pen. "Peut-être que des électeurs de droite voteraient pour moi. Si c'est un Insoumis, jamais".  

Mais quand on l'interroge sur la manière de convertir sa popularité en votes, le député du Nord botte en touche: "Je sais pas, en étant candidat peut-être ?". 

Elu en 2018 à la tête du PCF sur une ligne politique d'une plus grande autonomie par rapport à La France insoumise, Fabien Roussel fait régulièrement entendre sa différence avec ses partenaires de gauche. 

Samedi, lui qui refuse une liste commune aux européennes, comme EELV, a invité "ceux qui se cherchent à gauche à rejoindre notre liste. La liste d'union, elle est là".  

Pour Léon Deffontaines, chef de file de cette liste, "on sent que notre discours parle à des gens qui ne se retrouvent pas dans Jean-Luc Mélenchon". 

Mais du côté de la Nupes, la critique est de mise: "Il a choisi d'incarner une forme de ministère de parole, avec une logique de surenchère", déplore le député LFI Paul Vannier, qui dénonce aussi ses initiatives adressées à "un électorat de droite".

Fabien Roussel est "apprécié", reconnaît un sénateur socialiste. "Mais les gens peuvent aimer quelqu'un et ne pas voter pour lui".

"Il sait qu'il n'a aucune chance d'être le candidat de la gauche et des écologistes, mais il pense que son destin est de relever le PCF", renchérit un autre responsable socialiste.

Un élu écologiste abonde: "Fabien confond notoriété et intentions de vote. Personne ne pense que le communisme est l'avenir de la vie politique française". Et d'ajouter: "Si on doit faire l'unité et qu'il y en a un qui n'est pas là, il vaut mieux que ce soit lui". 

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