Le bâtiment se redresse mais les inquiétudes persistent

Crédit photo : Arthur Maia Olivier Salleron, président de la FFB
Crédit photo : Arthur Maia Olivier Salleron, président de la FFB

Malgré plusieurs signaux positifs, le secteur du bâtiment fait encore face à de multiples incertitudes. C’est ce qui ressort de la conférence de presse du 9 septembre dernier, tenue par Olivier Salleron, le nouveau président de la FFB (Fédération Française du Bâtiment).

Durement touché par la crise sanitaire, le secteur du bâtiment a enregistré une belle reprise ces derniers mois. Les entreprises affiliées sont alors parvenues à garder la quasi-totalité de leurs emplois salariés entre fin 2019 et la fin du deuxième trimestre 2020 (- 0,2 % de baisse uniquement), et les carnets de commandes des structures de plus de 10 employés sont revenus à leur niveau d’avant crise (8,2 mois à fin août 2020). Ces résultats encourageants s’expliquent notamment par les mesures d’urgence mise en place par le gouvernement français en faveur des entreprises et de l’emploi. Pour autant, plusieurs indices inquiétants semblent faire tâche dans le tableau. La reprise de l’activité semble en effet très limitée. Cette dernière devrait chuter de 14,8 % en volume en 2020, (c’est mieux toutefois que ce qui était prévu en juin – 17,6 %). L’emploi intérimaire a également été lourdement touché. Quelque 39 200 équivalent emplois à temps plein ont ainsi été perdus entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2020. Les trésoreries des entreprises du secteur sont par ailleurs serrées et les marges sont divisées par 2,4 par rapport à l’exercice précédent.

Le neuf souffre d’une crise sans précédent

Si l’effet de la crise impacte l’ensemble du secteur, certains segments semblent souffrir plus que d’autres. Dans ce sens, le marché de l’amélioration-entretien fait figure de bon élève puisqu’il ne baisserait que de 7,6 % en 2020. Il faut dire que les pertes ont été limitées grâce notamment au déblocage de MaPrimeRénov’. Le Plan de relance dévoilé le 3 septembre dernier par le gouvernement devrait accentuer cette tendance en 2021 grâce, notamment, au segment de la rénovation énergétique. Le neuf pour sa part n’a jusqu’à date bénéficié d’aucune mesure spéciale et souffre lourdement de cette situation. Le logement neuf devrait ainsi chuter de – 23,6 % et le non résidentiel neuf de – 23 %. À l’amont de la filière logement, si la baisse des ventes en individuels diffus a pu être en quelque sorte maîtrisée (- 18,1 % en glissement annuel sur sept mois), les ventes des promoteurs se sont quant à elles effondrées (- 30,9 % entre le premier semestre 2019 et 2020). Le non résidentiel, hors locaux agricoles, n’a pas été épargné non plus. Les surfaces commencées et celles autorisées ont ainsi respectivement baissé de – 22,1 % et – 29,8 % de janvier à juillet 2020. Les spécialistes du secteur et les perspectives d’investissement des industriels récoltés par l’Insee ne laissent présager aucune amélioration avant la fin 2021.

La FFB se mobilise

Consciente de l’importance du bâtiment dans l’économie, la Fédération se mobilise pour atténuer les effets de la crise et assurer la relance du secteur. Elle appelle alors à la mise en place d’un certain nombre de mesures en faveur du neuf. À cet égard, la structure demande que le PTZ revienne à 40 % sur tout le territoire, et que le dispositif Pinel soit renouvelé jusqu’à 2022. Elle réclame également l’assouplissement des recommandations du Haut Conseil de stabilité financière concernant l’octroi de crédit immobilier. De manière générale, l’environnement global en France semble plutôt favorable à la reprise. D’une part, une partie de la production devrait être relocalisée sur le territoire. Et de l’autre, les intentions d’achat de logement et de dépenses pour l’aménagement de bien, ainsi que l’épargne des ménages sont au plus haut (27,4 % du revenu disponible brut au deuxième trimestre contre moins de 15 % l’an d’avant). La Fédération estime qu’il faut mettre à profit l’ensemble de ses éléments pour que le bâtiment «redevienne un moteur pour l’économie et l’emploi.»

La situation dans le Grand Est

La crise n’a pas eu le même effet par tout en France. Des disparités existent en effet entre les différentes régions. Selon la MTES/CGDD/SDES, Sit@del2, dans le Grand Est, les ventes des promoteurs dans le neuf se sont ainsi écroulées de – 38,7 % en glissement annuel sur 12 mois à fin juillet 2020. Autre segment lourdement touché dans le Grand Est, le non résidentiel (hors locaux agricole). Ce dernier a en effet baissé de – 38,9 % en Lorraine et de – 38,4 % en Alsace pour les permis, et de – 37,1 % en Lorraine et – 35,8 % en Alsace pour les mises en chantier durant la même période. La filière logement semble plutôt mieux se porter dans le Grand Est que dans le reste de la France. Dans ce sens, les permis pour le logement ont baissé de – 17,7 % en Lorraine contre – 25,3 % en Île-de-France. Le marché de l’amélioration-entretien lorrain semble également résister. Les perspectives laissent même présager une amélioration de 26 % en Lorraine contre 14 % en France au troisième trimestre 2020 selon la FFB/ Réseau des CERC.