La vision de la Banque de France sur l’économie en Picardie
Le groupement des entreprises de la région de Compiègne (Gerco) a invité Eric Théry, directeur de la Banque de France de l’Oise afin d’entendre son point de vue sur la situation économique actuelle.
Soixante-dix entreprises étaient présentes, représentant de nombreux secteurs d’activité. Christophe Heymès, cadre du Medef de l’Oise, a rappelé que c’est Bonaparte qui a créé la Banque de France en 1800. Depuis 1987, son autorité de tutelle est la Banque centrale européenne, (BCE), gardienne de la stabilité financière et monétaire. Eric Théry a commencé son exposé en qualifiant la conjoncture de « trente pleureuses ». Sa constatation est très contrastée : « Nous vivons une situation tendue avec la trésorerie des entreprises, particulièrement dans les PME, qui est attaquée de manière forcenée depuis six mois. Nous avons relevé en janvier une accalmie de la détérioration, après six mois de pic zéro ; c’est une toute petite croissance à 0,1%, très ténue et volatile. En revanche, l’aéronautique et le luxe sont en plein boom. Ceux qui pâtissent sont le transport, le bâtiment, et le commerce, y compris la pharmacie et l’immobilier. L’argent est abondant, les prêts à 0,75%. Beaucoup d’argent provient de l’étranger, dont la Chine. La France est sur un volcan. L’Etat s’est engagé à baisser de dix milliards d’euros en cinq ans les dépenses publiques. » *
CA en baisse
Oseo est la banque des PME, elle est rattachée à la Banque publique d’investissements, qui peut épauler 60% des prêts bancaires. Eric Théry a poursuivi en insistant sur l’innovation, la sécurité commerciale de demain. Puis il a donné des chiffres, concernant la Picardie : « Le chiffre d’affaires a baissé de 6,45% en 2012, mais l’investissement a augmenté de 12%. Les prévisions 2013, sont la baisse de 1,73% des effectifs, tout comme l’investissement avec – 1,87%. Le chiffre d’affaires devrait croître de 1,39%, avec une tendance de + 4% à l’export. La baisse dans le bâtiment serait de 0,26%. Il faut aider les entreprises en motivant les banques qui doivent leur prêter. » Laurent Barbelet, président du Gerco a exprimé le ressenti des chefs d’entreprises : « Leur état d’esprit n’est pas au catastrophisme, mais ils n’ont aucune visibilité. C’est un encéphalogramme plat pour les embauches et les investissements, sauf pour l’informatique et la chimie. Les entreprises ont besoin de financement à court terme. »
2 mois de visibilité
Alkor Draka, basée à Liancourt, fabrique des films en PVC souple, destinés aussi bien à l’occultation des fenêtres qu’aux fonds de piscines, écrans de cinéma, emballages de berlingots etc. Elle réalise 33M€ de chiffre d’affaires, dont 65% à l’export avec 150 salariés en CDI. Gaëtan Potié, son directeur, dit : « Le marché est un peu difficile, avec des commandes, mais seulement deux mois de visibilité. » Les constructions mécaniques de Chamant fabriquent des pièces mécaniques pour l’industrie. Son activité est purement régionale, avec 50 salariés, Didier Lézier réalise 5,2M€ de chiffre d’affaires. « Le marché est très tendu, la concurrence est très forte, et la visibilité est à deux mois, mais c’est habituel depuis quelques années. » Olivier Boidin, dirigeant d’Alternalease, société d’infogérance, d’externalisation d’informatique pour les PME et les collectivités, emploie 45 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 4,5M€ sur les sites de Compiègne, Beauvais et Arras. Sa vision est : « Très peu d’investissement informatique depuis deux ans. On prévoit une décroissance car des entreprises ferment, et les autres font vivre beaucoup plus longtemps leurs matériels. En revanche, les changements dans la façon de travailler, le télétravail, sont bons pour nous, le commerce en ligne aussi ; et le portable qui se transforme en PC oblige le changement de moyens informatiques. Même avec la crise, le média informatique se porte bien. Mais 2013 sera très compliqué. J’attends le vote de la loi sur la compétitivité, en espérant qu’elle le sera telle quelle. »