Classement des 50 PME les plus performantes dirigées par des femmes
Annick Berrier, présidente d’Eridium-Groupe et lauréate du palmarès Women Equity 2020
«J’aime beaucoup cette citation de Winston Churchill : 'On considère le chef d'entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char', confie Annick Berrier, présidente d’Eridium-Groupe et lauréate du palmarès Women Equity 2020*. Mais j’ajoute que c’est une réussite collective, cette distinction je la dois à l’ensemble des mes collaborateurs.» Rencontre.
Basé à Caëstre près d'Hazebrouck, Eridium-Groupe, indépendant et familial, regroupe Soflacobat, entreprise de gros oeuvre spécialisée dans la construction de maisons individuelles groupées en lotissement et de logements collectifs (fondée en juillet 1981 par Annick Berrier), Betapref, usine de préfabrication de béton, et Arteic, entreprise de couverture.
«Nous travaillons pour des promoteurs dans les Hauts-de-France et en région parisienne, Tagerim, Demathieu-Bard, Vinci, Vilogia et Habitat du Nord notamment. Nous fabriquons également des bâtiments commerciaux et industriels. Afin de conserver notre indépendance et notre savoir-faire, et garder nos marges en interne, nous avons créé l’usine de préfabrication de béton structurel et architectonique prêt à l’emploi Betapref, ce qui nous permet de produire nous-même les poutres, grilles, etc. qui entrent dans nos fabrications. Nous avons signé le rachat en 2015 du couvreur, étancheur et bardeur Arteic afin de réaliser des économies substantielles dans la réalisation des clos couverts.»
Des méthodes avant-gardistes
Générant 23,8 M€ de CA en 2019, le groupe connaît un taux de croissance de 29%, résultat d’un projet d’entreprise où qualité des ouvrages, respect des normes et de la sécurité, et tenue des délais sont les priorités opérationnelles. Une philosophie initiée par la dirigeante nordiste et transmise au quotidien à ses équipes.
«Il nous a fallu de nombreuses années pour mettre au point nos méthodes. Nos compagnons ne sont pas spécialisés, ils sont tous polyvalents et personne ne peut donc se prévaloir des erreurs des autres. C’est l’une des clés de notre réussite. Nous ne faisons appel à aucun sous-traitant ni à aucune main-d’oeuvre étrangère.» Et Annick Berrier de poursuivre : «Notre force repose également sur la préparation et le suivi des chantiers. Les conducteurs de travaux sont tous des ingénieurs et, pour avoir plus d’agilité et de réactivité, nous disposons de notre propre bureau d’études, performant et s’appuyant sur des méthodes de conception avant-gardistes. Nos équipes sont jeunes, avec une moyenne d’âge de 32 ou 33 ans… Une jeunesse qui a une énergie incroyable ! Par exemple, sur chaque projet est conçue une maquette numérique, un squelette du futur bâtiment, qui permet d’optimiser et anticiper la fabrication. Enfin, pour bien acheter et être prêt pour le démarrage des chantiers, et ainsi tenir les délais, nous avons un service achat en interne.»
Le groupe de BTP emploie à ce jour 200 collaborateurs et une soixantaine d’intérimaires en permanence.
Innovation et diversification
Eridium-Groupe s’est par ailleurs vite saisi de la troisième révolution industrielle en intégrant tôt les concepts d’écoresponsabilité et de bioéconomie à ses services.
«Le bâtiment d’aujourd’hui ne sera pas celui de demain. Nous sommes en veille sur les innovations, sur ce qu'il se passe autour de nous, pour repenser nos process et nos concepts. Je pense par exemple aux matériaux ressourcés, nous devons être en capacité de pouvoir les mettre en oeuvre.»
Notre dirigeante se montre ainsi sereine quant à la pérennité du groupe dont elle est à l’origine. «Nous avons la chance d’avoir un carnet de commandes rempli pour cette année. Par contre nous n’avons pas de visibilité sur 2022. Mais il faut être optimiste, nous diversifier dans nos métiers, dans d’autres branches du bâtiment...»
Un optimisme boosté par une nouvelle reconnaissance du Women Equity, la deuxième consécutive, dont Annick Berrier est très fière.
"J’aime beaucoup cette citation de Winston Churchill : 'On considère le chef d'entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char.' Mais j’ajoute que c’est une réussite collective, cette distinction je la dois à l’ensemble des mes collaborateurs et notamment à mon fils Sylvain (directeur général d’Eridium-Groupe). Dans l’entreprise, les hommes sont considérés. Ce n’est pas du paternalisme, mais il faut savoir féliciter ses équipes et discuter quand cela se passe moins bien. C’est dans la culture de l’entreprise.»