Le chantier de la chartreuse de Neuville reprend

L'association de préfiguration de la Fondation Chartreuse de Neuville a pu reprendre les travaux de rénovation de cet ensemble patrimonial exceptionnel, près de Montreuil.

L'ensemble des travaux coûtera 1,7 millions d'euros. (© Aletheia Press / C.Escaillet)
L'ensemble des travaux coûtera 1,7 millions d'euros. (© Aletheia Press / C.Escaillet)

“C’est toujours difficile, surtout dans ce contexte.” Alexia Noyon, directrice générale de l’association La Chartreuse de Neuville, ne cache pas sa satisfaction et son soulagement. La reprise des travaux à la chartreuse est actée. De fait, l’ambiance est studieuse lors de la réunion de chantier entre les différentes entreprises régionales qui ont l’honneur d’y participer. Chacun règle son agenda pour mener à bien le sauvetage du monument historique. “C’est un travail de fédération, c’est un très gros chantier qui est à l’œuvre, explique la directrice générale de l’association. Nous avons beaucoup d’entreprises autour de la table, une équipe complète de maîtrise d’œuvre, des économistes, un bureau de contrôle, l’organisme de placement collectif, ainsi que des architectes spécialisés en patrimoine.” Des entreprises qui sont mises à mal par la situation sanitaire et qu’il est de bon ton de solliciter dans cette période…

Le chantier du siècle ?

“Le but, pour l’instant, est de mettre le bâtiment hors d’eau, le sauver en éradiquant la mérule qui s’y trouve, explique Alexia Noyon. Le chantier avait démarré en 2016, un tiers des travaux avaient été lancés.” Seulement, le projet avait été interrompu, “non pas pour des raisons financières mais pour des raisons juridiques et fiscales liées à la loi de réforme sur l’impôt à la source”. Cette situation débloquée, la rénovation peut ainsi reprendre après avoir trouvé les financements nécessaires. “Il nous reste à en chercher pour terminer le clos couvert de la chartreuse.” La finalité de ces travaux colossaux : faire de ce monument historique un moteur territorial, avec un impact social, mais aussi culturel, économique et artistique. “Le projet, sur une partie, consiste en un centre culturel de rencontres autour de l’innovation sociétale et artistique des territoires, résume la porteuse du projet. Il y aura par ailleurs une autre partie, consacrée à l’hôtellerie et la restauration.” L’ensemble est cofinancé, entre les propriétaires privés, “qui se sont engagés à céder leur bien sans plus-value à l’association d’ici quinze ans”, et l’association elle-même, qui détient 51% de la Chartreuse depuis peu, et a ainsi pu débloquer la situation.

Un moteur économique local

Les entreprises du bâtiment qui contribuent au chantier, au-delà d’y trouver une certaine visibilité au niveau de leur carnet de commandes, sont très fières de travailler sur un chantier de cette dimension. “C’est un chantier particulier en raison de sa taille et de sa dimension historique, témoigne Yann Lebonniec, chef de chantier chez Chevalier Nord, à Saint-Omer. C’est une fierté pour nous de travailler sur des monuments comme celui-ci. D’autant plus qu’avec un chantier pareil, on a pignon sur rue.” Rien que pour l’entreprise, spécialisée dans la taille de pierre, six salariés travaillent à la chartreuse, un chiffre qui devrait très probablement augmenter dans les prochains mois. À noter que la plupart des sociétés travaillent en formant des jeunes et des personnes fragilisées en contrat d’insertion, ou encore en apprentissage ou en stage.

Encadré :

Le point sur le chantier

Cette tranche de travaux concerne les parties les plus endommagées de la chartreuse : les ailes nord et nord-est de la cour d’honneur, le porche de l’église, le grand cloître et le clocher de l’horloge. Les travaux concernent la couverture (avec une partie désamiantage), la façade (restauration des pierres, remplacement des joints), la menuiserie, les vitraux, la charpente et le plancher (avec un soin particulier à l’éradication de la mérule).

L’ensemble sera entrepris pour un coût de 3,2 millions d’euros, financés avec l’aide de la DRAC, de la Région, du Département, de la CA2BM, du Syndicat mixte du Montreuillois et de Touquet tourisme. Les partenaires privés de la Fondation financent 1,7 million de ces 3,2 millions d’euros via la Fondation du patrimoine.

Les différentes entreprises ajustent leurs agendas. Une tâche qui peut paraître difficile tant elles sont nombreuses. (© Aletheia Press / C.Escaillet)