«L’audit humain peut tout changer…»
Nom : Nondier. Prénom : Patricia. Signes particuliers : psychothérapeute, psychanalyste et depuis quelques temps formatrice en psycho-management. Sur la demande de plusieurs chefs d’entreprise ayant passé sur son divan nancéien, elle propose des thérapies et des formations au sein des sociétés.
Les Tablettes Lorraines : Vous êtes docteur en psychologie, psychothérapeute, psychanalyste et depuis quelques temps formatrice en psycho- management Pourquoi cette nouvelle activité ?
Patricia Nondier : Dans mon activité professionnelle, j’ai suivi beaucoup de chefs d’entreprise qui sont passés dans mon cabinet pour des raisons liées à leur vie privée. Après plusieurs séances, bon nombre m’ont fait part de leur volonté de faire partager leur évolution personnelle au sein de leur société. Je me suis tout naturellement orientée dans des formations au sein des sociétés.
Comment la venue d’un «psy» en entreprise est-elle perçue ?
Quand j’interviens dans une structure je me présente comme formatrice en psycho-management. L’image du «psy» véhicule encore beaucoup de stéréotypes négatifs. Il est encore très rare que les personnes disent ouvertement qu’elles sont suivies par un psychothérapeute, alors vous imaginez ce que cela peut colporter au sein d’une entreprise.
Pourtant cette barrière de l’image des psys commence peu à peu à tomber. Est-ce lié à la situation actuelle où bon nombre de personnes, dont les managers, recherchent des solutions pour rebondir ?
Le climat actuel est naturellement propice. Bon nombre d’entrepreneurs et de managers sont perdus dans la manière d’aborder leur équipe. Ils courent après la performance et la rentabilité en occultant les réelles compétences de leurs collaborateurs. Ils demeurent trop souvent sur leur position et leur vision du développement sans entendre ce que leurs employés veulent leur dire.
Quels sont les «reproches» que vous pouvez faire aux managers d’aujourd’hui ?
Dans la grande majorité des cas, ils sont exigeants avant de faire confiance ! Dans ma démarche de psycho- management, la première chose à faire est de replacer la personnalité de l’individu au coeur de son travail. Quand un collaborateur est stressé, c’est qu’il existe une inadéquation entre sa personnalité et les tâches qu’il doit effectuer. L’analyse de la signification du travail pour chacun et au sein d’une équipe est primordiale. Instaurer un stress, une rigueur ne sont que des sources de frustration. Au final, c’est toute l’équipe et l’entreprise qui en pâtissent. C’est cette sensation de malaise que le manager doit à tout prix éviter.
Quelles sont vos méthodes d’intervention ?
Je réalise tout d’abord ce que je qualifie «d’audit humain». Je reprends l’histoire de l’entreprise et de ceux qui la composent en m’intéressant au moment où les personnes sont entrées dans la structure. Mes compétences et connaissances cliniques me permettent de détecter comment se comporte réellement l’individu en son sein.
Ce type de «thérapie d’entreprise» peut-il avoir rapidement ses travers quant aux informations que vous pouvez divulguer aux managers sur leurs collaborateurs ?
Je ne divulgue jamais ce type d’informations. J’opère dans une notion de cohésion de groupe et de retour à la confiance. Si certains chefs d’entreprise pensent que je vais leur dresser un «portrait-robot» de chacun de leurs collaborateurs, ils se trompent !
Qu’est-ce qui vous différencie des coachs d’entreprise que l’on a vu fleurir un peu partout depuis plusieurs années ?
La grande différence est que j’ai une approche clinique et thérapeutique du management et des personnes. Les coachs les endorment, moi je tente de les réveiller.
Le fait que des psychothérapeutes comme vous investissent le monde de l’entreprise, révèle tout de même un malaise certain dans l’univers entrepreneurial ?
Le malaise est important, mais il peut être rapidement et facilement résorbé. Les managers et les collaborateurs ont un important travail à faire sur eux-mêmes. C’est souvent une question de bon sens et surtout d’écoute tout simplement. Mais dans ce type de démarche mieux vaut être réellement accompagné.