Patrimoine
Le château de Rambures : forteresse médiévale, et familiale
Dernier château fort intact au nord de la France, le château de Rambures promet un moment hors de notre temps aux petits comme aux grands. De nombreuses activités y sont organisées pour laisser en mémoire de beaux souvenirs.
Flanqué de ses quatre tours d’angle, de ses quatre demi tours et de sa tour de guet, la forteresse de Rambures, classée Monument historique, semble tout droit sortie des livres de chevalerie. Et pourtant, elle est bien réelle. Premier château de briques et pierres de France présentant des innovations défensives, il est achevé au XVe siècle sur fond de Guerre de Cent ans. La conception de ce lieu unique est attribuée à David de Rambures, grand maître des arbalétriers de France, la plus haute fonction militaire de l’époque, le "Lord Rambures" du Henry V de Shakespeare.
Le courage de Charles de Rambures
Dès l’An Mil, l’illustre maison de Rambures est mentionnée dans la chronique du royaume de France. Si la forteresse est parvenue jusqu’à nous, c’est grâce au courage héroïque de Charles de Rambures, capitaine de guerre français : « Il a sauvé de la mort le roi Henri IV en 1590 lors de la bataille d’Ivry, explique Aurélien Ries, régisseur du château depuis 18 ans. Il a perdu un bras. Le roi, qui le surnomma le brave Rambures, est d’ailleurs venu au moins quatre fois séjourner dans le château. On peut découvrir sa chambre lors de la visite. Par la suite, Louis XIII a accordé sa grâce à la forteresse qui n’a pas été démantelée par Richelieu. »
Sans ajouts, le château traverse tranquillement les siècles. Ses différents propriétaires l’aménagent pour en faire un lieu de vie. Des couloirs entre les tours et des fenêtres sont notamment créés. Il est meublé, notamment au XIXe siècle comme en attestent les nombreux meubles de style gothique. Une vingtaine d’imposants coffres en bois dont certains du XVe siècle témoignent d’une époque où les meubles suivaient les propriétaires dans leurs déplacements. Autres curiosités, le fumoir réservé aux hommes avec son mobilier de style Empire, Louis-Philippe et Consulat, les caves dans lesquelles se trouvent les anciennes cuisines et où l’équipe présente quelques techniques de tortures pratiquées au Moyen Âge.
La marquise artiste
Plus romantique est la chambre de la marquise Louise Amour Marie de la Roche-Fontenilles, dernière habitante de la forteresse et née en Guadeloupe. Décédée en 1924 et enterrée sous la chapelle érigée dans le parc, elle était peintre : « On retrouve plusieurs de ses autoportraits dans le château, relate Aurélien Ries. Elle avait ses entrées au musée du Louvre comme copiste. Des reproductions de grands maîtres sont à voir depuis le grand escalier. La marquise adorait Rambures, elle disait que son château était gentil et aimait qu’il soit isolé. Artiste, elle ne s’entendait pas avec la noblesse de son époque, très empathiques, elle et son époux aidaient beaucoup les gens du coin. »
De nos jours, le château de Rambures est très apprécié des visiteurs et surtout des familles. Environ 30 000 entrées sont enregistrées chaque année. Plus de 20 pièces sont à découvrir librement, les panneaux explicatifs sont très nombreux et complets : « Pour nous la pédagogie, c’est important », précise le régisseur. Un guide est toujours disponible pour répondre à des questions ou apporter de l’aide pour le jeu "Cherche et trouve". Des ateliers ludiques se déroulent régulièrement à destination des enfants : fabrication d’oriflammes en crépon, de blasons en crépon, composition de vitraux avec des éléments de la nature…
Cinq-cents variétés de roses
Les activités ne manquent pas non plus dans le parc de 15 hectares, classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques et jardin remarquable. Échiquier géant, tir à l’arc, tir à l’arbalète… attendent petits et grands qui peuvent aussi entreprendre une chasse au trésor dans le parc. Lequel abrite de beaux parterres, des prairies et de nombreux arbres importés, imposants et rares comme un mûrier blanc de Chine, des séquoias, ou encore un tulipier de Virginie. Datant de 2003, la roseraie, riche de plus de 500 variétés de roses, est incontournable.
« Pour l’actuelle propriétaire âgée de plus de 85 ans, c’est avant tout un château médiéval, confie Aurélien Ries. Elle dit qu’elle est dépositaire du lieu et qu’elle a un devoir de conservation. Pour moi, c’est un château familial : c’est la 24e génération qui s’en occupe. Nous trouvions important de présenter des photos de famille dans le château. »
Enfin, le 15 août, le château de Rambures est le lieu de célébration de l’Assomption. La fête de la Vierge attire plusieurs dizaines de personnes : « Pour nous, ce qui compte, c’est la réputation Internet. Les gens écrivent souvent qu’ils ont effectué un véritable voyage dans le temps. Nous pouvons aussi mettre en place des visites privatives pour les entreprises, nous l’avons déjà fait pour des banques. Ce qui nous motive toujours, c’est de voir les gens repartir contents », conclut Aurélien Ries.