Le boom des auto-entrepreneurs

Le confinement aura grandement perturbé l'économie française et régionale. Les chiffres le démontrent, notamment par l'explosion des créations de micro-entreprises cette année.

Avec la crise sanitaire, le nombre de micro-entreprises liées à la livraison à domicile a sensiblement augmenté. © Prostock-studio
Avec la crise sanitaire, le nombre de micro-entreprises liées à la livraison à domicile a sensiblement augmenté. © Prostock-studio

La création d’entreprise a connu un rebond lors des mois de mai et de juin. Au niveau national avec une hausse de 20,9%, mais aussi et surtout dans les Hauts-de-France, avec un bond de près de 30% (29,4%). «Fin juin, il y a eu plus de 77 000 créations d’entreprise, constate Bénédicte Waymel, responsable du pôle entreprendre (création, reprise, transmission et formalités) à la CCI Littoral Hauts-de-France. Sur les Hauts-de-France, 53,1% sont des micro-entreprises.»

Les secteurs du transport et de l’entreposage en première ligne

Le secteur qui a le plus augmenté est celui du transport et de l’entreposage. Au niveau national, ce dernier a connu une hausse de 67%. «Avec des typologies de consommation, on consomme de plus en plus à distance, explique Bénédicte Waymel. Au lieu d’aller au restaurant, on se fait livrer. Les gens se sont adaptés à la demande.» Par ailleurs, le secteur de l’information et la communication a lui aussi connu une augmentation des créations. Début d’interprétation de la part de l’employée de la chambre consulaire : «Ce sont probablement des auto-entrepreneurs qui se sont mis à leur compte pour aider des entreprises dans le numérique, des commerces qui se sont retrouvés face à l’obligation de trouver de nouveaux modèles de vente, par exemple. On sent bien le développement d’activité dans le commerce en digital.»

Une crise porteuse d’opportunités ?

La crise sanitaire a été le théâtre de nombreuses difficultés… mais aussi d’opportunités, qui ne se seraient probablement pas présentées, ou alors bien plus tard. Elle a été l’élément déclencheur dans de nombreux cas. «Avec les licenciements, certains salariés vont arriver avec une petite enveloppe, explique Bénédicte Waymel. D’un autre côté, des dirigeants d’entreprise sont prêts à céder leur activité.» D’un côté, certaines entreprises se disent qu’elles ont tenu la route et qu’elles ont fait leurs preuves, et qu’après ça elles peuvent se valoriser correctement. De l’autre côté, des entreprises en difficulté se disent que c’est le moment ou jamais avec les opportunités à venir. Dans ce cas, «il faut faire en sorte de faire un diagnostic et de travailler sur les différentes pistes d’amélioration. Et, d’ici six mois à un an, mettre l’entreprise sur le marché de la cession». D’autre part, «on sent qu’il va y avoir beaucoup de rachats par d’autres entreprises, par croissance externe. Il y a une vraie tendance, c’est dans l’air.»

Les ateliers de la CCI doivent s’adapter

Lors de cet été, les porteurs de projet étaient plus nombreux : l’effet d’une envie de renouveau au moment de la rentrée scolaire, d’une après-crise porteuse d’opportunités, peut-être toutes ces raisons en même temps. Toujours est-il que la demande est forte. Face à ce phénomène, les ateliers pour créateurs d’entreprise et nouveaux dirigeants ont été victimes de leur succès. Ainsi, il a fallu s’adapter pour répondre au mieux à cette conjoncture, mais aussi répondre aux enjeux sanitaires. «C’était compliqué de réaliser des ateliers en présentiel. Nous avons donc mis en place des ateliers en live. Face à ce rebond, nous avons augmenté notre nombre de stages “5 jours pour entreprendre”. Les porteurs de projet ont besoin d’être formés en tant que chefs d’entreprise.»