L’Art et la matière…
Après avoir conquis bon nombre de Nancéiens, de Lorrains et de touristes avec ses représentations photographiques atypiques des lieux phares de la cité ducale et d’ailleurs, Frédérique Roung-Kierren, artiste nancéienne autodidacte, adepte du Digital Art, développe aujourd’hui un nouveau concept artistique à l’intention des professionnels, des institutionnels et des entreprises. Un virage nouveau pour celle que certains considèrent comme le Andy Warhol lorrain.
Nancy, Marseille, Paris, Lyon, Venise et bientôt Bilbao, Miami ou encore Houston. L’œil du photographe Frédérique Roung-Kierren alias Miskiki, capte des instants de vie des villes visitées pour pouvoir savamment les plaquer, par la suite, sur des toiles de lin, d’alu ou de plexi sublimés par le traitement numérique et une colorisation donnant un rendu inédit. Du Digital Art pour cette artiste nancéienne et ses lithographies d’un nouveau genre. Depuis deux ans, Miskiki (surnom issu de son enfance et aujourd’hui sympathiquement «japonisé» pour être tendance) est domiciliée au 29 place de la Carrière dans la cité ducale à quelques pas de la place Stanislas. «Quoi de mieux de reprendre une boutique de créateurs et d’artistes pour m’installer», explique cette autodidacte totale qui ouvre ses portes et loue ses murs pour que des artistes locaux et régionaux puissent présenter leurs créations à un plus grand nombre d’acheteurs éventuels. Tous les deux mois, il y a un renouvellement des artistes. Une quarantaine a déjà exposé chez Miskiki depuis son ouverture. Depuis le 1er avril, il y a une nouvelle programmation avec, notamment, Nathalie Barbé, une céramiste moderne ou encore l’artiste peintre Nadine Stoeltzlen. «Attention, je ne peux exposer et vendre que ce que j’aime», prévient la patronne des lieux. Coups de pinceau numérique Chez Miskiki, on aime ou on n’aime pas, tout n’est qu’une question de goût ! Il est vrai pourtant, que la visite de ce lieu coloré et fort en émotions, ne laisse pas indifférent. Même les plus récalcitrants à l’art, car c’est bien d’art que Frédérique Roung-Kierren parle (et revendique), même si bon nombre de pseudos puristes en la matière (il y en a pléthore sur la place nancéienne) voient d’un mauvais œil ses productions. Ces coups de pinceau numérique opérés sur des photographies, existent. C’est la continuité d’une histoire de famille. «Mon arrière-grand-père, Georges Kierren a été directeur de l’imprimerie des fonderies de Pont-à-Mousson. Il était un graveur hors pair et il a réalisé bon nombre de gravures de lieux nancéiens et d’ailleurs.» Elle les découvre dans le grenier familial et décide que c’est un trésor à valoriser à la sauce pop art. L’aventure Miskiki peut alors commencer ! Les gravures de l’aïeul scannées, la souris, le stylo optique et les logiciels permettent à l’arrière-petite-fille de concevoir ses premières réalisations. La passion devient alors un métier, non sans difficulté. Même, aujourd’hui, le microcosme artistique nancéien est des plus hermétiques. «Certains pensent encore que c’est tout simple ! Sur une seule photo, je peux passer plus de quarante heures de travail sur certains détails.» Pas de quoi stopper l’élan créatif et entreprenant de Miskiki. Avec ses œuvres (en série limitée et numérotée) à prix abordables, elle démocratise à sa manière l’émotion et l’affectif que peut provoquer un cliché jugé artistique. Connue, reconnue avec une clientèle fidèle, l’ancienne visiteuse médicale, «une bonne école pour aborder l’aspect commercial», entend aujourd’hui se développer en s’attaquant au marché des entreprises, des institutionnels, des collectivités territoriales et autres pourvoyeurs de cadeaux d’affaires. Un plus pour cette artiste qui sort du commun.
emmanuel.varrier