Le chantier Socarenam lance le chalutier-langoustinier Breizh pour Lorient

Depuis près de dix ans, le port de Lorient-Kéroman n'avait pas accueilli de chalutier artisan neuf. Cet automne, s'est amorcé le renouvellement d'une flottille vieillissante, avec la mise à l’eau à Boulogne du Breizh, construit par le chantier naval Socarenam, en présence du président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins, le Corse Gérard Romiti qui a tenu à traverser la France pour saluer l’événement.

De gauche à droite, Gérard Romiti, Jean-Pierre Camenen, sa fille marraine du Breizh, et Philippe Gobert, le président de la Socarenam.
De gauche à droite, Gérard Romiti, Jean-Pierre Camenen, sa fille marraine du Breizh, et Philippe Gobert, le président de la Socarenam.

Si la coque en acier a été réalisée par un chantier polonais, le nouveau navire de l’artisan Jean-Pierre Camenen a été équipé et armé à Boulogne, avec une passerelle et un entrepont en aluminium. Long de 16,50 mètres et large de 6,40 mètres, il est équipé au chalut de fond et au pélagique : pour la langoustine et, l’hiver, pour le poisson divers (lotte, merlu, sole, cardine, anchois…).

«Dans le corps même du navire, explique Jean-Pierre Camenen, je dispose d’un vivier d’une capacité de 850 kg de langoustines, alimenté en eau pompée dans la mer et réfrigérée en continu (à 4 ou 5°), pour y conserver le crustacé vivant.» Même si la langoustine est abondante toute l’année depuis deux ans en océan Atlantique, l’artisan lorientais s’attend à des saisons moins favorables et à des quotas de pêche, délivrés par l’Union européenne, en nette diminution.

D.R.

Le patron breton, Jean-Pierre Camenen, est très fier de son nouveau chalutier construit à Boulogne.

Moins gourmand en gazole. L’architecture et le design de ce pêche-arrière à pont couvert, qui ne passe que 20% de son temps en route, ont été confiés au bureau d’études navales Coprexma qui a également prévu une cale réfrigérée pour les poissons non désirés qu’il faut désormais ramener à quai. Un gros effort a été consenti pour réduire sa consommation en gazole et donc pour améliorer sa rentabilité.

La construction a coûté environ 1,9 million d’euros. Cet investissement est réparti entre l’artisan pêcheur (70%) et l’Armement du golfe de Gascogne (A2G) Morbihan, créé par le Groupement de gestion des pêcheurs artisans lorientais (GPAL). «D’autres pêcheurs s’engagent», affirme le président Patrick Carriou, qui table sur un caseyeur de 12 mètres, un navire de 14 mètres en plastique pour Le Croisic, avant de signer la commande d’un autre bateau de 17 mètres.

Troisième génération de marins. L’ancien bateau Breizh, que Jean-Pierre Camenen avait acheté d’occasion, a été vendu en Croatie. L’équipage du nouveau bateau passera à six marins, dont deux en repos, la rotation permettant une meilleure exploitation. Si le patron a appris le métier à bord du Breizh Arvor avec son père (Jean-Pierre Camenen, lui aussi), il embarque désormais son fils Benjamin, âgé de 22 ans, à qui il souhaite transmettre la barre. Après quelques essais en mer dans le Pas-de-Calais et quelques rectifications et finitions à quai, le Breizh va rejoindre le port de Lorient, avant une première marée prévue en Atlantique dès ce mois de novembre 2016.

Parallèlement, la Socarenam, qui a lancé le «chalutier du futur» Arpege en septembre 2015 pour l’artisan pêcheur étaplois Alexis Hagneré, est en train d’achever, dans sa cale couverte, la construction de deux autres chalutiers pour les armateurs bretons Porcher et Eouzan-Travadon. D’autres belles références pour le chantier boulonnais !

D.R.

De g. à dr., Gérard Romiti, Jean-Pierre Camenen, sa fille, marraine du Breizh, et Philippe Gobert, le président de la Socarenam.