Bilan Urssaf Nord - Pas-de-Calais
Laury Ducombs : «Les statistiques ne poussent pas à l'optimisme»
L'Urssaf Nord - Pas-de-Calais dévoile ses toutes dernières statistiques et celles-ci ne présagent pas que du bon pour la suite. Au deuxième trimestre 2022, l'emploi salarié régional a baissé pour la toute première fois depuis deux ans. La crise énergétique qui se profile ne devrait pas arranger les affaires des entreprises, confrontées également à la hausse des matières premières.
Les effectifs salariés
poursuivent leur croissance au deuxième trimestre (30 mars – 30
juin) dans toutes les régions de France (+0,4) hormis en Bourgogne - Franche-Comté... et en Hauts-de-France. La région a en effet perdu
1 170 postes au cours du deuxième trimestre. L'intérim est
davantage touché avec une baisse de -5,3%, soit 3
900 postes intérimaires perdus dont 2 700 dans le Nord et le
Pas-de-Calais. «Les statistiques ne poussent pas à
l'optimisme. On observe une baisse de 3,2% des déclarations
préalables à l'embauche en juillet, cela n'augure pas une forte
reprise de l'emploi sur le troisième trimestre», indique
Laury
Ducombs, directeur Urssaf Nord – Pas-de-Calais. Les tensions autour
de l'approvisionnement de matières et de l'énergie justifient cette
tendance. Néanmoins, il convient
de relativiser puisque les Hauts-de-France dénombrent, au 30 juin
2022, 1 482 460 salariés contre 1 037 600 salariés à la même
période en 2019.
La construction et le commerce dans le
rouge
Le secteur de
l'hôtellerie-restauration a repris des couleurs avec +1 400 postes
enregistrés en Hauts-de-France. Même son de cloche pour l'industrie
textile (+265 postes), la métallurgie (+137 postes), la fabrication
de matériels de transports (+145 postes) et l'industrie du plastique
(+129 postes). En revanche, la construction (-0,1%) et le commerce
(-0,2%) ont connu une diminution des effectifs. Le secteur des
transports est également en repli ce semestre avec une perte de 180
postes.
Saint-Omer, Lens et Calais enregistrent une hausse d'emploi
Sur ce deuxième semestre, le département du Nord a enregistré une perte de 1 290 postes, suivi par l'Oise (-270 postes) et l'Aisne (-70 postes). La Somme et le Pas-de-Calais continuent, eux, de créer des emplois. «Sur un an, tous les départements des Hauts-de-France sont en croissance», tempère le directeur de l'Urssaf Nord – Pas-de-Calais.
Si on analyse de plus près les zones d'emploi, on constate que
Saint-Omer, Lens et Calais enregistrent une hausse d'emploi. «Le
dynamisme actuel du port de Calais et l'essor des services aux
entreprises sur cette zone peuvent expliquer cette tendance», indique la direction régionale de l'Urssaf. A contrario, le
Valenciennois (-470 emplois) et le Douaisis (-690 emplois) sont
confrontés à une forte baisse de l'emploi. La conjoncture actuelle
qui fragilise les géants de l'automobile comme Toyota à
Valenciennes et Renault à Douai laisse déjà des traces.
Reprise du recouvrement amiable et forcé
Après une première phase de possibilité de report de paiement de cotisations sociales, achevée en août 2021, et une deuxième phase de proposition de paiements échelonnés des cotisations, achevée en juin 2022, l'Urssaf lance la troisième phase de recouvrement amiable et forcé. «L'enjeu est de préserver l'équité entre les entreprises qui ont joué le jeu et celles qui échappent aux règles», explique le directeur régional.
Plus de 11 000 envois de relevés de dettes ont été délivrés récemment aux entreprises n'ayant pas remboursé leurs dettes. «L'accompagnement de l'Urssaf depuis la crise sanitaire a produit ses effets sur les employeurs ; 20% des entreprises doivent encore des dettes à l'Urssaf, nous étions monté à plus de 33% pendant la crise sanitaire», explique Laury Ducombs. La preuve en chiffres : on dénombre 3,52% de cotisations non payées par les employeurs en août 2021 contre 1,24% de cotisations non payées en août 2022. «Il se pourrait qu'un effet logique de rattrapage cause une hausse des défaillances d'entreprises», conclut l'Urssaf Nord - Pas-de-Calais.