Le CJD défend les valeurs de l’entreprise sans langue de bois

Réseau national et international de jeunes dirigeants d’entreprise, le CJD fait entendre son engagement pour un libéralisme responsable depuis 1938. Christophe Praud, son président, en est actuellement la voix. Il fait le point sur le CJD et sur l’actualité économique. Avec une liberté de ton sans pareil.

Christophe Praud (à G.) et son vice-président, le Nordiste Laurent Bazin.
Christophe Praud (à G.) et son vice-président, le Nordiste Laurent Bazin.

La Gazette. Quelle est la vocation du CJD ?

Christophe Praud. Le CJD a deux vocations. La première, endogène, est d’aider les entrepreneurs à devenir meilleurs. La seconde, exogène, est d’influer sur la politique et la société civile. Les grands thèmes du moment, sur lesquels nous essayons d’apporter notre contribution au débat, sont triples : la promotion de l’entreprenariat, la simplification administrative et celle de la fiscalité.

 Il y a un gros travail d’explication pédagogique à faire sur ces thèmes et plus particulièrement encore sur l’image − très dégradée − de l’entreprise, considérée comme une base taxable confortable et comme un lieu de cupidité détenu par des méchants patrons riches…

D.r

Christophe Praud (à g.) et son vice-président, le Nordiste Laurent Bazin.

Comment changer cette image négative de l’entreprise ?

En nous faisant entendre ! Mais pas n’importe comment. En disant des choses vraies, avec une liberté de ton, sans langue de bois, sans être bridés par une quelconque branche ou le corporatisme comme on peut en trouver chez certains syndicats. Car le CJD est apolitique. C’est ce qui fait que nous sommes entendus – et appréciés – par les gouvernements.  Nous défendons l’entreprise comme entité, comme créatrice de richesse et d’emploi quel que ce soit le secteur d’activité.

C’est un travail de longue haleine qui nécessite beaucoup de rendez-vous, de réunions avec les responsables politiques et institutionnels. Nous nous étions mis à la disposition de Jérôme Cahuzac après sa nomination afin de pouvoir l’aider à faire le ménage dans les agences de l’Etat… Il aura fallu attendre deux ans pour que le sujet soit à nouveau abordé.

 

Quelles ont été vos propositions depuis l’élection de François Hollande ?

Nous en avons fait plus que d’habitude, car peu de ministres – pour ne pas dire aucun – ont eu une expérience en entreprise. Et beaucoup ont tendance à s’éloigner de la réalité économique. C’est le projet de  Sylvia Pinel sur les auto-entrepreneurs, dont nous avons essayé de montrer qu’il était trop dogmatique ; c’est le projet de la loi de finances 2013 qui a créé le mouvement des Pigeons que nous avons soutenu ; c’est une proposition de sensibilisation à l’entreprenariat aux enfants, dès la 6e, que nous avons faite à François Peillon lors des Assises de l’entreprenariat.

 

Quel est votre cheval de bataille du moment ?

Notre cheval de bataille actuel est plus médiatique que politique : faire réussir le Pacte de responsabilité. Par exemple, cela fait déjà dix ans que le CJD prône la suppression des cotisations familiales par les entreprises ! Ça devrait enfin être effectif en 2017. C’est un premier pas.

Le premier enjeu est de faire baisser le coût du travail. Ce sanctuaire français est en train de tomber, et c’est sous la gauche ! Les cotisants sont aujourd’hui trop peu nombreux pour couvrir tout le monde.

 

Quelles sont vos recommandations pour améliorer l’entreprenariat et l’entreprise en France ?

Il faut d’abord exprimer la réalité de l’entreprise de façon claire et compréhensible, et ne pas compliquer les choses.

Le dialogue social, par exemple, marche bien tout seul, il n’a pas besoin d’accords ! Il a été dégradé par la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires. Il faut faire savoir que la plupart des entreprises ont corrigé la perte de salaires pour que les salariés soient moins perdants. Mais elles sont retaxées sur ces augmentations de salaires ! C’est à double tranchant.

Autre sujet : les freins à l’embauche. En ce moment, ils sont au plus haut. Les chefs d’entreprise ont peur d’embaucher. Il faut simplifier, donner plus de flexibilité, accepter que l’emploi ne soit pas un stock mais un flux ! Le problème est que ce sont toujours les mêmes qui restent au chômage. Pour eux aussi, il faut que l’accès à l’emploi soit plus facile. Et plus léger à la sortie aussi. C’est un vrai combat.

 

Comment travaillez-vous en interne au CJD ?

Avant de faire des propositions officielles, nous travaillons beaucoup en interne, sous forme de commissions. Nous sommes en train de le faire pour le “Smic jeunes”, par exemple.  Notre stratégie nationale se nourrit des réflexions des membres de nos régions. Ainsi, l’Aquitaine a édité “Les 15 clés de la croissance en Aquitaine”.

 

Quels sont les avantages de rejoindre le CJD pour un chef d’entreprise ou un cadre dirigeant ?

Le CJD est d’abord un lieu d’échanges et de formations. On est là pour rompre la solitude du dirigeant, pour échanger entre pairs, pour exprimer ses doutes, ses envies, ses problématiques, qu’elles soient positives ou négatives. Nous proposons de nombreuses formations ainsi que des outils pour accompagner les dirigeants en questionnement. C’est, par exemple, le “groupe d’aide à la décision” (GAD) qui se met en place à la demande. Il est collectif, entre pairs, sans jugement et riche de la différence de regards. Nous sommes en train de travailler sur la création d’un “conseil de bienveillance” qui copie le système des comités d’administration des grandes entreprises, mais pour les TPE. C’est l’un des grands projets qui sera présenté au congrès de juin, avec 13 autres propositions.

 

Encadré 

Le CJD

− 17 régions, 107 sections locales en France comprenant 4 200 membres, dont 300 en Nord-Pas de Calais.

− 7 pays représentés à l’étranger (Maroc, Tunisie, Québec, République tchèque, Algérie, Mauritanie, Bénin) et des correspondants à travers le monde.

− “Jeune”. La limite d’âge est de 45 ans pour prendre des fonctions électives au sein du mouvement. L’âge moyen est de 39 ans.
− “Dirigeant”. Un Jeune Dirigeant est un chef d’entreprise ou un cadre dirigeant qui dispose d’une autonomie en matière de management et de gestion et d’une marge de manœuvre suffisante pour pouvoir conduire le changement, innover et faire progresser son entreprise.

− Une organisation décentralisée et un mode de fonctionnement en réseau. Les sections locales et régionales du CJD jouissent d’une très grande indépendance en termes de stratégie, de décision et de fonctionnement. Néanmoins, l’échange et le partage sont au cœur du fonctionnement du mouvement.