L’Amie Jacasse
QU’IL PLEUVE, QU’IL NEIGE OU QU’IL VENTE, JEANNE CASSONE-PHILIPPOT PÉTRIT, MALAXE, ET CUIT, BISCUITS ET AUTRES NOUGATS. ALORS QU’EN CE MOIS DE JUILLET, LES TEMPÉRATURES S’AFFOLENT À NANCY, ELLE SURVEILLE SON FOUR, LUI AUSSI EN SURCHAUFFE. POURTANT LA FONDATRICE DE LA NOUGATERIE JACASSE N’EST PAS DU GENRE À SE PLAINDRE. MÊME SI PARFOIS… C’EST PAS DU NOUGAT !
Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, Jeanne Cassone-Philippot Pétrit, malaxe, et cuit, biscuits et autres nougats. Alors qu’en ce mois de juillet, les températures s’affolent à Nancy, elle surveille son four, lui aussi en surchauffe. Pourtant, la fondatrice de la nougaterie Jacasse n’est pas du genre à se plaindre. Même si parfois… C’est pas du nougat !
Pour Jeanne Cassone-Philippot, l’été est en principe une période plutôt calme. Ce matin, son atelier-magasin qui donne sur l’esplanade de la rue Guy Ropartz est quasi-désert. Les portes sont pourtant grandes ouvertes pour profiter de cette petite bise salvatrice après plusieurs journées de chaleur étouffante. Seuls quelques curieux du quartier se risquent à jeter un œil à l’intérieur. Jeanne, elle, est en plein travail. Le repos, ce n’est pas pour tout de suite. Telle la fourmi, elle prépare l’hiver pour ne pas être prise au dépourvu. Pendant que ses apprentis sont en congés, elle travaille seule avec un stagiaire. Aujourd’hui, ils attaquent la fabrication de biscuits. Pendant que Jeanne est au fourneau, son arpète est plutôt dans le pétrin ! Il n’est pas encore à l’aise avec les préparatifs et les ustensiles. Mais il peut compter sur les conseils de sa patronne.
UNE BONNE PÂTE
Entre deux préparations, la confiseuse se laisse aller à quelques confidences. Elle évoque les nougats confectionnés par sa mère d’origine italienne. C’est elle qui lui a transmis la recette et certainement aussi le goût du travail bien fait. Commerciale en matériaux électriques, elle tombe malade et doit arrêter de travailler. Le nougat sera sa thérapie. En 2011, elle se lance et trouve un premier local en plein cœur du faubourg des Trois Maisons. Mais la place vient à manquer et faute de pouvoir pousser les murs, elle fait ses cartons pour le haut de l’avenue de Boufflers. Tout ne se passe pas comme prévu. Alors qu’elle met les bouchées doubles pour rénover le local, elle est confrontée à un problème électrique. Faute de prise triphasée, elle ne peut travailler pendant plusieurs semaines alors qu’elle croule sous les commandes. Jeanne en peste encore et rattrape le temps perdu en travaillant cet été.
MANAGER UN JOUR, MANAGER TOUJOURS
Parallèlement aux problèmes d’intendances, elle fait aussi connaissance avec le management. «J’ai fait des erreurs que je ne referai pas mais je suis sûre que j’en ferai d’autres» ajoute-telle en souriant. Heureusement, elle n’est pas seule dans ce cas. «Le fait de faire partie de groupes d’entrepreneuriat m’aide beaucoup. On s’échange des tuyaux, on s’entraide. C’est important». Jeanne peut également compter sur le soutien de sa famille. Son mari, ô combien indulgent, a accepté de mettre leur vie entre parenthèse. Quant à leurs deux filles, elles sont les plus grandes supportrices de leur maman. Elles sont aussi sa fierté. L’aînée, étudiante en troisième année à Science Po, part à la rentrée étudier un an au Japon alors que la plus jeune passe en première S. «Je me suis engagée à lever le pied pour leur consacrer un peu de temps» souligne Jeanne. Mais l’entreprise a souvent le dernier mot. La confiseuse embraye en effet sur ses projets pour Jacasse. «J’ai de nouvelles recettes en tête, des confiseries non sucrées notamment. Je suis également en train de négocier d’autres contrats». Sans en dire plus, elle remet la main à la pâte, bien décidée à faire traverser les frontières à son nougat made in Lorraine.