Le béton industrialisé a le vent en poupe !
Lors des Matinales, le CERIB a démontré dans le détail l’engagement des entrepreneurs de TP et d’une filière entière tournée vers le durable. Une des «locomotives» du durable, le béton industrialisé, a une longueur d’avance via les alternatives qu’il propose à des coûts compétitifs.
Lors du large débat à Marcq-en-Barœul orienté vers le béton industrialisé et ses atouts, la Fédération régionale des travaux publics et son président, Alain Sûr, ont visé juste en choisissant ce thème d’échange tant il est d’actualité sur les chantiers où, traditionnellement, les bétons prêts à l’emploi (BPE) représentent 80% du marché. Mais les bétons industriels grignotent leur retard. Les intervenants1 ont brossé un tableau flatteur de ces bétons apparemment sans failles. Qu’on en juge : maîtrise de mise en œuvre et respect des délais (exemple des ponts préfabriqués et des bassins de retenue), sécurité et conditions de travail optimisées (dispositifs de manutention, pose mécanisée, diminution du bruit, sécurité des travaux en zones dangereuses), esthétique et fonctionnalité (variété des textures, pavages, murs et écrans, intégration à l’environnement et structuration de l’espace), pérennité des matériaux résistant au gel – tests faits après 28 cycles de gel − et à l’abrasion… C’est un plébiscite.
Contribution au développement durable ! Ces bétons industriels, par opposition à ceux coulés sur place lors du chantier, se distinguent déjà par une extrême adaptation aux besoins demandés, du sur-mesure intégral en d’autres termes. Mais pas seulement car ils contribuent plus encore au développement durable et bénéficient d’une préparation méticuleuse et d’une conception peaufinée sur le lieu de production. Reste à les transporter et là, le bilan carbone s’alourdit bien sûr. Mais c’est le seul bémol à noter.
Ces bétons s’adaptent à une démarche environnementale. Ils ont une capacité hydraulique de 600 litres au mètre cube, une résistance mécanique identique au grave et sont indispensables aux chantiers destinés aux transports publics sous forme de voussoirs pour les métros, fixations de rails et résistance aux lourds trafics de camions et, pour les écrans, le gain est de 8 à 12 dB (acoustique) selon le site.
Comment évaluer le bilan environnemental d’un produit ou service ? La méthode d’analyse du cycle de vie (ACV) consiste à prendre en compte les entrants et les sortants. Elle est complexe et fait l’objet d’une fiche de déclaration environnementale et sanitaires (FDES) qui donne des indications d’impact sur l’environnement. Sont prises en compte les consommations de ressources et les unités fonctionnelles, par exemple pour un tuyau. Pour les produits béton, le Cerib a édité des nomenclatures de 19 éléments (des tuiles par exemple) sur www.cerib..com ou www.inies.fr, les murs à coffrage intégré et les poutrelles BA étant à paraître. Prudence, il ne s’agit néanmoins pas là d’un bilan carbone.
De la connaissance du bilan du produit à l’écoconception. On va passer, s’agissant par exemple de bordures et caniveaux en béton, de l’énergie primaire simple, à savoir la composition en ciment à 65% et tous les autres éléments, à l’énergie primaire totale qui va intégrer en supplément les emballages, la quantité d’énergie et sa nature, utilisée pour le transport du produit, sa mise en œuvre, etc. On est là dans le bilan carbone. Ce qui explique que l’entreprise le Cerib et la filière béton en général aient signé un engagement solennel en 12 points, des objectifs à atteindre comme par exemple participer au niveau local au développement économique et social et à la préservation de l’environnement. Sont concernées plein de thématiques de chantiers comme la sécurité, l’eau, la qualité de vie sur le chantier, une moindre génération de déchets et leur recyclage, etc., ce qui aboutit à fournir un plan d’action environnemental.
Normes et qualité des produits en béton. La démarche qualité passe par les contrôles de production et les certifications volontaires. La nomenclature dans la filière béton comporte la NF, Qualif-IB, NF-FDES et CST Bat. Les normes ont toujours existé, les premières apparaissent en 1958 puis s’étalent dans le temps, par exemple la 23e marque NF est créée en 2012. La Communauté européenne s’appuie sur 67 normes européennes harmonisées. Le marquage CE est issu d’un langage de l’Union européenne qui assure la libre circulation en son sein et sous sa responsabilité. Quant à la norme NF-EU, c’est en fait un tronc commun européen avec quatre points contrôlés. Les choses se compliquent en France où intervient le code de la consommation. Là, on prouve et on certifie que les bétons peuvent réaliser des ouvrages selon les règles en vigueur NF-DTU et/ou CCTG, les performances sont alors garanties. Jusque-là, plus de 830 certifications TP-génie civil ont été accordées à plus de 540 entreprises. Les accréditations sont le fait de l’Afnor, Cerib, Cofrac, CSTB.
