Le CETI un an après : une force à affirmer
Un an tout juste après l’inauguration en grande pompe le 10 octobre 2012 du Centre européen des textiles innovants, Bertrand Delessalle, son président, a fait le point. Sans langue de bois et avec un optimisme lucide.
Lors de son ouverture, il ne manquait qu’une seule machine au CETI : celle du non-tissé voie sèche, qui n’est arrivée qu’en janvier 2013. C’est la plus «classique» des trois machines. Parmi les deux autres, la plus révolutionnaire − véritable prototype industriel unique au monde sous cette forme-là au CETI −, la machine du filage tri-composants, n’a pu être mise en route qu’en mai 2013. «Le fabricant américain a repris des pompes et a revu la conception de la machine pour qu’elle soit plus performante», justifie Bertrand Delessalle pour expliquer les retards de la mise en route. La machine du non-tissé voie humide a été utilisée tout de suite.
Des projets à venir encourageants. Car les projets n’ont quand même pas manqué en attendant que toutes les machines soient fonctionnelles, tient à rappeler le président du CETI. «Des projets de thésards de l’ENSAIT et d’autres de sociétés privées sur les polymères biosourcés ont fait marcher les machines, dont les plus demandées sont celles de la voie humide et du filage tri-composants», précise-t-il. Le chiffre d’affaires réalisé en prestations est compté seulement de juin à septembre 2013 et s’élève à 250 000€ pour un résultat réel de 40 000€. Insuffisant certes, mais «les 25 devis signés à facturer entre la fin de 2013 et la clôture du budget 2014 s’élèvent à 280 000€», souligne le président qui tient à mettre en avant les perspectives plutôt bonnes pour 2014 : «Le CETI est déjà bien connu, y compris à l’international pour un quart de nos visiteurs. Il n’y a pas un jour sans visite du site pour information et découverte. Il y a bien sûr des grands groupes et des institutionnels comme prévu, mais la bonne surprise vient des PME, très intéressées elles aussi.»
Bertrand Delessalle espère un chiffre d’affaires de 5 M€ d’ici cinq ans (le budget de fonctionnement s’élève à 3 M€, financé par les collectivités), répartis idéalement en trois tiers (privé, collaboratif, subventions), sur un modèle pratiqué par le grand rival américain du CETI depuis 20 ans, le Nonwovens Cooperative Research Center (NCRC) à Raleigh, en Caroline du Nord. «Nous devons encore faire nos preuves», reconnaît le responsable qui peut s’appuyer sur plusieurs arguments convaincants pour les futurs clients : la maîtrise parfaite des outils, la confidentialité absolue, la force commerciale des ingénieurs et les réseaux UP-tex et Clubtex. La présence de l’IFTH (Institut français du textile et de l’habillement) au CETI est aussi un atout que Bertrand Delesalle cherche à rallier. «Des discussions sont en cours pour trouver un mode de fonctionnement sur l’aspect commercial et la gestion de la plate-forme. C’est une solution gagnant/gagnant pour chacun d’entre nous», dit-il. «L’écosystème du CETI, mêlant la recherche fondamentale, les réseaux professionnels, un incubateur et les organisations professionnelles, en fait un modèle pour les autres régions. Et renforce l’image de mutation du textile vers les textile technique», insiste-t-il.