Le Ceti est maintenant opérationnel
L’inauguration du Ceti place la métropole lilloise dans les premiers rangs mondiaux de la recherche appliquée à l’industrie avec un outil pratiquement unique en son genre.
Depuis des temps immémoriaux, le textile fait la gloire et la richesse de nos villes et provinces septentrionales avec leurs cités drapantes, leurs foires ou, dans le domaine des arts, les tapisseries flamandes ou les Arrazi d’Arras. A Lille, les sayetteurs qui travaillaient dans leurs maisons avaient inspiré une architecture particulière.
La révolution industrielle avait fait de la métropole lilloise une immense usine où travaillaient 150 000 personnes dans des ateliers monstres. Aujourd’hui, l’heure n’est plus au gigantisme et à la main-d’œuvre sous-qualifiée et sous-payée après le cataclysme qui a frappé l’industrie régionale et dévasté le textile.
Pour autant, ce dernier n’est pas mort. Certes, il n’est plus question de faire travailler des nuées de personnes mais de faire de la région le fer de lance de la recherche mondiale dans les nouvelles adaptations et applications du textile. De la masse laborieuse, on passe à une élite chercheuse.
Un lieu unique. Et quoi de mieux pour lui donner ses aises qu’un lieu spécialement conçu et dédié, un laboratoire si inouï qu’on n’en compte que trois ou quatre dans le monde. Et quoi de mieux pour accueillir ce laboratoire qu’un bâtiment lui aussi spécialement conçu, aussi expressif que simple. Avec un vocabulaire sans emphase, l’architecte Luc Saison a réussi un bâtiment-joyau aux lignes sobres, animées de couleurs judicieusement associées. L’écrin évoque l’objet : le textile.
Le trésor est à l’intérieur, sous forme d’une double collection de machines dernier cri, dont l’assemblage fait l’originalité. Il fut dit et répété lors de l’inauguration que le nec plus ultra du Ceti était dans les possibilités infinies de recherches offertes par les machines et les multiples combinaisons possibles dans deux domaines, le filage tri-composants et le non-tissé.
Désormais, le Ceti est entré dans le vif du sujet. Industriels et chercheurs sont attendus. Et ils sont potentiellement nombreux car, dans un bassin de 200 kilomètres à la ronde, se trouve le premier pôle européen avec 400 entreprises, 400 chercheurs et 5 Mds€ de chiffre d’affaires.
Le 10 octobre, le Ceti était à peine assez grand pour recevoir la foule invitée à son inauguration, parmi laquelle la fine fleur de l’industrie régionale.
Une large union.
Il revint d’ouvrir la cérémonie à Michel-François Delannoy, maire de Tourcoing, mais aussi vice-président de la Communauté urbaine et surtout président de la SEM Ville renouvelée, l’outil opérationnel qui a permis la création du Ceti au cœur de la zone de l’Union, symbole de la reconversion d’un ancien haut lieu du textile et donc symbole de la continuité. Il a rappelé les données qui ont poussé les politiques à accompagner l’idée d’André Beirnaert, n’omettant pas de rappeler la part importante du financement public réunissant l’Etat, l’Europe, la Région, Lille Métropole et le département du Nord, «des fonds publics assez considérables». Martine Aubry, présidente de Lille Métropole, a dit sa foi dans l’avenir du textile régional, «d’une économie industrielle à une économie de la connaissance où tout le monde se serre les coudes : chercheurs, formateurs, entrepreneurs et politiques. Nous sommes un pôle d’excellence européen». Daniel Percheron a dit, lui, l’engagement de la Région : «Nous voulons être en première ligne, une grande région industrielle avec le fameux triangle : formation, recherche, innovation.» Le mot de la fin revint à Dominique Burr, préfet de région, qui a rappelé le soutien de l’Etat mais a appelé aussi à aller de l’avant : «Il faut donner de la visibilité et de la lisibilité au Ceti avec des laboratoires et des entreprises dans son environnement. Il faut des partenaires internationaux pour la création d’entreprises nouvelles créatrices d’emplois.»
Après que tous les orateurs eurent rappelé le drame des disparitions d’emplois et le travail des salariés des anciennes usines, dont plusieurs étaient présents, tous les participants purent découvrir la réalité du Ceti par des visites guidées des nouvelles machines mais aussi la réalité du textile innovant dans l’exposition Futurotextiles.
Erratum. Une erreur s’est glissée dans notre article du 5 octobre. Le Département n’a pas versé 1,5 M€ mais 2,7 M€. Une différence notoire.