Le Centre de médecine préventive à la chasse au RPS
Le Centre de médecine préventive de Vandoeuvre accentue son action sur la détection des RPS (Risques psychosociaux). Après avoir lancé des journées de sensibilisation et de formation, les équipes du docteur Héla Abdennebi proposent des interventions au sein même des entreprises.
Le 23 janvier, la société «Pages Jaunes» est condamnée par les Prud’hommes de Nancy pour licenciement abusif de l’un de ses commerciaux. Motif évoqué par le collaborateur : le «stress et la pression» de la direction de l’éditeur de l’annuaire téléphonique professionnel au point d’avoir alerté la médecine du travail. Sanction : 40 000 euros de dommage et intérêts. Stress et pressions… des maux qui aujourd’hui portent un nom : RPS pour Risques psychosociaux. «Nous n’avons jamais autant parlé de burn-out aujourd’hui. Cela en est devenu presque normal. Notre société du chiffre, de la productivité, de la rentabilité a fait apparaître, amplifier, ses maux au sein des entreprises. Il faut bien savoir que la productivité tant recherchée est beaucoup plus optimale quand les collaborateurs sont bien dans leur tête sur leur lieu de travail. Souvent tabous, les RPS se doivent réellement aujourd’hui d’être pris en considération au même titre que la prévention des addictions qui sont, dans de nombreux cas, étroitement liées.» Constat établi par le docteur Héla Abdennebi, responsable du Département développement des actions de santé et politiques publiques (DASPP) au Centre de médecine préventive de Vandoeuvre. Depuis le début de l’année, avec ses équipes, elle intensifie ses actions en matière de prévention des RPS. Auparavant «limité» à des actions de sensibilisation et de formation d’une journée, le Centre de médecine préventive passe la vitesse supérieure en intervenant directement au coeur même des structures. «Des structures demandeuses et volontaires ayant pris conscience qu’un malaise sous-jacent gangrène en leur sein», précise Héla Abdennebi. Depuis le lancement de l’opération, les équipes du centre sont notamment intervenues dans un important organisme de Lorraine possédant plusieurs centres dans la région et dont le siège est à Nancy. Deux cas de suicide ont été constatés, le stade de l’urgence était hélas dépassé !
Diagnostiquer, auditionner, solutionner
«L’intervention au coeur de l’entreprise est un travail de moyenne voire de longue durée. Dans un premier temps, nous diagnostiquons les différents services, auditionnons les collaborateurs mais toujours sur la base du volontariat. Cela leur permet de se libérer, de s’exprimer, et de trouver ensemble les solutions. Dans ce genre de cas, les solutions émanent toujours de l’interne.» Dans une grande majorité des cas, elles sont d’ordre purement organisationnel. «Les solutions trouvées sont ensuite proposées pour établir un plan d’actions pour la prise en charge des RPS, via un Comité de pilotage au sein de l’entreprise.» La lutte contre les RPS est une guerre lente et aveugle car ces maux sont «souvent cachés par peur de représailles, mais il faut savoir que le cadre législatif impose aujourd’hui aux entreprises la mise en place d’une procédure d’alerte. C’est obligatoire !» Reste juste à le rappeler aux entrepreneurs, dirigeants et managers. Le législateur a pris bon nombre de dispositions (depuis notamment les drames survenus chez l’opérateur Orange il y a quelques temps) en imposant leur prise en compte, notamment dans la rédaction du Document Unique (document obligatoire pour toutes les entreprises listant les différents risques présents dans une société). L’obligation législative est déjà une avancée… sur le papier. Sans une réelle prise de conscience, la démarche ne pourra être salutaire.