La certification est basée sur le volontariat et la rigueur des textes : loi 2008-776 du 4 août 2008, art-L 155-27 et 28 du code de la consommation. Le contrôle de production porte deux fois en moyenne sur six éléments comme par exemple la sécurité. Se faire certifier offre cinq avantages : l’échange entre les intervenants facilité, plus de sécurité, plus de confiance et gain de temps, plus de respect des clauses des marchés et assurances, et résolution plus aisée des litiges.
Le choix s’est porté sur les bétons industrialisés chez les Canalisateurs de France (voir encadré). Sylvain Fricard explique : “Le tuyau en béton a une grande résistance mécanique à la pression et la dépression et il est pérenne, les éléments de regard aussi. Il présente aussi une gamme étendue en diamètres, géométrie, normalisation et manutention. Il existe du standard traditionnel et, par exemple, des chambres de refoulement spécifiques. Toute la préparation se fait en amont. J’obtiens, en cas de bonne préparation et de calepinage, la simplicité de mise en œuvre, la rapidité d’exécution, l’adaptabilité du béton à l’ouvrage et l’environnement (traitement anti-H2S, ambiance saline, etc.). Reste le transport de ces grosses pièces, un peu long mais pas cher et le produit résiste à tout ! Pour la construction d’un bassin de rétention, j’ai aussi recours à ces bétons industriels même si les pièces sont volumineuses, donc lourdes et délicates à bouger.”
Thomas Duquenne, ingénieur et cadre du service d’assainissement de Roubaix (LMCU) a dû faire face à la frontière avec la Belgique, à Wattrelos, au vieillissement d’un béton sur un collecteur d’eaux usées. Il explique ses choix en tant que maître d’ouvrage et d’œuvre : “Les grosses sections en PVC sont très chères, dans des qualités très différentes. La Rolls du PVC est à utiliser à bon escient. Pour soutenir des charges lourdes, des camions qui passent en permanence sur un cadre, il faut du béton. Si vous prenez du PVC, il faudra beaucoup d’épaisseur et ce sera cher. Donc il faut bien calculer sa charge. Si on perd de l’étanchéité sur des canalisations d’eau, c’est la catastrophe ! A LMCU, on passe du béton au PVC selon les cas de charges. A Wattrelos, on a dû recréer une voirie à partir d’un ruisseau, il fallait couvrir les eaux de pluie d’un versant en bassin de 160 hectares avec un débit de 1,4 m3/seconde, c’est beaucoup !” LMCU dimensionne à 15/30 ans, avec réserve de 100 ans en cas de coup dur, les crues centenales par exemple. “Le cadre est fait en béton sur 55 m, poursuit l’ingénieur. C’est du sur-mesure, rapide à poser, donc on ne bloque pas la voirie, on a même prévu les entrées et sorties du cadre. Un chantier souple qui crée une voirie qui va durer !”
CERIB (Centre d’études et de recherche de l’industrie du béton) : www.cerib.com
Les partenaires du Cerib : Holcim, Bonna Sabla, Chapsol, Cimentub, les Travaux publics, Stradal, FIB.
1. Sophie Jacob et Gilles Bernardeau du Cerib sur les produits béton et leur environnement industriel, Denis Herinckx de la FIB pour la commission marchés, Thomas Duquenne (LMCU) pour un retour d’expérience à Wattrelos, Sylvain Fricard (Canalisateurs de France), et Pierre Moreau (Artois. com) sur la présentation du pôle d’excellence régional du BTP.
Quelques chiffres
− La commission des marchés en TP-génie civil créée en 2009 recense 200 entreprises pour 7 000 salariés en France, dégageant un CA de 1,022 milliard d’euros, dont 40% dans les produits du béton.
− La production mondiale de béton est de 1 m3 par an et par habitant. La composition classique du béton : cailloux, graviers, sables et liant hydraulique.
− Les Canalisateurs de France est une organisation professionnelle et syndicale regroupant 400 entreprises poseuses pour un CA de 6 milliards d’euros, avec 21 délégations régionales et 94 départementales. Ces sociétés opèrent sur un réseau d’eau évalué à 200 milliards d’euros, l’entretien coûtant 2 milliards d’euros l’an. Pour le gaz, sont recensés 220 000 km de canalisations en France, 35 000 km étant concernés par le transport. Cette organisation apporte aux entreprises un soutien économique, juridique et technique.